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Le blog d'André Boyer

histoire

La Constitution tordue des Thermidoriens

24 Mai 2014 Publié dans #HISTOIRE

Le 26 avril dernier, dans mon blog intitulé « Les Thermidoriens sur trois fronts », j'exposais la lutte féroce de ces derniers pour se maintenir au pouvoir. En effet, ce n’était pas parce que la Terreur était finie que la Convention était composée d’innocents…

constitution thermidorienneSelon l’habitude de ces années-là, la Convention thermidorienne saisit l’opportunité d’une situation politique apaisée pour préparer une nouvelle constitution destinée à remplacer celle qui, souvenez-vous, reposait, inappliquée, au milieu de la salle de ses délibérations.

La nouvelle Constitution représentait un effort remarquable pour éviter les écueils qui avait marqué la Révolution. Par certains côtés, elle était trop sophistiquée. Elle retournait à un régime électoral restreint, qui réduisait le corps électoral aux notables : les citoyens nés et résidents en France de 21 ans qui payaient une contribution directe, réunis en assemblée primaire par canton élisaient les électeurs du deuxième degré à raison de un pour deux cents citoyens.

Ces grands électeurs devaient avoir 25 ans et disposer d'un revenu personnel important. Ils élisaient les membres du corps législatif ainsi que les différents juges. Le législatif était formé de deux chambres, le conseil des Cinq Cents qui avait l'initiative des lois, et le conseil des Anciens, composé de 250 membres âgés d’au moins 40 ans et mariés ou veufs, qui approuvait ou rejetait les propositions des Cinq Cents.

Le corps législatif élisait l'exécutif, mais ne pouvait pas le révoquer.

L'exécutif, le Directoire, était
composé de cinq membres, renouvelé par cinquième tous les ans, choisis à bulletins secrets par les Anciens, parmi une liste qui devait contenir le décuple des postes à pourvoir, établie par le Conseil des Cinq Cents.

Les Directeurs sortants ne pouvaient pas être réélus avant cinq ans et les décisions du Directoire devaient être prises à la majorité de trois membres sur cinq.

Les attributions de l'exécutif étaient limitées par la nouvelle constitution à la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat, la disposition de la force armée, la nomination des généraux et des ministres.

Le Directoire n'avait pas le droit de dissolution sur les chambres ni le droit de veto sur les lois. De plus, la Trésorerie échappait au Directoire pour être confié à cinq commissaires élus dans les mêmes conditions que le Directoire et le pouvoir judiciaire étaient séparé du législatif et de l'exécutif, avec des mandats courts, 2 ans pour les juges de paix, 5 ans pour les juges départementaux et du tribunal de cassation.

Échaudés par les changements permanents de la Constitution, les conventionnels mirent en place une procédure de révision qui s'étalait sur neuf ans.

Comme les Conventionnels ne voulaient pas être balayés par les élections à venir, ils votèrent, avec un culot roboratif, le décret dit « des deux tiers » qui imposait le maintien de cinq cents anciens conventionnels parmi les sept cent cinquante députés des Conseils des Cinq Cents et des Anciens. 
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Les Thermidoriens sur trois fronts

26 Avril 2014 Publié dans #HISTOIRE

Nous avons laissé le 8 avril dernier (mon blog intitulé « S’accrocher bec et ongles au pouvoir ») les Thermidoriens contraints de faire face sur plusieurs fronts…

Charette.jpg

Le danger qui menaçait toujours les Thermidoriens au pouvoir se situait toujours dans les faubourgs, base des sans-culottes et son combustible résidait dans la faim qui tenaillait les grandes villes, à commencer par Paris où d’énormes queues se formaient devant les boulangeries, alors que la ration de pain passait de 1 livre et demie en février 1795 à un quart de livre en mai 1795.

Le 1er avril 1795, les sans culottes, saisissant comme prétexte les accusations portées contre Barère, Collot d’Herbois et Billaud-Varenne qu’ils considéraient comme leurs défenseurs, envahissent la salle de la Convention en réclamant du pain.

Ils sont évacués par les gendarmes tandis que les trois accusés sont déportés, que Paris est aussitôt mis en état de siège et que le général Pichegru chargé de réprimer l'agitation dans les faubourgs. C’est dire la nervosité des Thermidoriens.

Une deuxième alerte intervient le 20 mai 1795, alors que la Convention est envahie à nouveau aux cris de : « Du pain et la Constitution ! ». Les députés s’enfuirent, à l’exception de ceux d’entre eux, que l’on appelait les Crétois parce qu’ils siégeaient à la crête de la Montagne et qui étaient favorables aux sans-culottes,

Les forces militaires de la Convention reprirent le contrôle des Tuileries et passèrent à l’offensive dans les faubourgs, arrêtant soixante-deux députés et cinq mille jacobins.

 

Pendant ce temps, la paix des cimetières s’installait dans l’ouest de la France. Hoche avait fini par signer une amnistie avec Charrette et les chouans, en leur garantissant la restitution de leurs biens confisqués, la liberté de culte et la dispense du service militaire.

