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Le blog d'André Boyer

histoire

LE DÉBARQUEMENT À L'ANSE-AU-FOULON

28 Septembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE DÉBARQUEMENT À L'ANSE-AU-FOULON

 

Il y eut un petit aléa en ce qui concerne l’arrivée des barques vers l’Anse-au Foulon, qui ne remis cependant pas en cause le succès du débarquement.  

 

La marée poussa les embarcations de soldats plus loin que Wolfe l'avait prévu, ce qui fait qu’elles touchèrent la rive un peu en aval de l'Anse-au-Foulon. Le chaland de tête, commandé par le lieutenant Gordon Skelly, toucha terre le premier.

Il était précisément 4 h 07. Un premier détachement de 24 soldats volontaires de l'infanterie légère mit pied à terre. Ils coururent sur la grève en direction de l’ouest pour rejoindre le chemin de l'Anse près du ruisseau Saint-Denis, tandis qu’un autre groupe, conduit par le lieutenant-colonel William Howe et Simon Fraser, escaladait la falaise pour surprendre le groupe de Vergor.

L'Anse-au-Foulon  et l'Anse des Mères sont deux petites anses  situées au pied de ravins, le long desquels se trouve un chemin qui monte du fleuve jusqu’en haut des falaises, hautes de 55 mètres. De là, on atteint les plaines d'Abraham, à 20 minutes de marche de la ville de Québec.

Les deux anses ont été reconnues par les défenseurs de la ville comme de possibles lieux de débarquement. En juillet, l'officier Lapause inspecte l'Anse-au-Foulon et suggère un épaulement  traversant le chemin de part en part pour défendre le lieu. L'endroit demeure sans défense jusqu'au 19 juillet, date à laquelle des sentinelles aperçoivent les quatre navires de guerre britanniques qui sont passés à l'ouest de Québec durant la nuit.

Cela amène une réaction des Français : le matin du 20 juillet, quelque 1200 soldats réguliers et miliciens, épaulés par 200 cavaliers sont stationnés sur le promontoire de Québec. Le capitaine François-Marc-Antoine Le Mercier, ingénieur et commandant d’artillerie, est dépêché sur les lieux avec deux canons et un mortier qu'il utilise pour monter une batterie à Samos, à l'ouest de l'Anse-au-Foulon. La batterie est mise à l'essai le jour même et les artilleurs réussissent à toucher le HMS Squirrel. Cette batterie est ensuite renforcée : en septembre, elle comprend trois canons de 24 livres et un mortier de 13 pouces servis par 30 soldats du Régiment du Languedoc commandés par le capitaine François-Prosper de Douglas.

De plus, à partir du 7 août, le colonel Louis-Antoine de Bougainville  est chargé de la défense de la rive nord, entre Québec et la rivière Jacques-Cartier, une zone qui comprend l'Anse-au-Foulon. Des renforts lui sont envoyés  le 3 septembre, lorsque Montcalm constate l'évacuation du camp de Montmorency par les Britanniques. Bougainville se trouve alors à la tête de 2 200 hommes.

Le 12 septembre, 280 soldats sont cantonnés dans une série d'avant-postes entre l’Anse des Mères et la Rivière du Cap Rouge. Plus précisément, à l'entrée du chemin, la Coulée Saint-Denis, qui descend vers l'Anse-au-Foulon, le capitaine Louis du Pont Duchambon de Vergor, le même qui a fait face sans succès aux Anglais quatre ans auparavant au fort Beauséjour, commande un avant-poste d’une centaine d’hommes, qui sont réduits à une quarantaine cette nuit là en raison des moissons. À l'anse des Mères même, un jeune homme, Lafontaine est à la tête de 15 ou 20 hommes et le chemin qui descend jusqu'à la grève est barré à 35 mètres au-dessus du fleuve par un abattis et une tranchée.

Au moment où le groupe de barques transportant la première vague de soldats, arrive à proximité de l'Anse-au-Foulon, les soldats français postés au sommet des falaises tirent dans l'obscurité en direction des barques échouées sur la grève, puis, peu de temps après, l'artillerie de Samos entre en action.

 

Les soldats français ne restèrent donc pas inactifs, mais ils ne parvinrent pas à éviter, ni que les Anglais débarquent à l’Anse-au-Foulon, ni  qu’ils atteignent les plaines d’Abraham... 

 

 

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VERS L'ANSE-AU-FOULON

9 Septembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

TROUPES DE MARINE FRANÇAISES

TROUPES DE MARINE FRANÇAISES

 

Wolfe a des renseignements et des convictions. Il sait que les positions qu’il va attaquer sont faiblement gardées parce que Montcalm estime l'Anse-au-Foulon impraticable en raison de l'escarpement et du boisement de la rive.

 

Il sait, par la bouche d'un déserteur que le commandement français ne s’inquiète pas des récents déplacements de ses troupes en amont du fleuve, estimant que ces mouvements ont pour objectif la destruction des habitations et des campagnes de la région et non une tentative de débarquement du côté ouest de Québec.   

Le même déserteur lui affirme aussi que Montcalm ne se laissera pas convaincre d'abandonner ses positions à l’est de Québec, car il croit que l’essentiel de l'armée britannique s’y trouve toujours. C’est pourquoi il décide de tenter une attaque surprise.

Le 12 septembre 1759 à 21 heures, les premiers soldats britanniques s’installent dans des barques à fond plat qui doivent les transporter jusqu'à l'Anse-au-Foulon. Vers 2 heures du matin, lorsque la marée descendante atteint la vitesse de 2,4 nœuds, huit barques sont mises à l'eau, portant quatre cent soldats de l'infanterie légère  sous les ordres du lieutenant-colonel William Howe.

Vers 3 heures du matin, ces barques joignent le sloop HMS Hunter devant Sillery. Son capitaine informe les officiers aux commandes des barques que deux déserteurs français ont abordé son vaisseau quatre heures plus tôt (ça fait beaucoup de déserteurs, mais c’est ce qu’il advient lorsqu’on garde inactive une troupe trop longtemps : elle est gagnée par la peur). Les déserteurs ont informé le capitaine de l’arrivée prochaine de 19 bateaux de ravitaillement pour Québec. En réalité, Bougainville a annulé le transport des vivres pour plus tard, mais il a omis d'en informer les avant-postes, d’où proviennent les déserteurs. 

