Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

histoire

Les Pol Pot français de 1793 à l'oeuvre

17 Février 2013 Publié dans #HISTOIRE

Je ne sais pas si vous avez vraiment réalisé quelle fut la nature du régime de la France à partir d’août 1792 : ce pays prospère, ce pays de liberté, après trois années de rêveries et d’ébullition, fut brutalement livré à de froids assassins qui se mirent à exécuter en masse tous ceux qui s’opposaient à eux. 

terreur.jpgCe sont en effet de monstrueux terroristes, à la manière de Pol Pot, qui prirent chaque jour des décisions inouïes.

Chaque jour.

Donnez vous le temps de lire calmement leurs effrayants décrets pris en deux semaines seulement, entre le 27 mars 1793 et le 09 avril 1793, pour réaliser pleinement ce qu’ils signifient ; il vous suffit pour comprendre d’imaginer un instant qu’on les applique aujourd’hui :

-       Le 27 mars, Danton propose d’armer chaque citoyen d’une pique : la liberté de tuer tout un chacun, dés lors qu’il est « suspect ».

-       Le 28 mars, les immigrés sont déclarés hors la loi, en d’autres termes ils sont condamnés à mort par contumace.

-       Le 29 mars, l’obligation est faite aux propriétaires d’afficher le nom de ceux qui résident chez eux et la peine de mort est applicable contre tout écrivain, imprimeur ou éditeur d'écrits « contre-révolutionnaires ». Voici ce dont témoigne la marquise de la Tour du Pin dans ses mémoires : «  on ordonna que, dans chaque maison, on placarderait sur la porte d’entrée une affiche, délivrée à la section, sur lesquelles seraient inscrits les noms de toutes les personnes habitant la maison » !

-       Le 01 avril, l'inviolabilité des députés est supprimée. Ainsi il est possible de terroriser, d’arrêter et d’exécuter tout opposant politique, même élu du Peuple.

-       Le 05 avril, les pouvoirs du Tribunal Révolutionnaire sont considérablement accrus et ses jugements sont sans appel et exécutoires dans les 24 heures ! Une justice expéditive et sans appel !

-       Le 09 avril, des Commissaires de la République sont mis en place dans les armées, chargés de surveiller la conduite des officiers généraux. Les commissaires soviétiques ou khmers s’en sont directement inspirés.

-       Le 11 avril, l’assignat a désormais cours forcé. En conséquence, il est défendu de conserver des louis d’or, sous peine de mort.

Et je ne mentionne, à titre d'exemple, que cette courte période de quinze jours!

 

Des révoltes éclatent dans tout le pays. Voici comment se passe la reprise en main du pouvoir à Bordeaux, toujours selon le témoignage factuel de la marquise de la Tour du Pin :

«  La ville de Bordeaux, animée par les Girondins qui n’avaient pas voté la mort du roi, était en état de demi-révolte contre la Convention. Mais Bordeaux ne possédait pas, loin de là, l’énergique courage de la Vendée. Une troupe armée de 800 ou 1000 jeunes gens des premières familles de la ville s’était pourtant organisée. Mais perdus dans des abstractions, les divers membres de la municipalité de Bordeaux et du département de la Gironde ne voulaient ni être royalistes comme les Vendéens, ni révolutionnaires comme la Convention. »

Des centristes en somme !

«  Oubliant le fait que l’armée révolutionnaire était à leur porte, les infortunés croyaient que Tallien et Ysabeau leur laisseraient le temps de débrouiller leurs idées. Pouvait-on présumer qu’une ville de 80000 âmes se soumettrait sans résistance à 700 misérables, appuyés par deux canons seulement, tandis qu’une troupe d’élite, composée de tous les gens les plus distingués de la ville, était rangée derrière une nombreuse batterie en avant de la porte. Ces misérables étaient commandés par le général Brune, un des égorgeurs d’Avignon. Le matin du 13 septembre 1793, « l’armée révolutionnaire » entra dans Bordeaux… »

 

Tallien ? Ysabeau ? Brune ? nous reviendrons sur ces « héros républicains », de répugnants personnages comme vous pourrez le constater.

 

La suite de ce qui se passa à Bordeaux après l’entrée de cette bande d’assassins dans mon prochain blog sur la période de la Terreur.  