Mais comme le génocide pratiqué par les troupes républicaines ne pouvait être rayé d’un trait de plume. la guérilla contre les troupes républicaines se poursuivait en Bretagne et en Normandie. Une attaque coordonnée entre les immigrés et les chouans fut organisée à la fin du mois de juin 1795. Une armée de quatorze mille chouans se rassembla dans la région de Quiberon, Charrette reprit les hostilités en Vendée et quatre mille émigrés furent débarqués dans la baie de Carnac par une flotte anglaise. Cependant, ils n’étaient pas assez organisés et soutenus par la croisière anglaise pour faire échec à Hoche, qui les battit et les captura le 21 juillet 1795.

Sur le front de la guerre étrangère, il était aussi difficile pour les Thermidoriens de mécontenter les généraux que de se passer des revenus des conquêtes. D’où l’invasion de la Hollande le 10 octobre 1794, qui fut transformée en République Batave. C’est à cette occasion que la cavalerie de Pichegru réalisa un exploit sans précèdent en capturant la flotte hollandaise bloquée par la glace au Helder. La Hollande fut aussitôt amputée de la Flandre Hollandaise pour être rattachée à la Belgique, elle-même annexée à la France, cette dernière étant reconnue par un traité de paix conclu entre la République Française et la Prusse, pressée de retourner ses troupes contre la Pologne.

 

La Terreur ne s’était pas éteinte pour tout le monde…

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S'accrocher bec et ongles au pouvoir

8 Avril 2014 Publié dans #HISTOIRE

 

Le 17 mars dernier, dans mon blog sur la «Merveilleuse réaction », j’ai, non seulement présenté les merveilleuses comme une des manifestations les plus visibles de la réaction contre la Terreur, mais montré aussi comment la Convention cherchait désormais un improbable équilibre entre les terroristes et les royalistes.

aigle-et-sa-proieLa Terreur était à la fois un système politique et un système économique. Le premier s’était effondré, il fallait désormais sortir du second. C’est ainsi qu’à la fin du mois de décembre 1794, la Convention se résigna à supprimer la loi sur le maximum, populaire dans les faubourgs pour les denrées mais impopulaire pour le blocage des salaires, et de toute façon inefficace face au marché noir. Du coup la valeur de l’assignat chuta brutalement.

En somme, par pans successifs, on assistait à l’effondrement des murs d’acier forgés par la société totalitaire d’avant Thermidor : le terrorisme, la lutte contre la religion, la pénurie organisée.

Après avoir subi une énorme pression depuis deux, voire cinq années, les Français voulaient enfin reprendre souffle. Moins paradoxalement que l’on ne pourrait le croire, si l’on songe aux prétentions égalitaires des révolutionnaires, les ouvriers et les artisans des villes étaient devenus les principales victimes économiques des bouleversements de la société française. L’expérience a en effet montré, pendant la Terreur et dans toutes les expériences analogues qui l’ont imité, que les mesures égalitaires se retournent immanquablement contre les plus faibles car il y a toujours dans une société humaine, certains, les plus proches du pouvoir, qui se débrouillent pour être « plus égaux que d’autres ».

Même si les paysans étaient les grands bénéficiaires économiques de la vente des biens nationaux et de l’affranchissement des droits seigneuriaux, il reste qu’ils voulaient récupérer leurs curés. Le principal appui du pouvoir était constitué par la masse des  soldats de la Révolution qui considéraient comme un « acquis » de la Terreur d’être parvenus en quelques mois à des grades inespérés sous l'Ancien Régime. Ils voulaient donc conserver leurs grades et leurs trophées. Mais au total, nostalgiquement, le peuple rêvait du bon vieux temps : comme les résultats des élections l’ont montré de manière éclatante, il souhaitait le rétablissement de la royauté, contre l’avis des profiteurs du régime et des soldats qui n’en  voulaient à aucun prix.

Une fois de plus, comme cela arrive très souvent dans un pays où le pouvoir était trop centralisé, les Conventionnels régicides gouvernaient contre le peuple. Car, parmi les 387 conventionnels qui avaient voté la mort de Louis XVI en janvier 1793, une centaine d'entre eux avaient suivi Louis XVI sur l'échafaud. Mais il en restait environ trois cent unis pour sauver leur peau : ils devinrent si résistants aux changement politiques qu’ils réussirent à traverser tous les régimes de 1795 à 1848 !


En 1795, ces trois cent devaient se garder à gauche et à droite.

À gauche, les Jacobins « non nantis » voulaient les déloger de leurs statuts de favorisés : ils les  écraseront sans pitié.

À droite, les supporters de Louis XVIII les menaçaient de l'échafaud en cas de restauration.

Ils craignaient enfin les revendications d’un peuple affamé qui, comme le note Mallet en décembre 1794 « est devenu indifférent à la République comme à la Royauté, et ne tient qu'aux avantages locaux et civils de la Révolution ».