Aussitôt, ces informations sont utilisées par les Britanniques : vers 4 heures du matin, les huit chalands chargés de troupes anglaises passent devant les avant-postes français de Samos et de l'Anse-au-Foulon. À Samos, le capitaine français Douglas aperçoit les embarcations et un de ses soldats leur crie de s’identifier. D'après le compte-rendu d'un officier des troupes de la marine, les Britanniques répondent correctement en indiquant (en français, je suppose) qu’il s’agissait de « 19 bateaux chargés de farine qui partent du Cap Rouge.» 

Douglas les laisse passer et charge une estafette  d'informer les sentinelles qui sont postées plus à l'est. Lorsque les embarcations britanniques sont en vue de l'avant-poste au sommet du chemin qui descend jusqu'à l'Anse-au-Foulon, Vergor, qui commande un détachement en haut de la falaise, ordonne à un soldat de demander leur identification et il obtient la même réponse «correcte», comme disent les Québécois. Mais il constate peu après que les embarcations se dirigent vers la rive nord pour débarquer au lieu de poursuivre vers Québec. Aussitôt, il ordonne à ses hommes de prendre leurs armes pour attaquer les troupes  qui vont débarquer et il envoie un message à Bernetz, qui commande la garnison de Québec en remplacement de Jean Baptiste Nicolas Roch de Ramezay, pour l'informer que l'ennemi effectue un débarquement à l'Anse-au-Foulon.

Contrairement à une rumeur qui court au travers des siécles, l"Anse-au-Foulon était gardée et il n’y  a pas eu de défaillance côté français. Les soldats étaient vigilants, ils ne dormaient pas, ils ont réagi tout de suite. 

La surprise vint du manque d’information en aval. Montcalm ne savait pas où étaient les soldats anglais, il en était réduit à faire des hypothèses qui l’ont conduit à faire un mauvais choix en concentrant toute son attention sur la défense de Québec par l’est, du côté de Beauport. En revanche côté anglais, l’encerclement des forces françaises donnait à Wolfe la liberté de manœuvre et comme toujours les Anglais étaient les maitres en matière de renseignement et d’intoxication de l’adversaire. 

 

En outre, Wolfe bénéficiait des inévitables informations fournies par des déserteurs qui exprimaient à leur manière la situation désespérée dans laquelle se trouvait enfermée la Nouvelle-France et il lui était facile de s’organiser en conséquence.  

 

À SUIVRE

 

 


 

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LE PLAN DE WOLFE

31 Août 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE PLAN DE WOLFE

 

Avant de s’avouer vaincu et de repartir, Wolfe chercha à livrer un dernier assaut, même s’il croyait peu en sa réussite.

 

Il avança trois plans d’attaque sur la ligne de Beauport à ses brigadiers, Monkton, Townshend et Murray. Ces derniers proposèrent au contraire d’attaquer Québec en amont de Québec afin de couper la voie de ravitaillement de Montcalm et les communications avec Montréal, en effectuant une descente entre la Pointe aux Trembles et Saint-Augustin, là où la côte est plus basse qu'ailleurs sur environ cinq miles. Les Britanniques devaient effectuer une feinte de débarquement à la Pointe aux Trembles, pendant que le vrai débarquement s’effectuerait plus au sud, plus près de Saint-Augustin. Il était prévu que les troupes anglaises se retrancheraient à l'endroit le plus convenable des environs, avec l’espoir de contraindre Montcalm à quitter ses retranchements et à se battre.

Wolfe se rendit à cette proposition et commença les préparatifs en vue d’amener ses troupes en amont du fleuve. Voyant les Anglais quitter leur camp à Montmorency et l’armée remonter le fleuve, Vaudreuil voulut augmenter les forces en amont de Québec, ce qui convainquit Montcalm de faire le contraire en maintenant le gros de son armée en aval de Québec.

Montcalm soutenait en effet que Bougainville, cantonné à Cap Rouge avec ses mille deux cent hommes, pouvait à lui seul repousser toute tentative de débarquement du côté de la route de Montréal, ou, du moins, retenir l’ennemi jusqu’à ce que le corps principal de l’armée arrive de Beauport.

Cependant des pluies diluviennes obligèrent les Anglais à annuler l’opération. Le 9 septembre, Wolfe alla en reconnaissance en aval du fleuve et prit la décision d’abandonner le plan prévu de débarquement dans la région de Pointe-aux-Trembles. Ce plan comportait pourtant deux avantages, celui de s’effectuer à une distance respectable du gros des forces françaises et celui de disposer d’une grève accessible.

Il prit la décision de mettre en oeuvre un plan beaucoup plus risqué, avec un  débarquement à moins de deux milles des murs de la ville, à l’anse au Foulon, d’où partait un sentier qui permettait d’escalader la falaise. On a prétendu sans preuves que l’existence de ce sentier avait été indiquée par un traître. Le 10 septembre, Wolfe amena avec lui Monkton et Townshend pour une nouvelle reconnaissance sans les mettre entièrement au courant de son projet, si bien qu'il y eut un échange de notes acerbes le 12 septembre entre lui et ses trois officiers supérieurs qui se plaignaient d’être insuffisamment renseignés.

Finalement, dans la nuit du 12 au 13 septembre, tandis que les Français se réjouissaient déjà du fait que la campagne était presque terminée et que les Anglais seraient bientôt contraints de reprendre piteusement la mer, Wolfe déclenchait son opération décisive.

 

Les embarcations qui transportaient le premier contingent de troupes anglaises s’éloignèrent des vaisseaux ancrés en face de Cap-Rouge et se laissèrent descendre avec la marée…

 

 

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MONTCALM SE CALFEUTRE, WOLFE RONGE SON FREIN

25 Août 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

MONTCALM SE CALFEUTRE, WOLFE RONGE SON FREIN

 

En ce début septembre 1759, les deux adversaires sont tous deux proches du KO. Les approvisionnements manquent chez Montcalm et une course contre la montre est proche de s’achever en débâcle chez Wolfe.

 

Montcalm était sûr de son fait en estimant que les Anglais n’avaient pas les moyens de prendre Québec, mais il s’était sans cesse trompé depuis le début de la campagne. 