Lire la suite

Le temps de Danton, des Comités et des agneaux bêlants

31 Janvier 2013 Publié dans #HISTOIRE

Dans mon blog du 6 janvier dernier, je relatais le procès et l’exécution du Roi, dans le silence hivernal qui entoure la fin d’un régime politique, mais aussi d’un équilibre social et d’une tradition culturelle millénaires. Une nouvelle ère commence, qui ne veut nullement faire le lien avec le passé, mais le rompre violemment. Tout le drame est là.

 

dantonPar chance pour les Terroristes de la Convention, qui démontrent de ce fait qu’ils possèdent une base politique solide, la fin de la royauté coïncide avec les victoires militaires de la toute nouvelle République. Depuis Valmy, victoire ambiguë acquise par les troupes de Dumouriez le 20 septembre 1792, le jour même de la dernière séance de l’Assemblée Législative du Royaume, les troupes françaises ont avancé pour occuper la Belgique. La Convention veut l’annexer afin d’étendre la France à ses « frontières naturelles », les Alpes, les Pyrénées et le Rhin, en somme réaliser mieux que les Rois de France ce dont ces derniers ont toujours rêvé.

Et la Convention n’a pas peur : alors qu’elle est déjà en guerre avec la Prusse et l’Autriche, elle décide, pour faire bonne mesure, de déclarer en sus la guerre à l’Angleterre et à la Hollande, et même à l’Espagne. Pour faire face aux deux cent quatre-vingt mille hommes de la coalition qu’elle a décidée d’affronter, la Convention ordonne la levée de trois cent mille hommes supplémentaires, ce qui portera les effectifs de l’armée française à quatre cents soixante-dix mille hommes pour atteindre un million d’hommes fin 1793, en supériorité numérique sur les Alliés. Cette décision ne passe pas. Les campagnes se révoltent contre la conscription, notamment la Vendée. Dumouriez, le vainqueur de Valmy, passe aux Autrichiens avec son état-major et le Duc de Chartres qui deviendra Louis-Philippe, le roi des Français de 1830 à 1848. Le Duc de Chartres est le fils de Philippe Égalité, ci-devant Duc d’Orléans qui était à la veille de la Révolution l’un des princes les plus riches de France et le grand maître de la franc-maçonnerie. C’est Le Duc d’Orléans qui a probablement inspiré l’émeute du 14 juillet 1789. Élu député de la Convention, il a voté la mort de son cousin Louis XVI, mais il sera lui-même arrêté en tant que membre de la famille des Bourbons et exécuté le 6 novembre 1793.

 

Le régime de la Convention se transforme en dictature pour s’exonérer de toutes les faiblesses et compromissions d’un régime d’assemblée. Le 6 avril 1793 est créé un Comité de Salut Public excluant les Girondins et dont Danton est le maître.  Le Comité est destiné à surveiller le Conseil exécutif et l’administration. Il se révèle, dans ses principes et dans ses actes, comme l’illustration parfaite de l’abus de pouvoir. Doté de fonds secrets, occupant des centaines d’employés, il dirige la diplomatie, les opérations militaires et la politique économique pour finalement prendre en main la police et l’administration. Le Comité de Salut Public pousse  la centralisation à l’extrême : dans chaque Département, deux membres de la Convention, véritables proconsuls limogeables à tout moment, sont chargés d’étouffer les complots et d’épurer les administrations.

Le Comité de Salut Public est complété par un Comité de Sûreté Générale, déjà créé le 25 novembre 1791 sous le nom de Comité de Surveillance. Après le 10 août 1792, il prend le nom de Comité de Sûreté Générale avant d’être réorganisé sous la Convention qui le charge de rechercher les suspects, de rédiger les ordres d'arrestation, effectués par des policiers de la Commune insurrectionnelle de Paris et de les envoyer devant le Tribunal révolutionnaire. La plupart de ses membres entrent rapidement en conflit avec le Comité de Salut Public et en particulier avec Robespierre, ce qui explique en bonne partie la chute politique de ce dernier. Le Comité de Sûreté Générale fut finalement supprimé en octobre 1795.