 

Les Conventionnels régicides allaient s’accrocher becs et ongles au pouvoir.

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Merveilleuse réaction

17 Mars 2014 Publié dans #HISTOIRE

Le 22 février dernier, dans un blog intitulé « La fin de Robespierre et de la Terreur », je rappelais que la chute de Robespierre provoqua, à la surprise générale, la fin de la Terreur : le système de la Terreur n’avait plus de tête…

 

MerveilleuseAu début, la Convention reniait si peu la Terreur qu’elle décida, le 21 septembre 1794, de transférer les restes de Marat au Panthéon, jusqu’à ce que, la réaction contre la Terreur s’amplifiant, ils en fussent expulsés le 8 février 1795. Mais les premiers qui comprirent le nouveau rôle que l’on attendait des Conventionnels furent les députés du Marais : c’était eux les libérateurs ! Il suffisait d’écarter à la fois les Montagnards les plus impliqués dans la Terreur et la droite de la Convention pour rassurer tout le monde.

Début août 1794, plus de cinq cents suspects furent libérés, tandis que des milliers de personnes sortaient de leurs cachettes. Une campagne de presse était lancée contre les Jacobins et les sans-culottes : au théâtre, des pièces anti-jacobines étaient jouées et applaudies. Le refus de la Terreur et le rejet de la Révolution s’exprimaient par des tenues vestimentaires et des modes de vie symbolisés par les muscadins qui portaient dix-sept boutons de nacre pour évoquer Louis XVII et un collet noir autour du cou pour rappeler la mort de Louis XVI. Les merveilleuses n’étaient pas en reste qui protestaient contre la rigueur révolutionnaire par des tenes savamment déshabillées, blanches et vaporeuses.

Mais le refus de la Terreur ne se passa pas sans violences, qui ajoutèrent pas moins de deux mille morts aux innombrables victimes de la Terreur. Les « muscadins » molestaient les sans-culottes, les bonnets rouges et les colporteurs des derniers journaux jacobins.

En province, la réaction anti-jacobine fut souvent violente, singulièrement dans le Sud-Est. Dans le Midi, à Lyon et à Tarascon, il y eut des émeutes sanglantes. La Compagnie de Jéhu mena la chasse contre les Jacobins compromis par la Terreur, ainsi que contre les Républicains et les acheteurs de biens nationaux.

De son côté, la Convention procédait à la réintégration des Girondins et fermait le club des Jacobins. Elle cherchait un impossible équilibre, en offrant une amnistie était offerte à la Vendée, tout en célébrant le 21 janvier « la juste punition du dernier roi des Français ». De même, elle se déchargeait du paiement des prêtres et des frais d'entretien des bâtiments religieux, mais restaurait en même temps la liberté des cultes le 21 février 1795, selon la proposition de Boissy d’Anglas. Cette liberté des cultes restait cependant relative, puisque les processions, les sonneries de cloches et les habits ecclésiastiques restaient interdits. La Convention logeait de fait les prêtres constitutionnels et les prêtres réfractaires à la même enseigne.

 

En somme, la Convention thermidorienne gouvernait au centre, cherchant l’équilibre entre les anciens terroristes et les royalistes.

 

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La fin de Robespierre et de la Terreur

22 Février 2014 Publié dans #HISTOIRE

 

Le dimanche 12 janvier dernier, je relatais dans mon blog « Robespierre reconnu par Fouquier-Tinville » le moment où Robespierre est arrêté et conduit devant Fouquier-Tinville qui avait condamné tellement de ses ennemis. Nous achevons ici le récit de l’exécution de Robespierre et de ses compagnons.

 

execution Robespierre

Après que leurs identités aient été reconnues, les vingt-deux robespierristes furent automatiquement condamnés, puisqu’ils avaient été mis hors la loi par la Convention. Ils gagnèrent ensuite le lieu de l'exécution, place de la Révolution, où les charrettes les transportant arrivèrent à 18h15.

Prenant place sur la liste de la longue cohorte des soixante-deux mille suppliciés des neuf derniers mois, Maximilien de Robespierre fut ce jour-là le dixième exécuté. Un des aides du bourreau arracha brusquement les linges qui soutenaient sa mâchoire, il fut placé sur la bascule et le couperet tomba. Sa tête fut montrée aux assistants qui, bon public, applaudirent !

Les vingt-deux têtes furent placées dans un coffre en bois et les corps furent rassemblés sur une charrette qui se dirigea vers le cimetière des Errancis. On jeta les têtes et les troncs dans une fosse commune et on répandit de la chaux vive pour que le corps de Maximilien Robespierre ne laisse aucune trace.

Le lendemain, soixante et onze autres Jacobins étaient exécutés et le surlendemain douze autres passaient encore à l'échafaud. Des rafles furent ensuite opérées parmi les membres du Conseil général de la Commune conduisant à d’autres exécutions plus tardives.