En mars 1759, avant que les Anglais ne se présentent dans le Saint-Laurent, Montcalm déclarait qu’il y avait peu à craindre pour Québec car, en raison des difficultés de la navigation sur le fleuve, il serait virtuellement impossible pour les Anglais de remonter le fleuve avec leur flotte. À son avis, la véritable menace viendrait du lac Champlain et pour une fois Vaudreuil était d’accord avec lui.

Lorsque l'on apprit que la flotte anglaise approchait, Montcalm fortifia la rive entre les rivières Saint-Charles et Montmorency. Il avait prés de vingt mille hommes sous ses ordres dans l’ensemble de la colonie et il détenait l’avantage d’une position fortifiée que l’ennemi devrait prendre d’assaut. En outre, le temps jouait en sa faveur puisque les Anglais devaient le vaincre et s’emparer de Québec avant la fin de l’été.

Montcalm n’avait qu’à les neutraliser pendant trois mois tout au plus et ils devraient ensuite rebrousser chemin, sinon l'hiver se chargerait de les détruire.

Il n’avait donc pas besoin de les attaquer en bataille rangée, mais il commit l’erreur de leur laisser la maîtrise du fleuve, puis de ne pas fortifier la pointe Lévy en face de Québec. Les Canadiens s’en inquiétèrent vivement, mais Montcalm était d’avis que la distance était trop grande avec la ville de Québec pour que l’artillerie puisse lui causer beaucoup de dommages.

Lorsque les faits lui démontrèrent le contraire, Montcalm consentit à faire attaquer la position anglaise le 11 juillet, mais sans y mettre les moyens suffisants pour réussir. 

Heureusement pour Montcalm, Wolfe était un piètre stratège. Au lieu de mettre à profit la mobilité de sa flotte pour attaquer en haut de Québec, là où les Français était plus vulnérables, il était déterminé à enfoncer les lignes de Montcalm en aval de la ville, pour ensuite attaquer de l’autre côté de la rivière Saint-Charles qui pouvait être passée à gué à marée basse. Le 9 juillet, il débarqua une brigade à Montmorency auquel Montcalm refusa de s’opposer, ce qui permit à Wolfe de rendre la position imprenable.

Wolfe envoya des divisions en amont du fleuve afin d’effectuer des débarquements surprises et menacer la voie de ravitaillement de l’armée française, ce qui obligea Montcalm à placer des détachements mobiles à l’affût du mouvement des vaisseaux et prêts à faire obstacle aux raids.

L’attaque ratée de Wolfe contre le camp de Montmorency le 31 juillet persuada Montcalm que Wolfe n’attaquerait plus de ce côté mais cela ne l’empêcha pas d’être convaincu qu’il n’y aurait pas d’attaque non plus en amont de la ville. Il était convaincu que Wolfe se contenterait d’harceler les retranchements de Beauport.

Or Wolfe était de plus en plus malade et découragé. Craignant que sa campagne ne se solde par un échec cuisant, il chercha en compensation à obtenir la destruction du maximum d’établissements de la colonie, à commencer par la ville de Québec, provoquant quelque écoeurement chez certains officiers anglais. Du côté de la flotte,  l’amiral Saunders déclara que la flotte devrait mettre à la voile et se retirer au plus tard le 20 septembre.

 

Montcalm était à quelques jours de remporter la bataille par défaut.

 

 

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QUÉBEC INCENDIÉ, TERRE BRULÉE

21 Août 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

QUÉBEC INCENDIÉ, TERRE BRULÉE

 

La ville de Québec est fortement endommagée, en particulier par les bombes incendiaires.

 

Les Anglais ont fait le compte des projectiles qu’ils ont  lancés sur la ville entre le 12 juillet et le 1er septembre : 2498 obus de treize pouces ; 1 920 obus de dix pouces ; 283 carcasses (des projectiles incendiaires) de treize pouces ; 93 carcasses de dix pouces ainsi que 11 500 boulets de vingt-quatre  livres et 1 589 boulets de trente-deux livres. Les Français ne peuvent pas répondre à ce bombardement massif car les réserves de poudre sont trop faibles.

La cathédrale est détruite dès le 22 juillet mais l’incendie le plus important a lieu dans la nuit du 8 au 9 août qui voit la destruction de cent cinquante trois bâtiments, dont l'Église Notre-Dame-des-Victoires. La moitié de la Ville est détruite,  ce qui force les habitants à fuir.

En outre, le général Wolfe décide d’occuper ses hommes pendant le bombardement, d’une part en organisant des diversions et d’autre part en pratiquant la politique de la terre brulée le long du Saint-Laurent.

Le 3 août, il ordonne au brigadier Murray de tenter une attaque contre le dépôt de munitions et de vivres de Trois-Rivières et de diviser les troupes françaises en effectuant des descentes à l'ouest de Québec.

Le lendemain, il ordonne à Joseph Goreham, capitaine des Rangers américains, de rassembler cent cinquante de ses hommes pour procéder la destruction «des habitations et des établissements dans la Baie St-Paul », puis d’incendier ensuite l’incendie de «toutes les maisons du village de Saint-Joachim à la rivière Montmorency » et même, s’il en a le temps, de détruire tous les établissements entre la rivière Chaudière et la rivière Etchemin.

Effectivement, Goreham et ses hommes incendient le village de Baie-Saint-Paul le 9 août, puis se dirigent vers La Malbaie  à dix lieues à l'est en ravageant tout sur leur passage. Traversant vers la Côte du Sud, ils détruisent une partie de la paroisse de Sainte-Anne de-la-Pocatière, de même que celle de St-Roan. À peine revenus à leur campement, ils repartent vers Montmorency pour procéder à la destruction de tous les bâtiments français jusqu'à Saint-Joachim.

Naturellement, la destruction des villages ne s’effectue pas sans que leurs habitants, canadiens et amérindiens, ne résistent. Goreham est contraint de faire appel à trois cent soldats supplémentaires du 43e  régiment pour faire face aux hommes de M. de Portneuf, le curé de Sainte-Anne-de-Beaupré, qui, au nombre d’une trentaine, sont finalement fait prisonniers, tués et scalpés.

Pendant ce temps, que fait Montcalm ? Il attend passivement dans Québec en grande partie détruit.

