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Le blog d'André Boyer

Un chemin de Vie

31 Mars 2012 Publié dans #PHILOSOPHIE

Le 17 mars dernier, mon ami Driss Alaoui M’Daghri s’est rendu à Nice  à l’invitation de Tedx Nice,  dont l’objectif est de diffuser les idées créatrices à travers le monde. Il nous livre les leçons de son expérience…

 DAM-1.JPGJe rapporte, aussi fidèlement que je le puis, ses propos qui retracent son chemin de vie.

Dans ce magnifique décor du Centre Universitaire Méditerranéen, qui semblait avoir été installé pour lui par Paul Valery en 1933, Driss Alaoui avait affaire à de jeunes étudiants et créateurs qui attendaient de lui qu’il leur trace son « Chemin de Vie » comme on trace une piste, alors qu'ils se trouvent à ce moment crucial de leur  vie où il s'agit de faire les premiers pas pour pénétrer dans cette jungle barbare et inextricable du monde mondialisant.  

 Il a commencé son exposé, comme on aurait pu ne pas s‘y attendre, par la perplexité: 

Au commencement de tout, à la base de tout savoir, notre perplexité fait face aux énigmes du monde. Ces réflexions, forcément lapidaires, visent à partager quelques éléments d’expérience tirées du chemin de vie qui m’a amené à faire le parcours que j’ai fait et là où je suis, c’est-à-dire là où je me déclare volontiers « réfugié poétique ». Car parler de soi n’a d’intérêt que dans la mesure où cela nous éclaire à travers le singulier d’une vie, sur ce que l’on découvre d’universel dans chaque vie.

La distance, voire une certaine ironie par rapport aux choses, le plaisir de faire des choses simples, le partage et la rencontre avec les autres - indépendamment de leur origine, de leur race ou de leur religion - le sentiment que les choses ont un sens parce que fondées sur des valeurs universelles - sans renoncement à notre identité locale et à notre identité personnelle, la création et le rêve, c’est cela qui constitue mon chemin de vie.

Ce chemin a été ponctué par la diversité des expériences, l’intensité du vécu, la fécondité des rencontres et des échanges qui ont représenté, chaque fois, une opportunité exceptionnelle pour aller de l’avant, créer du lien et approfondir la connaissance de  moi-même et des autres.

Je veux, ici, parodier Borges en disant « Toi, qui écoute, es–tu sûr de comprendre ma langue ? ». À quoi suis-je tenté d'ajouter « Toi qui parles, es-tu sûr de comprendre ta propre langue ? ».

Au commencement, un « ? ».

Car Dieu peut commencer par une injonction (Que la lumière soit !), mais nous autres pauvres humains, nous nous trouvons d’emblée face à des questions auxquelles il n’y a pas de réponse évidente. Je crois que c’est peut être d’avoir eu constamment chevillé au corps ce questionnement permanent face aux choses de la vie qui m'a permis de réaliser le parcours que j’ai fait.

Cette interrogation peut être vue sous deux aspects : pourquoi les choses sont-elles comme elles sont? Que faire?

Les interrogations ont commencé à m’assaillir dès ma plus tendre enfance. Je ne vous raconterai pas la scène avec les trois petites filles qui me mettaient face à la question épineuse de les départager à propos de leur anatomie dans la rue de la médina de Fès où je suis né, vous lirez cela dans un essai autobiographique, à paraitre. Plus tard, en 1971, à l’âge de  27 ans, plein de jeunesse et d’ambition,  je me retrouve au Palais de Skhirat en pleine tentative de coup d’État contre le Roi Hassan II, une tentative qui se termine dans un bain de sang, tandis que  je m’enfuyais par la plage avec encore dans mes oreilles le bruit des balles qui sifflent.

C’est alors que l’on pouvait s’interroger, en se demandant si le pays n’avait pas fait complètement fausse route. Est-ce sa gouvernance qui avait conduit  à cette situation ou est-ce que des mouvements de fond à l’œuvre à l’extérieur du pays ne se conjuguaient pas avec de gigantesques problèmes politiques et sociaux à l’intérieur pour l’expliquer ? Et que faire ?

Comme l’Algérie voisine passait pour la Mecque du Tiers Monde, je me suis mis en tête d’aller voir cette expérience de près. Peut-être que le modèle algérien était la bonne réponse. Je n’ai pas mis longtemps  à m’apercevoir que les militaires ajoutés au parti unique, à la bureaucratie et à la gestion socialiste des entreprises n’étaient pas vraiment la bonne méthode.


Oui, l’interrogation toujours, mais sont tout aussi importants la surprise, l’étonnement…

 


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