Paradoxalement, alors que Robespierre était tombé pour s’être attaqué à la gauche du Comité de Salut Public, il incarnait tellement la Terreur que sa mort y mis fin, sans que les membres de la Convention l’aient vraiment décidé. Cela commença le matin du 28 juillet 1794, lorsque les députés de la Convention, surpris, furent accueillis par des acclamations à leur sortie des Tuileries.  

En quelques semaines, la chute de Robespierre provoqua le démantèlement du gouvernement révolutionnaire, emporté par la réaction thermidorienne : les comités furent renouvelés, les comités de salut public et de sûreté générale virent leurs compétences limitées aux domaines de la guerre, de la diplomatie et de la police, la loi de Prairial qui privait les accusés du droit de défense et de recours fut supprimée, les comités de surveillance révolutionnaire furent en pratique fermés aux sans-culottes. 

 

Les bourreaux d'hier étaient devenus les libérateurs d’aujourd’hui !

 

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À la merci des lubies de nos élites

13 Février 2014 Publié dans #HISTOIRE

La doctrine officielle selon laquelle la France, c’est à dire les autorités politiques qui la représente, n’a ménagé aucun effort pour éviter la guerre, qu’elle est injustement agressée et qu’elle est contrainte d’y répondre servira un quart de siècle durant, le temps de justifier la guerre suivante qui en découlera, en 1940.

marne 1914Pendant que l’on mobilise au nom de l’Union Sacrée, les gendarmes exécutent discrètement au bord des chemins les quelques mobilisés qui ont l’audace de s’enfuir et réduit les rares maquis qui se forment, comme dans la Loire.

Du côté de la population, c’est tout d’abord la stupéfaction et l’atterrement.

L’historien Jean-Jacques Becker témoigne par exemple qu’à Aignes (Charente) « la première impression fut, pour tout le monde, une profonde stupéfaction car personne ne croyait la guerre possible». Lui succéda souvent l’abattement: «la consternation, la tristesse, l'angoisse furent fort répandues, bien plus que les sentiments dictés par l'élan patriotique ».

D’autant plus que la proclamation du président Raymond Poincaré, affichée et publiée dans les journaux le 2 août, se voulait faussement rassurante. Derrière cet écran de fumée, le gouvernement comptait  « sur le sang-froid de la noble nation pour qu'elle ne se laisse pas aller à une émotion injustifiée ; il compte sur le patriotisme de tous les Français et sait qu'il n'en est pas un seul qui ne soit prêt à faire son devoir. À cette heure, il n'y a plus de partis, il y a la France éternelle, la France pacifique et résolue. »

Les gens s’auto persuadèrent, pour se rassurer, que la guerre serait courte. Puis ils se laissèrent convaincre par l’argument gouvernemental, sans cesse asséné par les officiels et les journaux, qu’une France forcément pacifique était tenue de  se défendre contre une agression allemande caractérisée.

On partit donc avec la résolution du devoir à accomplir. De toutes façons, le tour était joué, les mobilisés n’avaient pas le  choix.

Que voulaient donc obtenir les élites françaises en acceptant cette guerre ? Barrer la route à une puissance allemande grandissante, en comptant sur la force titanesque de l’allié russe et le soutien anglais qui partageaient la même inquiétude face à l’Allemagne. C’était parti pour la destruction des sociétés européennes et pour la France, un million six cent mille morts (y compris les civils) et quatre millions trois cent mille blessés.

On retiendra ici, que, si la responsabilité de Guillaume II est lourdement engagée dans l’engagement de la guerre, les élites françaises ont pour leur part une forte part de responsabilité dans le massacre de leur propre population, contre la volonté de cette dernière. En effet, ces élites  n’ont pas hésité, alors que deux mois seulement auparavant, la population française s’était prononcée nettement contre la guerre en envoyant une majorité très à gauche au Parlement, à faire le nécessaire pour entrer en belligérance.

On retiendra aussi que c’est un gouvernement de gauche, socialiste et radical, avec un Président du Conseil socialiste, René Viviani, qui en a pris la responsabilité, alors qu’officiellement ce dernier avait été élu sur le programme de l’abrogation du service de trois ans et contre la guerre contre l’Allemagne. Ce n'est pas de 2014 que datent les engagements reniés. On n’oubliera pas non plus que Jean Jaurès, la conscience de la gauche, a opportunément été assassiné quelques heures auparavant.

On retiendra surtout que l’opinion a été presque entièrement manipulée, qu’on lui a caché les prémisses d’une guerre qui l’a prise par surprise et qu’elle ne voulait pas, mais que c’est bien cette population qui en a subi les conséquences les plus terribles. 

Il arrive donc que les élites françaises se trompent, qu’elles agissent contre la volonté exprimée du peuple. Il arrive qu’elles n’hésitent pas à sacrifier les vies d’un million et demi de personnes au nom de leurs convictions.