Le 22 août, Wolfe  déclare qu’il a « l'intention de brûler tous les édifices et les récoltes de l'ennemi sur la Côte-du-Sud » et confie au major George Scott cette seconde expédition, qui jette l’ancre le 7 septembre en face de

Kamouraska sur la côte sud du Saint-Laurent, à une centaine de milles de Québec. Scott et sa troupe brulent entre le 9 et le 19 septembre « 998 bons édifices, deux sloops, deux schooners, dix chaloupes, plusieurs bateaux et petites voiles, font 15 prisonniers (six femmes et cinq enfants),

tuent cinq ennemis »

Pendant ce temps, l’énorme garnison de Québec épuise progressivement ses provisions de vivres. Il lui faut alors entamer les réserves de l'entrepôt de Batiscan, situé à 60 milles à  l’ouest de Québec. Pour éviter l'escadre commandée par le contre-amiral Charles Holmes qui est parvenue à passer à l’ouest de Québec, le munitionnaire Joseph-Michel Cadet  fait transporter sept cents barils de farine et de lard salé sur le Chemin du Roy . Les 271 chariots du convoi qui partent de Batiscan le 24 juillet  sont conduits par des femmes, des enfants et des vieillards sous escorte. Le ravitaillement arrive à destination le 1er août. Un deuxième convoi livré par voie terrestre part le 10 août  et arrive le 18 août.

Mais entretemps, le chemin est devenu presque impraticable en raison des fortes pluies, ce qui rend le transport terrestre trop lent et oblige à prendre la décision est prise, malgré le risque d’interception, de transporter les vivres par bateaux sur le Saint-Laurent. C’est ainsi que le dernier ravitaillement de provisions en provenance des entrepôts de Batiscan arrive à Québec en deux convois transportés par bateaux les 23 et 24 août, ce qui doit permettre à la garnison de tenir jusqu'à la mi-septembre.

L’entrepôt de Batiscan vidé et la campagne autour de Québec ravagée par les soldats britanniques, il faut désormais aller chercher des vivres jusqu’à  Montréal. Si la récolte de blé de 1759 est excellente autour de Montréal, les bras manquent puisque tous les hommes sont au front.

Aussi le gouverneur de Montréal  dépêche t-il un détachement de 600 miliciens stationnés à La Prairie, en face de Montréal, pour aider les femmes, les  vieillards et les enfants à faire la moisson. François Gaston de Lévis y ajoute 300 miliciens et 100 soldats réguliers, tout en exhortant la population des villes à soutenir l'effort de guerre en allant aider aux champs. Le 18 août, Vaudreuil ordonne de ne plus bluter la farine pour accélérer la production et éviter toute perte.

Le 28 août, Louis-Joseph de Montcalm fait réduire les rations de pain afin de durer cinq jours de plus. Le 29 août, un senau transporte du blé et de la farine de Montréal arrive à 60 km de Québec. Cadet, le munitionnaire, fait transborder la marchandise dans des bateaux de rivière qui sont attaqués par la Marine britannique le 31 août, ce qui contraint les équipages à échouer les bateaux sur le rivage et à décharger les provisions. En effet, l'escadre de Holmes postée au large de Pointe-aux-Trembles bloque le passage du convoi. Mais dés que les vaisseaux britanniques se déplacent au début du mois de septembre, Cadet fait avancer son convoi jusqu'à Cap-Rouge, à six milles de Québec. Le 11 septembre, les bateaux radoubés sont prêts à effectuer les derniers milles jusqu’à Québec.

Bougainville, responsable des avant-postes à l'ouest de Québec et commandant d'une « colonne volante » près de Cap-Rouge, reçoit l'ordre du gouverneur Vaudreuil de protéger les bateaux de Cadet. Ceux-ci doivent passer sur le fleuve dans le plus grand silence durant la nuit du 12 au 13 septembre. Bougainville transmet des ordres à cet effet aux avant-postes le long du fleuve entre Cap-Rouge et Québec.

 

Ces ordres interviendront juste avant le débarquement des Anglais à l’Anse au Foulon.

 

À SUIVRE

 

 

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DÉBARQUEMENTS ANGLAIS AUTOUR DE QUÉBEC

8 Juillet 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

VICE AMIRAL SAUNDERS

VICE AMIRAL SAUNDERS

 

Pendant que les troupes anglo-américaines attaquent et  prennent le 26 juillet 1759 Fort Niagara à l’ouest, les forces du Général Wolfe, disponibles depuis la prise de Louisbourg l’été précédent, s’approchent de Québec, le cœur névralgique de la Nouvelle-France, défendue par le lieutenant général français Louis-Joseph de Montcalm qui commande à près de 15 000 hommes.

 

La flotte du vice-amiral Charles Saunders, partie de Louisbourg  le 4 juin, arrive près de Québec le 26 juin 1759. Elle comprend 49 navires de guerre armés de 1 944 canons et ayant à leur bord 13 500 membres d'équipage et elle est accompagnée d’une force de débarquement comprenant 8 500 soldats, dont  7 030 réguliers britanniques et 1 280 réguliers des colonies ainsi que de l’artillerie.  

Pendant ce temps,Wolfe monte une autre opération sur la côte nord du Saint-Laurent. Il commence par constater que la côte nord du Saint-Laurent vis-à-vis de Beauport est solidement défendue par l'armée française, qui a érigé des retranchements en hauteur des redoutes et des batteries flottantes. Il lui faut par conséquent concevoir un autre lieu de débarquement, en dehors de l’Ile d’Orléans et de la côte sud du Saint-Laurent.  

En attendant de le trouver, il doit faire face le 28 juin, à une attaque de la marine française contre sa flotte ancrée à l'Île d'Orléans avec des brûlots qui, malheureusement ont été allumés trop tôt. L’opération échoue. 

La nuit suivante, le 29 juin, des troupes légères de soldats britanniques débarquent dans la paroisse de Beaumont, en face de Québec, suivies par quatre bataillons de la brigade de Monkton, malgré l’intervention de la milice canadienne du capitaine de Léry. 

Des batteries britanniques sont installées sur la Pointe-Lèvy, en face de Québec, à une distance inférieure à un mille marin. Le 6 juillet, est installée une première batterie de cinq mortiers de treize pouces et de six canons de trente-deux livres, pour atteindre à la fin août, quatre batteries avec 13 mortiers et 20 canons, qui sont positionnées le long de la falaise.