Le Comité de Salut Public est également complété par un indispensable Tribunal Révolutionnaire chargé de juger les attentats contre la liberté, l'égalité, l'unité, l'indivisibilité de la République, la sûreté intérieure et extérieure. Une tâche immense, des suspects aussi nombreux que les citoyens de la République Française. Les jugements du Tribunal Révolutionnaire sont sans appel et exécutoires dans les 24 heures. Ce tribunal est composé de 5 juges, d'un accusateur public et d'un jury de 12 personnes. Il s’élargira plus tard à des  tribunaux dotés de 16 juges et 60 jurés.

 

Voilà le tableau de la situation politique. Les Montagnards et la Commune de Paris sont les maîtres. Avec le Comité de Salut Public, le Comité de Sûreté Générale et le Tribunal Révolutionnaire, ils se sont donné les organes qui leur permettent d’arrêter, de condamner puis d’exécuter n’importe qui et en tout cas de terroriser tout le monde.

Je ne sais si vous avez jamais rêvé d'avoir vécu les temps de la Révolution, mais imaginez vous un instant immergé dans un tel Régime : vous trembleriez de peur qu’un voisin jaloux ne trouve le moyen de vous envoyer à la Guillotine pour se débarrasser de vous!

Dans ce régime qui fut le nôtre, ils parlent de liberté et arrêtent qui ils veulent.

Dans ce régime, ils parlent d’égalité et ils sont les maîtres qui terrorisent le peuple en son entier, troupeau condamné à obéir ou à mourir.

Dans ce régime, ils ne rêvent que d’unité, ce qui veut dire tout contrôler : des comptables de votre corps et de vos âmes.  

Aucune structure politique aussi radicale que celle de la Terreur n’existera jamais dans le monde jusqu’aux bolcheviks de Lénine, Trotski et Staline.

 

Est-ce la République dont rêvent nos républicains au pouvoir ? Bien sûr ils en rêvent, quoiqu’ils ne l’avoueront jamais, la main sur leur cœur si farouchement démocratique. Je ne vous conseille tout de même pas de les croire, comme l’histoire vous le montre à chaque pas…

 

 

 

Lire la suite

Sed quia custodiet ipsos Custodes?

6 Janvier 2013 Publié dans #HISTOIRE

Le 30 décembre dernier, je publiai mon dernier blog de l’année 2012, «  Prélude au drame de la Convention », qui relatait comment la Convention mettait en place le régime de la Terreur en s’appuyant sur une faible minorité de la population.

 

louis16_execution.jpgCette faible minorité devrait nous inspirer réflexion, en nous montrant qu’il n’est nul besoin d’être majoritaire pour gouverner le pays : il suffit pour cela de s’emparer des manettes de l’État centralisé.

C’est encore le cas aujourd’hui et ceux qui croient qu’une révolte de la population peut contraindre un gouvernement à revenir sur ses décisions les plus iniques ou les plus stupides se trompent de pays. Nous n’habitons pas dans les pays scandinaves mais en France, ou le Pouvoir est tout puissant et le citoyen impuissant.  Regardez ce qui s’y est passé en 1793 :

Le procès de Louis XVI commence. Tandis qu’en province des manifestations ont lieu en faveur du roi, les Girondins ont peur à Paris d’être accusés d'antirépublicanisme s’ils ne votent pas sa condamnation, une condamnation que la Montagne souhaite afin de brûler les vaisseaux des Conventionnels. Cette situation politique entraînera logiquement la condamnation à mort de Louis XVI.

Le 15 janvier 1793, c’est unanimement, c’est dire combien la pression des tribunes était forte, que les députés déclarent Louis Capet coupable de conspiration contre la sûreté générale de l'État. Seulement trente-trois députés considèrent qu’ils n’ont pas à le juger, tout en n’osant pas le déclarer non coupable : les procès staliniens datent très exactement de la Convention.

Le 15 janvier, les Girondins résistent encore faiblement en demandant qu’il soit condamné par les assemblées primaires de toute la France. L’hostilité des tribunes, en d’autres termes non le peuple de France mais les délégués télécommandés par la Commune de Paris et la Montagne, fait rejeter cette proposition par 423 voix contre 283. 


Du 16 janvier au 17 janvier, les 721 députés présents défilent pour se prononcer à haute voix sur la sentence. Malgré la pression des tribunes, le vote de la Convention ne donne que 361 voix pour la mort sans condition, soit une seule voix de majorité, 26 voix pour la mort avec sursis, 43 voix pour la mort avec sursis sous conditions et 291 voix pour un châtiment autre que la mort.