Tel est, de mon point de vue, la leçon à tirer de l’élection de mai 1914 et des manœuvres en faveur de la guerre en juillet 1914.

Enfin, pour conclure cette série d'articles, la leçon que l’on peut tirer de l’observation des croyances et des agissements des élites 2014, c’est qu’elles ne sont ni plus douées qu'en 1914 pour diriger le peuple sur la voie la moins folle, ni plus respectueuses de la volonté du peuple qu’en 1914.

Elles ont donc toujours la capacité et la volonté de nous sacrifier sur l’autel de leurs lubies….

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Les élites républicaines engagent la France dans la guerre

5 Février 2014 Publié dans #HISTOIRE

 Après avoir voté contre la guerre pas plus tard qu’en mai 1914, les Français vont découvrir en une semaine (une semaine, pas plus !), entre le 27 juillet et le 2 août 1914, qu’ils sont jetés dans une guerre totale contre l’Allemagne :

 

mobilisation généraleDés le 27 juillet, les syndicats français, affreusement inquiets de la tournure des évènements, manifestent contre la guerre sur les grands boulevards. Dans la nuit, tous les permissionnaires sont rappelés, bien que l’on n’en soit pas encore officiellement à l’étape de la mobilisation générale, qui signifie la guerre. 

Le 28 juillet, l’Autriche-Hongrie, forte du soutien actif de Guillaume II, décide de déclarer le 28 juillet la guerre à la Serbie. Ce faisant, l’Allemagne sait qu’elle peut être conduite à mener une guerre européenne. Elle s’y prépare. Elle a son plan pour éviter d’être prise en tenaille entre les troupes russes et françaises. 

Le 29 juillet, le tsar Nicolas II hésite à donner l’ordre de mobilisation générale. Il finit par le donner le 30 juillet à 16 heures. La guerre est aux portes de l’Europe.

Le 31 juillet, le schéma de la guerre se met en place, lorsque l’Allemagne demande à la Russie d’annuler l’ordre de mobilisation générale, alors qu’elle sait que ce serait pour cette dernière un recul inacceptable. 

À 17h 40, Joffre envoie l’ordre de mettre en place « une couverture militaire complète ».

À 19 heures, l’Ambassadeur allemand rencontre le Président du Conseil Viviani et lui demande si, dans l'éventualité d'une guerre russo-allemande, la France garderait la neutralité. Viviani tergiverse  en demandant le temps de la réflexion, mais à 21h 40, comme par hasard, la figure de proue de l’opposition à la guerre en France, Jean Jaurès, « le seul homme apte en France à s’opposer à la guerre avec l’Allemagne », est assassiné par Raoul Villain qui agit pour le compte d’on ne saura jamais qui.

Le 1er août à 11 h, l’Ambassadeur allemand rencontre de nouveau Viviani pour obtenir sa réponse : neutralité ou pas ?

Or Viviani se contente de lui faire la déclaration apparemment sibylline suivante:  « La France s'inspirera de ses intérêts ».

Mais à 15 h 45, Viviani explicite sa réponse en décrétant la  mobilisation générale pour le lendemain 2 août, ce qui signifie clairement la guerre. La première affiche de mobilisation est  apposée quinze minutes plus tard au coin de la place de la Concorde et de la rue Royale. L'ensemble de la population est informé le même jour par des affiches, placardées sur la voie publique dans chaque commune, puis par le tocsin sonné par les cloches des églises et beffrois.

À 17 h, l'empereur Guillaume II ordonne la mobilisation en Allemagne, donc une heure et quart après celle ordonné par le gouvernement français. Il déclare la guerre à la Russie à 19 h. La guerre avec la France est désormais une affaire d’heures. 

Le lendemain 2 août, le Président Raymond Poincaré publie dans le Figaro une déclaration, affichée ensuite sur les murs de toutes les communes de France, dans laquelle il déclare notamment, après une déclaration de principe trompeuse sur la volonté pacifique de la France : « La mobilisation n’est pas la guerre ; dans les circonstances présentes elle apparaît au contraire comme le meilleur moyen d’assurer la paix dans l’honneur. Fort de son ardent désir d’aboutir à une solution pacifique de la crise, le gouvernement, à l’abri de ces précautions nécessaires, continuera ses efforts diplomatiques et il espère encore réussir. »

Il sait bien qu’il essaie de tromper les Français, lui qui est l’un des artisans principaux de la décision, ruminée et préparée depuis 1871, de s’engager dans la guerre contre l’Allemagne.

Au soir du 2 août, l'Allemagne somme le gouvernement belge de ne pas s'opposer au passage des troupes allemandes à travers la Belgique.

Le 3 août à 18 h 45, l'ambassadeur d'Allemagne transmet au chef du gouvernement français la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France.