Dans la nuit du 8 au 9 juillet, les britanniques, aimant bien attaquer de nuit, les troupes de Wolfe débarquent sur la côte nord, à 1,2 km des Chutes Montmorency. L’avantage du site est qu’il se situe à l'est de l'endroit où se termine la ligne de défense de l'armée française. Le débarquement ne rencontre aucune opposition, ce qui permet à l’armée britannique de construire un camp avec une batterie, des radeaux et des batteries flottantes, en vue d'une descente sur la ligne française à l'est de Beauport.

Les batteries commencent à ouvrir le feu le soir du 12 juillet, date à partir de laquelle la ville de Québec sera bombardée pratiquement toutes les nuits pendant deux mois. Les tirs des canons et mortiers britanniques sont dirigés sciemment sur les résidences civiles de la Haute-Ville et non sur les batteries militaires de la Basse-Ville. En douze jours, 15 000 bombes tombent sur Québec. Le couvent des Ursulines, en plein coeur de la Haute-Ville, est endommagé par les tirs dès la première nuit et les soeurs doivent se réfugier à l'Hôpital général à St-Charles, dans le nord-ouest de la ville.

Le général Wolfe explore alors divers plans d'attaquemais il apprend avec plaisir que dans la nuit du 18 au 19 juillet, la Royal Navy a réussit à faire passer sept bateaux, dont le vaisseau Sutherland et deux frégates, dans l'étroit passage entre Québec et la Pointe-Lévy, ouvrant la possibilité d'un débarquement à l'ouest de la ville. En effet, ni les batteries de la Basse-Ville ni les batteries flottantes ne sont parvenues à empêcher leur traversée. 

Le 26 juillet, Wolfe remonte le long de la rivière Montmorency et observe un gué permettant de passer aisément de la rive ouest à la rive est. Mais lorsque les soldats britanniques tentent de traverser la rivière, ils se heurtent aux soldats français retranchés sur l'autre rive qui leur font 45 tués et blessés.

Le 31 juillet, une attaque est programmée sur la ligne de Beauport, à l’est de Québec et en face de la pointe de l’ile d’Orléans. Le navire le Centurion  se positionne près des Chutes Montmorency pour attaquer les batteries françaises située à l’est de la ligne de défense de Québec. De son côté, Wolfe monte à bord du Russell, un des deux transporteurs armés destinés à l'attaque contre la redoute française. Il se rend alors compte qu’elle est à portée de tir des retranchements français et qu’elle est donc inutilisable pour les troupes anglaises. Mais, têtu, il décide d’attaquer tout de même, croyant observer « la confusion et le désordre » parmi les troupes françaises qui lui font face.  

Vers 11 h, les vaisseaux transporteurs atteignent la côte et font débarquer un petit corps de soldats qui doit attaquer la redoute. Vers 12 h 30, les bateaux qui transportent la principale force de débarquement quittent l'île d'Orléans et vont rejoindre Wolfe. Mais une barrière de rochers les empêche d'approcher de la côte, et, le temps de trouver un autre lieu de débarquement, il est déjà 17 h 30 et le ciel couvert annonce un orage. Treize compagnies de grenadiers et 200 soldats des Royal Americans affrontent la milice canadienne de Montréal qui les repousse.

L’orage qui éclate en fin de journée mouille la poudre des fusils, les rendant inutilisables et le général Wolfe ordonne la retraite après avoir perdu 440 soldats. 

 

Pour leur part, les troupes françaises ont subi encore plus de pertes, du fait du bombardement par la grande batterie du camp de Montmorency, mais l’échec de Wolfe reste néanmoins patent. 

 

À SUIVRE 

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JAMES WOLFE (1727-1759)

20 Juin 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

JAMES WOLFE (1727-1759)

 

Avant de relater la première et dernière campagne de James Wolfe en tant que major général, il paraît judicieux d’avoir une vision générale de sa carrière.

 

James Wolfe est  le fils du lieutenant général Edward Wolfe. À ce titre, il devint sous-lieutenant en 1741 dans le 1er régiment d’infanterie de marine dont son père était le colonel. À l’âge de 16 ans, il participa à sa première bataille en Bavière. En 1746, capitaine, il participe à la sanglante bataille de Culloden en Écosse.

En mai 1758, déjà colonel,  Wolfe reçoit le commandement d’une des trois brigades chargées d’attaquer Louisbourg sous  le commandement du colonel Jeffery Amherst. Nous avons raconté dans Les prémisses du siège de Louisbourg, le débarquement finalement réussi des troupes de Wolfe sur l’île Royale.

Après la chute de la forteresse, il reçoit la mission peu glorieuse de détruire les établissements et les pêcheries du golfe du Saint-Laurent. À Gaspé, Wolfe donna des ordres pour que tout soit brûlé, mais de retour de mission, il se critique lui-même en notant que « Nous avons fait beaucoup de dommages, répandu la terreur des armes de sa majesté par tout le golfe, mais nous n’avons rien fait pour en grandir la renommée. » Cela ne l’empêchera pas de récidiver durant le siège de Québec, en pire.

Le 12 janvier 1759, il est nommé major général et commandant des forces de terre de l’expédition contre Québec. On lui confie une excellente armée dont le noyau était constitué de dix bataillons d’infanterie de l’armée régulière anglaise déjà en service en Amérique. De plus, Wolfe se voit octroyer une grande liberté dans le choix de ses officiers.

On va le voir, le 27 juin 1759, Wolfe débarque du côté sud de l’île d’Orléans avec le gros de son armée, avec pour intention de  camper sur la rive nord du Saint-Laurent près de Beauport, à l’est de Québec, de traverser la rivière Saint-Charles et d’attaquer la ville par son côté le plus faible, mais il est assez lucide pour comprendre qu’il court à l’échec dans la mesure où le gros de l’armée française l’y attend.

L’objectif de Wolfe était d’amener les Français à combattre ouvertement, parce qu’il estimait, à juste titre, que ses troupes étaient mieux entrainées. Pour ce faire, Wolfe appliqua un régime de terreur contre Québec et les paroisses environnantes, si bien qu’à la fin de la campagne, les agglomérations situées sur les deux rives du fleuve, en bas de Québec, et du côté sud sur une certaine distance en amont de la ville, étaient en grande partie détruites. Dans la ville de Québec même, les bombardements depuis les hauteurs de Lévis semèrent la ruine et la destruction. Mais il n’obtint pas d’offensive de la part de Montcalm.