Les Girondins demandent alors le sursis, mais la partie est déjà finie et ce sursis est refusé le 20 janvier 1793, par 380 voix contre 310 voix.

Louis XVI est exécuté par le moyen de la guillotine, le 21 janvier à 10 heures 10, place de la Concorde, alors appelée place de la Révolution.

La marquise de la Tour du Pin, qui logeait à Passy, hors les murs de Paris, conte avec simplicité dans ses remarquables mémoires (page 180) cette matinée particulière : « Le matin du 21 janvier, les portes de Paris furent fermées, avec ordre de ne pas répondre à ceux qui en demanderaient la raison à travers les grilles. Nous ne la devinâmes que trop, et appuyés  mon mari et moi, sur la fenêtre de notre maison qui regardait Paris, nous écoutions si le bruit de la mousqueterie ne nous apporterait pas l’espoir qu’un si grand crime ne se commettrait pas sans opposition. Frappés de stupeur, nous osions à peine nous adresser la parole l’un à l’autre [] Hélas le plus grand silence continua à régner dans la ville régicide. À 10 heures et demie, on ouvrit les portes, et tout reprit sont cours comme à l’ordinaire. Une grande nation venait de souiller ses annales d’un crime que les siècles lui reprocheront et pas une petite habitude n’était dérangée…»

 

Les plus grands crimes se commettent en silence, dans l’indifférence générale, mais leur écho résonne à l’infini dans le cours du temps.

 

NB: Sed quia custodiet ipsos Custodes ? = Mais qui gardera les gardiens ? (Juvénal, Satires, 101-127) 


Lire la suite

Prélude au drame de la Convention

30 Décembre 2012 Publié dans #HISTOIRE

Le 23 décembre dernier, j’ai publié un blog, dans la série histoire, intitulé « La commune insurrectionnelle terrorise la France » Il en ressort que la dictature de la Commune insurrectionnelle de Paris est présentée dans l’histoire officielle comme légitime.

BrissotRevenons donc au cours de l’histoire.

Le calendrier devient républicain, mais comme cela n’a duré que du 6 octobre 1793 au 31 décembre 1805, avec un calcul rétroactif des dates à partir du  premier jour de l’an I de la République, le 22 septembre 1792, nous continuerons à utiliser pour notre part le calendrier traditionnel, sauf pour les dates historiques les plus connues.

Les sept cent cinquante députés de la Convention se répartissent en trois groupes : composée de politiciens provinciaux, la Gironde souhaite plus de libertés dans les départements. C’est ainsi que Lasource, député du Tarn, demande ingénument « que Paris soit réduit à un quatre-vingt-troisième d'influence, comme chaque département » ! On ne peut que constater que l’histoire ne lui ait guère donné satisfaction jusqu’à ce jour, les autonomistes corses, bretons ou basques en savent quelque chose.

Face à la Gironde, la Montagne s’appuie sur la Commune insurrectionnelle. Malgré une participation au vote de dix pour cent seulement des électeurs, elle n’a même pas réussi à obtenir la majorité au sein de la Convention, c’est dire si elle est minoritaire !

Entre les deux, certains députés se situent dans le Marais ou la Plaine. Les plus habiles d’entre eux, comme Sieyès, Cambacérès ou Boissy d’Anglas, sauront attendre que les deux premiers groupes s’entredéchirent pour s’emparer du pouvoir après le 9 Thermidor.

Le chef de file des Girondins est incontestablement Jacques-Pierre Brissot, ce qui fait que les Girondins ont aussi été appelés les « brissotins ». On a oublié que Brissot a été un des principaux acteurs de la Révolution, dans la mesure où il a été éliminé par Robespierre. Ses écrits comme ses discours ont pourtant fortement contribué à la marche vers la Révolution.

Brissot a été élu à l’Assemblée législative le 18 septembre 1791. Il s’oppose tout de suite à Robespierre, Danton, Marat, Camille Desmoulins ou Hébert, au sujet de la déclaration de guerre aux puissances européennes. Lui en est fortement partisan afin de  lutter contre les menées des émigrés, de propager la Révolution en Europe et de contraindre le roi à prendre parti. Ses adversaires craignent au contraire que la guerre ne signe la perte de la Révolution. Aussi, lorsque le roi s’enfuit et est rattrapé à Varennes en juin 1791, il en conclut que le roi doit être déchu et la République proclamée, puisqu’il s’associe aux adversaires du Royaume. 