Le 4 août, le Président du Conseil lit à la Chambre de députés une déclaration selon laquelle, la France, vient « d'être l'objet d'une agression brutale et préméditée » alors que depuis l’assassinat de l’Archiduc François Ferdinand, «On ne peut lui imputer aucun acte, aucun geste, aucun mot qui n'ait été pacifique et conciliant » et « qu'elle a fait, jusqu'au dernier moment, des efforts suprêmes pour conjurer la guerre qui vient d'éclater et dont l'empire d'Allemagne supportera, devant l'histoire, l'écrasante responsabilité. » Aussi, « dans la guerre qui s'engage, la France aura pour elle le droit » et c’est pourquoi « elle sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée. » 

 

La doctrine officielle est désormais établie : la France n’a ménagé aucun effort pour éviter la guerre, elle a été injustement agressée et il y répond par l’union sacrée. L’argument servira un quart de siècle durant, le temps de justifier la guerre suivante qui en découlera, en 1940.

À SUIVRE
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En mai 1914, le peuple vote contre la guerre

31 Janvier 2014 Publié dans #HISTOIRE

Dans le dernier blog, je rappelai l’extraordinaire  légèreté avec laquelle les élites lancèrent le peuple français dans la fournaise de la guerre. Il est tout aussi remarquable que cette décision des élites n’était nullement fondée sur l’assentiment, même tacite, du peuple. 

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En effet, l’opinion était largement opposée en 1913 à l’allongement du service militaire. Parmi le personnel politique Jean Jaurès et la SFIO comme Joseph Caillaux et le Parti Radical sont contre cette loi, alors que Clemenceau, ce héros belliciste  des élites, était pour, comme Poincaré, alors Président de la République. Les élections devaient avoir lieu en mai 1914, et, comme on ne le rappelle généralement pas, c'est Jean Jaurès qui emporta l’adhésion des électeurs. 

Au début de l'année 1914, l’abrogation de la loi de trois ans est un des thèmes de la campagne, avec l’instauration de l’Impôt sur le Revenu. Le 13 janvier se créé la Fédération des Gauches qui rassemble la gauche modérée en vue des élections, avec Briand, Barthou et Millerand. Le 28 janvier, à la clôture de leur congrès, les socialistes décident de soutenir les candidats républicains qui se prononceront pour l’entente franco-allemande, pas pour la guerre !

Du côté des bellicistes, la campagne médiatique contre le pacifiste continu, menée par le Figaro. À la suite de la publication par Gaston Calmette d’une lettre confidentielle de Joseph Caillaux, Madame Caillaux tue le directeur du Figaro d’un coup de pistolet le 16 mars 2014. Elle sera acquittée le 29 juillet suivant (la justice allait vite en ces temps là!).

Au début du mois de mai 1914, Robert de Jouvenel, le directeur de L’œuvre (quotidien radical-socialiste et pacifiste qui publia en feuilleton Le Feu d’Henri Barbusse), publie la République des camarades qui montre en quoi, à l’instar de nos élites actuelles, la séparation des pouvoirs est devenue fictive en raison de la « camaraderie parlementaire générale », de la professionnalisation de la fonction de député et des entraves au contrôle de la vie démocratique. On se croirait projeté un siècle plus tard !

Puis, le 10 mai 1914, les électeurs envoient une majorité de gauche pacifiste au Parlement. Il faudra un mois à Raymond Poincaré, un partisan crucial de la guerre contre l’Allemagne, pour former un gouvernement dirigé par René Viviani, un socialiste. Ce dernier jette en pâture aux socialistes et aux radicaux le projet de loi créant l’impôt sur le revenu qui sera voté le 15 juillet 1914, 18 jours avant la guerre avec l’Allemagne. C’est un os à ronger pour des députés qui sont anxieux de montrer qu’une fois élus, ils restent à gauche. Le débat sur l’abrogation du service militaire de trois ans reste ouvert.

L’organisation des évènements se chargera de rendre la question obsolète. En effet, le 28 juin 1914, Le prince héritier de l’Empire Austro-Hongrois François-Ferdinand et sa femme sont assassinés à Sarajevo par Gavrilo Princip, un étudiant lié à l’organisation terroriste serbe « La Main Noire ».

Comme Guillaume II se prononce pour « l’élimination de la Serbie en tant que facteur politique dans les Balkans », une guerre européenne est possible. Mais personne ne veut vraiment y croire, car ce serait folie! Les dirigeants  politiques cherchent à rassurer l’opinion.

Le 23 juillet, en déplacement en Russie le communiqué franco-russe constate « la parfaite communauté de vue » entre les deux parties. Sous les mots lénifiants, ce communiqué annonce la guerre, car il souligne « les divers problèmes que la  souci de la paix générale et  l’équilibre européen posent devant les puissances, notamment  en Orient ».

Cela signifie que toute tentation de provoquer un déséquilibre européen entrainera la guerre et qu’au lieu de calmer leurs interlocuteurs russes, Poincaré et Viviani ont décidé  de soutenir la Russie dans sa confrontation avec l’Allemagne. Dés lors, le toboggan vers la guerre se met en place.