C’est pourquoi, il finit par se rallier au plan de ses officiers qui suggéraient de se placer entre les troupes de Montcalm et ses approvisionnements tandis qu’il choisit lui-même un lieu de débarquement inutilement risqué, à l’anse au Foulon.

Dès que le débarquement a lieu, Wolfe organise correctement ses troupes, attendant l’attaque française qui ne pouvait manquer de venir. Les erreurs commises par Montcalm sur le champ de bataille lui permirent d’emporter la victoire.

Lorsque les lignes anglaises se lancèrent à la poursuite des Français, Wolfe qui menait l’aile droite reçut deux balles en pleine poitrine auxquelles il ne survécut que peu de temps.

James Wolfe était un excellent officier régimentaire, d’une grande bravoure au combat et un commandant efficace sur le champ de bataille. Mais c’était un stratège peu efficace, hésitant et indécis. Il ne pouvait s’entendre ni avec les officiers de son état-major ni avec la Royal Navy. La seule attaque menée sur son initiative personnelle à Montmorency fut un coûteux échec.

Le plan qui réussit finalement était celui de ses  généraux de brigade, tandis que l’apport de Wolfe, le choix de l’endroit du débarquement, ne fit qu’ajouter un inutile élément de risque au projet.

 

Des circonstances favorables combinées à l’impéritie de Montcalm lui donnèrent en même temps la victoire et la mort.

 

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QUÉBEC SE PRÉPARE AU SIÈGE

19 Mai 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

QUÉBEC SE PRÉPARE AU SIÈGE

 

Alors que Montcalm ait été chargé de défendre la Nouvelle-France malgré son défaitisme affiché, la ville de Québec se prépare au siège qui commence le 26 juin 1759 et qui durera tout l’été, jusqu’à la capitulation de la ville le 18 septembre 1759.

 

La campagne de 1758 a permis aux Anglais de prendre la forteresse de Louisbourg et l’Ile Royale, ce qui leur ouvre l’accès au Saint-Laurent jusqu’à Québec. 

En 1759, trois attaques simultanées sont programmées par l’armée britannique commandée par l’ignoble général Jeffery Amherst, l’homme qui donna l’ordre de remettre aux Indiens des couvertures infectées par la variole.

Au centre, il s’agit de s’avancer jusqu'à Montréal  via le Lac Champlain, mais l’on a vu que l’opération va échouer (1759, la Nouvelle-France en peau de chagrin). À l’ouest, le brigadier général John Prideaux doit monter une attaque contre le Fort Niagara, attaque qui réussira (Le siège de Fort Niagara et la suite) et à l’est la flotte britannique, commandée par le vice-amiral Charles Saunders doit s’avancer dans le fleuve Saint-Laurent jusqu'à Québec pour y faire débarquer une force terrestre et faire le siège de la ville. James Wolfe, promu au grade de major-général, est chargé de conduire le siége. 

On a vu que la trêve imposée par l’hiver a été mise à profit par les défenseurs de la Nouvelle-France pour alerter le gouvernement français de l’extrême péril dans lequel se trouve la colonie d’être submergée par les troupes anglaises. Or, en donnant tous les pouvoirs à Montcalm, le gouvernement reconnaît implicitement que, sauf miracle, la partie est perdue, ce qui le dispense d’envoyer des renforts conséquents.  

Du coup, les renforts dépêchés par Versailles restent faibles, 400 soldats,  40 canonniers et ingénieurs  et quatre navires de munitions qui parviennent à atteindre Québec, car la British Navy ne parvient toujours pas, au printemps 1759, à assurer le blocus du Saint-Laurent et l'amiral Philip Durell est incapable de faire sortir sa flotte de dix vaisseaux de guerre et de trois transports de troupes du port d’Halifax avant le 5 mai.

Les Français en profitent. Une flotte de seize navires français atteint Québec le 16 mai et d'autres convois arrivent au cours des jours qui suivent, dont un navire de 430 tonneaux, La Chézine, qui transporte Bougainville, de retour de la Cour de France.

Six jours plus tard, Montcalm rallie Québec : ayant appris qu’une expédition anglaise se préparait contre la ville par le Saint-Laurent, il commence à diriger les travaux nécessaires à sa défense.  

Il faut se souvenir que Québec, qui domine de son promontoire le fleuve Saint Laurent au lieu où il se resserre, a l’habitude de devoir se défendre : Il a déjà été capturé par les frères Kirke en 1629 et rendu à la France en 1632, attaqué le 16 octobre 1690 par William Phips avec une flotte d’une trentaine de navires et plus de deux mille hommes. C’est à cette occasion que le gouverneur Louis de Buade, comte de Frontenac, répondit au messager de Phips venu le sommer de rendre la ville: «Je nay point de reponse a faire a vostre general que par la bouche de mes canons et a coups de fuzil...». Les troupes de Phips furent repoussées, perdant un millier d’hommes par le combat et la maladie.

Québec constitue en effet la clé de voute de la Nouvelle-France. Sa position géographique permet de contrôler la colonie, avec son promontoire et sa falaise abrupte face au fleuve qui en font une forteresse naturelle. Stratégiquement, l’étroitesse du fleuve devant Québec permet de contrôler la navigation, tandis que la baie de Beauport offre un havre aux navires. De plus, la ville  étant située au point de pénétration intérieure le plus avancé sur le Saint-Laurent, les navires qui proviennent d’Europe s’y arrêtent.

Québec compte 8000 habitants, une population importante à l’échelle de l’Amérique du XVIIIe siècle. Les villages, les champs et les pâturages entourent une ville fortifiée, unique en Amérique du Nord, dotée d’une architecture monumentale, de riches maisons mais aussi de rues boueuses et insalubres bordées de bicoques. Son port fait partie d’un réseau d’échanges commerciaux entre la France, les Antilles, l’Acadie et Terre-Neuve, les navires exportant fourrures et bois tandis qu’ils importent des produits européens et antillais. Les habitants des environs viennent s'y procurer des marchandises de France et vendre leurs surplus agricoles et de bois de chauffage aux deux marchés de la ville.