Le 25 juillet, le gouvernement français envoie aux français un message subliminal en multipliant les défilés militaires avec fanfares, ce qui n’émeut pas une opinion passionnée par le procès de Madame Caillaux.

 

Mais en France, ce 25 juillet 1914, l’opinion ne se doute de rien alors que, discrètement, tous les officiers généraux et tous les chefs de corps sont rappelés et leurs permissions supprimées…

À SUIVRE

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Le pouvoir des élites au cours du temps

26 Janvier 2014 Publié dans #HISTOIRE

Face au redoutable pouvoir central, les révoltes ont toujours échoué qu’elles soient régionales, comme en Vendée, ou sociales comme en 1848 ou lors de la Commune.

Casque AdrianC’est que le pouvoir des élites s’appuie sur la structure étatique la plus puissamment centralisée du monde, Chine y compris : aucun Président ne dispose de plus de pouvoir que le Président de la République Française.

Cette structure centralisée du pouvoir est le facteur explicatif principal de l’autonomie des élites par rapport au peuple, qui a été récemment illustrée par le rejet du projet de Constitution Européenne par referendum en 2005 : les élites lui ont substitué avec arrogance le Traité de Lisbonne deux ans plus tard, soigneusement non soumis à un referendum. La permanence de cette autonomie des élites, qui les autorise à sacrifier le peuple à leurs convictions, est illustrée par de nombreux exemples historiques, des plus récents aux plus anciens :

Les procédures répétées de modification de la Constitution de la Ve  République, sans passer par des referenda.

Le processus d’indépendance de l’Algérie, orchestré par De Gaulle, prodigue de mensonges et du sang des harkis.

Le déclenchement de la guerre de 1914-1918, sur lequel je reviendrais infra.

La déclaration de la guerre de 1970.

La politique européenne de Napoléon Bonaparte.

La politique de la Terreur menée par Robespierre et ses affidés.

La guerre permanente menée par Louis XIV et l’abrogation de l’Édit de Nantes.

Cette liste (non exhaustive) illustre le caractère profond et pérenne de la domination des élites sur un peuple qu’elle est toujours prête à sacrifier à ses convictions.

Parmi les exemples précédents des choix stratégiques effectués par les élites sans l’aval du peuple, il me paraît utile d’analyser le processus politique immédiat qui a conduit à la guerre de 1914-1918. En effet, la France officielle s’apprête à célébrer le sacrifice des poilus pour la France, sous-entendant qu’un unanime et immense élan populaire a soutenu la déclaration de guerre en 1914.

C’est une belle tentative de travestissement des évènements historiques, destinée sous le couvert de l’hommage au courage du peuple à lui rappeler qu’il est destiné à servir de chair à pâté selon le bon vouloir des élites. Après tout si nos ainés ont accepté de mourir nous pouvons bien accepter que nos enfants soient destinés au chômage de masse décidé par nos élites.

Observons, date par date, l’évolution des décisions des élites de 1913-1914 et de l’opinion publique :

Le 25 mai 1913, une grande manifestation a lieu au Pré-Saint-Gervais. Le directeur du Figaro, Gaston Calmette  commence sa campagne contre Joseph Caillaux, réputé pacifiste et partisan de l’instauration de l’impôt sur le revenu : ce n’est pas d’hier que date la collusion des grands médias avec le pouvoir, car, de fait ces medias lui appartiennent, quoi qu’en prétendent ses employés, les journalistes.  

Le 19 juillet 1913, les élites décident de porter la durée du service militaire à trois ans, au lieu de deux ans. L’argument invoqué est, qu’au moment d’une mobilisation éventuelle, la France ne pourrait aligner que quatre cent quatre vingt mille soldats contre huit cent cinquante mille soldats pour l’Allemagne. Cette comparaison n’était bien entendu valable que pendant les quatre jours qui suivaient celui de la mobilisation, cette dernière permettant aux deux millions cinq cent mille réservistes de rejoindre leurs affectations et de rétablir l’équilibre des effectifs mobilisés.  L’accroissement de la durée du service militaire n’était donc pas indispensable, tout en constituant un signal clair de préparation à la belligérance adressé à l’Allemagne. « Si vis pacem, para bellum », c’est ainsi qu’elle fut présentée.   

Mais la loi ne fit pas l’unanimité, notamment auprès des appelés de la classe 1911 qui virent leur temps de service prolongé d’un an. Ces appelés protestèrent, manifestèrent, chantèrent l’Internationale et tentèrent parfois de quitter collectivement les casernes. Rien n’y fit. Le nombre d’appelés passa donc en quelques mois à sept cent cinquante mille hommes, sans que la préparation effective à la guerre en fût accrue, car au moment de son déclenchement, les équipements militaires se révélèrent dramatiquement insuffisants, puisque les soldats français furent privés de casques pendant plus d’un an.