 

Dès le 24 mai, quelques 300 marins s’affairent donc à creuser des retranchements sur la rive droite de la rivière St-Charles de son embouchure jusqu'à une lieue au  nord tandis que le général Wolfe arrive avec deux mille canons destinés à détruire cette belle ville établie depuis un siècle et demi, afin que les Britanniques puissent enfin régner sans partage sur l’Amérique du Nord et à leur suite les Américains sur le monde…

C’est pourquoi la bataille de Québec est un tournant majeur de l’histoire.

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LE TRIOMPHE DU DÉFAITISTE MONTCALM

3 Mai 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

BOUGAINVILLE, L'INTERCESSEUR

BOUGAINVILLE, L'INTERCESSEUR

 

En août et septembre 1758, Montcalm et Vaudreuil s’opposèrent violemment sur le moyen de faire face à l’attaque anglaise à venir.  

 

Montcalm professait un défaitisme absolu. Il était arrivé au Canada convaincu que la colonie était indéfendable.  Pour lui, il ne s’agissait que de retarder l’issue fatale aussi longtemps que possible, pour l’honneur des armes !

À l’appui de son argumentation, il soutenait que les Anglais pouvaient mettre 50 000 hommes en campagne, sans compter ceux qui étaient à Louisbourg, tandis que le Canada ne pouvait opposer que 7 400 hommes des troupes régulières et de la milice. Mais ces chiffres étaient inexacts. Les Anglais disposaient de 23 000 troupes régulières en Amérique, auxquels s’ajoutaient des troupes provinciales et une milice, toutes deux de valeur militaire douteuse.

Côté français, Montcalm sous-estimait lourdement les effectifs et l’efficacité de la milice canadienne. Aussi, les forces en présence n’étaient pas aussi déséquilibrées que Montcalm le prétendait et que l’histoire l’a retenu, mais ces chiffres permettaient à Montcalm de soutenir que seule une paix conclue avant que les Anglais ne déclenchent leur triple offensive pouvait éviter la défaite. À moins que la France n’envoie des milliers de soldats supplémentaires, ce qui était impossible du fait de la faiblesse relative de la marine française par rapport à la marine britannique.

En résumé, le général en chef considérait la défaite inéluctable et déconseillait d’envoyer des renforts !

Au début de l’automne de 1758, tout en prétendant qu’il souhaitait être rapidement rappelé en France, Montcalm soumit à Vaudreuil des plans pour la défense de la colonie contre les assauts prévus, qui consistaient à se replier sur tous les fronts : il demandait l’abandon de la vallée de l’Ohio et des avant-postes sur les lacs Ontario et Champlain, la cessation de la petite guerre aux frontières des colonies anglaises et l’intégration de 3 000 miliciens canadiens dans les troupes régulières. Il fallait livrer la guerre selon le mode européen et non canadien, ce qui était son leitmotiv et concentrer toutes les forces de la colonie pour la défense intérieure sur le Saint-Laurent et sur le fleuve Richelieu.

Naturellement, Vaudreuil rejeta les recommandations de Montcalm. 

Il refusa d’abandonner les fronts excentriques, affirmant qu’il fallait que l’ennemi se batte pour chaque pouce de terrain et qu’il s’épuise avant d’arriver au cœur de la colonie. Puis, afin de convaincre le gouvernement français du bien fondé de sa politique, il  dépêcha à la cour un officier canadien, le major Michel-Jean-Hugues Péan, tandis que Montcalm, pour ruiner la position de Vaudreuil, obtenait que Bougainville et Doreil se rendent en même temps que Péan à la Cour afin d’exposer  ses propres vues sur la situation de la Nouvelle-France.

Pour faire sentir au ministre de la Marine l’urgence de la situation, Vaudreuil la dépeignit sous de sombres couleurs. Bougainville s'empressa d'en rajouter en la qualifiant de désespérée.

Dans deux mémoires, il exprima l’opinion de Montcalm selon laquelle le Canada était indéfendable en raison de la supériorité quantitative des troupes anglaises. De plus, aucune des places fortes n’était défendable, Québec moins que toute autre, ce qui rendait futile l’envoi de renforts au Canada qui seraient de toutes manières interceptées par la Royal Navy. Cette dernière affirmation était également fausse : depuis le début de la guerre, tous les convois de ravitaillement avaient échappé aux Anglais  et rallié Québec.

Enfin Bougainville soutenait la position de son chef Montcalm consistant à abandonner les avant-postes pour concentrer les forces disponibles à l’intérieur de la colonie afin de retarder le plus possible l’inéluctable défaite. Il sollicitait même le Ministère de la Marine pour qu'il lui remette par anticipation des instructions relatives à la future capitulation des troupes françaises !

Or, le gouvernement français plaçait (à tort, l'histoire l'a montré) ses espoirs dans un projet d’invasion de l’Angleterre. Il décida par conséquent qu’il ne pouvait pas disperser ses efforts et affecter des vaisseaux et des hommes supplémentaires à la défense du Canada. En outre, aprés en avoir débattu, il rejeta la demande de rappel de Montcalm. Pour le conforter dans sa position, il recut, le 20 octobre 1758, une promotion au grade de lieutenant général et un fort accroissement de sa solde (ce qui lui importait si fort!) qui monta à 48 000 livres.

Dans cette logique défaitiste, il fallait octroyer à Montcalm le pouvoir d’agir. Comme un lieutenant général occupait un rang plus élevé qu’un gouverneur général de colonie, le prétexte était tout trouvé pour confier à Montcalm le commandement de toutes les forces militaires au Canada. En revanche, Vaudreuil, le grand perdant de ces tractations versaillaises, reçut l’ordre de s’en remettre à Montcalm en toutes choses, même pour les questions d’administration courante.

En résumé, le gouvernement français acceptait d’avance la capitulation de la Nouvelle-France, que Montcalm était chargé d’acter après avoir convenablement résisté. L’espoir du gouvernement français était néanmoins que la Nouvelle-France, avec l’apport de maigres renforts, puisse, en restant strictement sur la défensive, conserver un pied-à-terre au Canada, comptant récupérer par la suite  le territoire cédé à l’ennemi à la table des négociations de paix.

 

Pour sacrifier à la langue de bois, de tous temps pratiquée, les ministres de la Marine et de la Guerre exprimèrent tous deux leur  confiance de principe que Montcalm trouverait le moyen de priver l’ennemi de la victoire et que Montcalm et Vaudreuil sauraient travailler en union étroite pour atteindre ce but.