 

Vous avez bien lu : les soldats français furent privés de casques jusqu’en septembre 1915, provoquant, on peut s’en douter la mort d’un nombre incalculable de soldats ! Il est en effet remarquable que l’armée française fut la seule à s’engager dans la guerre de 1914 sans casques pour ses soldats : les élites comptaient plus sur le sacrifice total des soldats du peuple, sans casques et en pantalon garance, pour mener à bien leurs plans stratégiques que sur la qualité de leur organisation.  

 

Si personne ne souhaitait la mort de ce million et demi de jeunes hommes, les élites estimaient toutefois que la réalisation de leurs objectifs justifiait ce prix.

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L'élite et le peuple

17 Janvier 2014 Publié dans #HISTOIRE

 

C’est une critique rémanente faite à nos élites : elles n’écoutent pas, elles ne se préoccupent pas du peuple.

REPUBLIQUE

Ces élites françaises peuvent-elles être logiquement séparées du peuple ? En d’autres termes, comment les identifier? Je définis ces élites, non par leur niveau intellectuel ou les moyens matériels dont elles disposent, mais comme étant constituées par le cercle qui exerce un pouvoir politique, économique, social et médiatique sur la société française et que Raymond Barre avait joliment qualifié de « microcosme ».

En pratique, ces élites sont essentiellement parisiennes, dont, par exemple, le maire de Nice, puissant dans son espace géographique, n’en fait pas vraiment partie. Elles regroupent des personnes qui se connaissent depuis toujours, dont les enfants vont à l’école ensemble, qui se retrouvent dans les mêmes restaurants, les mêmes spectacles, les mêmes clubs, qui vont souvent aux vacances ensemble. Ce sont des élites qui semblent se renouveler assez peu, qui se cooptent comme bien des catégories de la société française, telles que les enseignants ou les employés d’EDF, ce qui explique que la société française ait des difficultés à muter, chacun défendant son pré carré. Elles sont assez souvent héréditaires, comme le montre le parcours d’un certain nombre d’héritiers: NKM, Joxe, Debré ou Baroin par exemple.

Au total, ces élites forment un groupe assez stable qui partage largement des points de vue communs sur les mœurs, le monde, l’Europe, la France :

L’homosexualité doit être banalisée, la drogue doit être autorisée, l’euthanasie doit être encouragée, la réinsertion doit primer sur la répression vis à vis de la délinquance. En résumé, la tolérance en matière de mœurs.

La mondialisation est un phénomène irrésistible auquel la société française doit s’adapter coûte que coûte, en acceptant la concurrence et l’immigration.

L’Union Européenne est l’horizon indépassable de la France qui doit s’y intégrer par le moyen de l’Euro et les accords Schengen aujourd’hui, par la coopération financière et fiscale demain, par des structures fédérales après demain.

Il en résulte que la France est une structure politique qui n’a pas d’avenir, dans la mesure où les entreprises ont vocation à devenir transnationales et où la population a des références de plus en plus multiculturelles.

Les élites s’efforcent de transmettre leurs points de vue au peuple, qui a tendance à y résister, car la plupart des choix des élites obtiendraient généralement des réponses négatives s’ils étaient soumis à referendum si bien que les médias estiment que la tendance naturelle des électeurs consiste à répondre « non » aux questions qui leur sont posées.   

Les élites ne se laissent pas rebuter par cette fâcheuse incapacité du peuple à approuver leurs choix, car elles considèrent que leur mission  consiste à lui imposer les mutations qui leur paraissent nécessaires, selon ce que l’on peut appeler la théorie de l’avant-garde, qu’elles estiment constituer. Elles imposent donc leur point de vue par la loi, par les traités, par le verrouillage des élections et par le contrôle de l’ensemble des leviers de pouvoir de la société française. Ceux qui s’en écartent sont lourdement sanctionnés afin qu’ils n’aient pas d’effet d’entrainement, comme J.M. Le Pen ou plus récemment Dieudonné, accablés de procès ou d’interdictions.

Que les élites imposent leur volonté au peuple, et non l’inverse, paraît assez logique en France. Ce n’est pas le cas partout. En Europe ou en Amérique du Nord, le concept de démocratie, même partielle, est plus vivant qu’en France, En Chine par contre, le P.C.C. prétend déterminer de manière autonome le destin du peuple chinois.

Les élites mentionnent peu le terme de démocratie. Elles préfèrent celui de « République » avec un R, pour qualifier leur manière de conduire le peuple là où elles le souhaitent, car il offre l’avantage de se référer à la Révolution (avec un R aussi) qui fut menée par les élites. En ce sens, le terme s’inscrit dans la tradition royaliste établie par la monarchie absolue de Louis XIV, qui visait à concentrer le pouvoir politique entre les mains d’un petit groupe rassemblé autour du Roi qui était le pouvoir : « l’État, c’est moi ».

 

En France, aujourd’hui encore, l’État, c’est le Président de la République, auquel les élites  s’agrègent. 

(À SUIVRE)

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