Des vœux pieux !

 

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UN MONTCALM PUSILLANIME, VANITEUX ET DÉFAITISTE

17 Avril 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

UN MONTCALM PUSILLANIME, VANITEUX ET DÉFAITISTE

 

Vaudreuil et Montcalm étaient en désaccord complet sur la stratégie de défense de la Nouvelle-France.

 

Vaudreuil prônait de multiplier les raids sur les établissements frontaliers anglais, ce qui avaient si bien réussi les années précédentes. Il s’agissait de couper les communications, de détruire les dépôts de munitions et de désorganiser l’ennemi. À l’opposé, Montcalm ne jura, du début jusqu’à la fin, que par une stricte stratégie défensive.

Au début de 1757, alors que les Anglais se préparaient à mettre le siège devant Louisbourg, Vaudreuil décida d’attaquer les positions anglaises au sud du lac Champlain. Contraint d’obéir à ses ordres, Montcalm réunit à Carillon 8000 hommes, réguliers, miliciens et indiens, qui avaient pour instruction de détruire le fort George à l’extrémité sud du lac Saint-Sacrement puis de raser le fort Edward, situé quelques milles plus au sud.

Or, après avoir capturé Fort Henry le 9 août 1757, Montcalm autorisa les Anglais à capituler avec les honneurs de la guerre. Plus chevaleresque encore, il s’engagea imprudemment à escorter la garnison jusqu’au fort Edward afin de les protéger, sans succès, contre les Indiens (voir mon billet « 1757, La prise et le massacre (relatif) de Fort Henry ».

Puis, contrairement aux instructions de Vaudreuil, il renonça à détruire le fort Edward et à prendre Albany, la capitale de l’État de New York, invoquant la mauvaise qualité de la route pour se rendre à Albany, le renfort supposé de sa garnison  par  quatre ou cinq mille miliciens et la trop considérable consommation des provisions de bouche, what else !

Tous ces prétextes rendirent Vaudreuil furieux, tandis que Montcalm, content de lui, sollicitait sa promotion au grade de lieutenant général. De plus, comme l’afflux de soldats, de réfugiés acadiens et d’Indiens à approvisionner concourait à créer une pénurie d’approvisionnements, d’autant plus que les récoltes furent  mauvaises en 1757 et 1758, Montcalm en profita pour attaquer l’administration de la Nouvelle-France.

Il accusa Vaudreuil et Bigot, l’intendant de la Nouvelle-France de mauvaise gestion et de corruption, trouvant une oreille attentive auprès des Ministères de la Guerre et de la Marine qui étaient inquiets du coût des opérations militaires en Amérique. Pour assombrir encore le tableau auprès des Ministères, il alla répétant que la défaite était inévitable, la liant, pour faire bonne mesure, à la supposée corruption de l’administration de la Nouvelle-France.

En 1758, Vaudreuil voulait bloquer l’avance anglaise sur le lac Champlain à l’aide de l’armée régulière commandée par Montcalm tandis que Lévis avec 1 600 canadiens mènerait une attaque de diversion contre Schenectady par la vallée des Agniers. Mais, après le départ de Montcalm pour Carillon, il apparut que l’armée anglaise au lac Saint-Sacrement était plus considérable qu’on ne l’avait escompté, si bien que le détachement de diversion de Lévis fut rappelé et dépêché à Carillon en toute hâte.

En effet, à l’extrémité sud du lac Saint-Sacrement, le major général James Abercromby avait massé la plus grosse armée jamais réunie en Amérique du Nord, 15000 hommes, dont 6 000 troupes régulières anglaises. En face, Montcalm se demandait s’il devait résister, et, si oui, à quel endroit. Il considérait que le fort Carillon était inapte à soutenir un assaut, encore moins un siège et il envisageait de se replier sur le fort Saint-Frédéric.

Heureusement pour les Français, la mort du brigadier Augustus Howe, commandant en second des armées d’Abercromby et les erreurs tactiques d’Abercromby donnèrent une glorieuse victoire aux Français. Car Montcalm avait laissé un demi-mille de rase campagne défendus par seulement 400 Canadiens qu’il aurait été facile de déborder et d’écraser.  Mais les Anglais commirent l’erreur d’attaquer frontalement la partie la mieux défendue du fort : ils perdirent près de 2000 hommes contre  moins de 400 du côté des Français et se replièrent en désordre (voir mes billets, « l’Incroyable victoire de Fort Carillon I et II »).

Trois jours après la bataille, Montcalm fit parvenir au ministre de la Guerre un récit mensonger de sa victoire. Selon lui, sa petite armée avait subi l’assaut  de 30 000 soldats anglais, dont il estimait les pertes à 5 000 hommes. Aussi avait-il sauvé la colonie, et de plus sans l’aide des Canadiens et des Indiens, troupes qu’on lui avait expédié sans qu’il l’ait demandé et qui s’étaient contenté de consommer ses précieuses provisions de bouche. En conclusion, il demandait son rappel, alléguant que sa santé périclitait, que ses dépenses excédaient le montant de sa solde, mais surtout que l’impossibilité de faire les choses selon les règles le poussait à demander son congé.

En somme, il se faisait désirer, tout en  déclinant toute responsabilité.

Vaudreuil répliqua par écrit au Ministère de la Marine en critiquant la manière dont Montcalm avait mené la campagne et en soulignant la position extrêmement dangereuse dans laquelle il avait placé les Canadiens le jour de la bataille de Fort Carillon. Il déclara aussi que les alliés indiens étaient retournés dégoutés à Montréal, en affirmant que plus jamais ils ne combattraient sous les ordres de Montcalm. 

Il faisait savoir au ministre que, voulant éviter un conflit déclaré, il avait préféré passer sous silence les insultes et les affronts personnels dont il avait fait l’objet de la part de Montcalm et il priait donc le ministre d’agréer la requête de Montcalm sollicitant son rappel, tout en signalant  que ce dernier, tout en possédant de nombreuses qualités, n’était manifestement pas apte à commander des troupes au Canada.

 

Vaudreuil proposait enfin de remplacer Montcalm par le chevalier de Lévis.

Cela se passait en août 1758.

 

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