C’est Brissot qui a fondé en 1786 la Société des amis des Noirs  dont le but est de supprimer l’esclavage aux colonies et qui réussit à faire voter le 24 mars 1792, pour une fois avec l’accord de Robespierre, un décret accordant l'égalité des droits entre les  hommes de couleur libres et des blancs. On n’en est pas encore à l’abolition de l’esclavage, même sous la Révolution…

Brissot est réélu à la Convention, et il a tout de suite le courage de flétrir les massacres de septembre 1792 puis de s’élever avec énergie contre la condamnation à mort du roi, tout en se résignant à voter sa mort dans la mesure où se vote lui paraît inévitable mais en l’assortissant de la condition expresse que le jugement ne sera exécutoire qu’après avoir été ratifié par le peuple. Cette condition n’est nullement respectée ; elle ne sert qu’à exaspérer les Montagnards et ne retarde en rien l’exécution de Louis XVI. Accusé de royalisme et de fédéralisme, poursuivi par la haine de Robespierre, Brissot sera finalement arrêté le 2 juin 1793, condamné à mort le 30 octobre 1793, avec vingt-et-un de ses collègues girondins et guillotiné le lendemain, à l’âge de trente-neuf ans.

Louis XVI, qui ne se faisait aucune illusion sur l’issue de son procès, écrivit son testament la veille du début des audiences, le 25 décembre 1792. Son procès est d’ailleurs le révélateur de l’ambiance de terreur subie par les députés de la Convention qui doivent voter en séance publique et par appel nominal à la tribune…

Lire la suite

La Commune insurrectionnelle terrorise la France

23 Décembre 2012 Publié dans #HISTOIRE

Le 28 novembre dernier, j’ai publié un blog titré «  La France de la Terreur se met en place » qui décrit comment les insurgés prirent le pouvoir après le 10 août 1792 en dissolvant le régime constitutionnel royal.

 

massacres-septembre-1792.jpgDès que la nouvelle de la sédition fut connue en province, des révoltes royalistes éclatèrent dans le Dauphiné, à Lyon, en Bretagne, en Mayenne et en Vendée. Rappelons-nous, tant l’histoire officielle inverse les rôles, que la royauté était le régime légal de la France et que les conventionnels de l’automne 1792 n’étaient que des putschistes.

Pour lutter contre cette résistance légaliste, la Commune insurrectionnelle décida d’envoyer des commissaires qui créèrent dans tous les départements des comités de surveillance à côté des municipalités.

Puis, regardez comme les événements vont vite, le 17 août 1792, à la demande de la Commune insurrectionnelle, la minorité des 285 députés de l'Assemblée nationale législative inventa un tribunal criminel extraordinaire, composé de juges élus par les sections parisiennes, devant lequel devaient être traduits les « contre-révolutionnaires ».

La suite du calendrier de ce groupe terroriste est tout aussi révélatrice :

Le 19 août, la garde nationale est purgée des opposants à la Commune.

Le 21 août a lieu la première exécution politique, lorsque Collenot d’Angremont, chef du bureau de l'Administration de la Garde Nationale, est guillotiné.

Le 26 août, les prêtres réfractaires sont condamnés à la déportation.

Le 29 août, la Commune insurrectionnelle impose le vote à haute voix et en public aux électeurs parisiens.

Le 30 août, la Commune inaugure les visites domiciliaires : elle arrête six cent « suspects ».

Du 2 au 5 septembre, le Conseil exécutif « laisse » se produire les massacres de plus de mille deux cent prisonniers, dont de nombreux prêtres réfractaires, dans l’abbaye de Saint-Germain. Notez comme l’historien contemporain veille aujourd’hui encore à excuser  à demi ces massacres : « le tocsin qui sonne, un climat de frayeur panique, l’obsession punitive, aucune instruction repérable, aucun ordre venu d’en haut, des petits bourgeois qui se transforment en égorgeurs, les modérés qui prennent peur et se taisent, des hommes politiques qui endossent l’événement comme « inévitable » tels sont les enchaînements « ordinaires » de cette première Terreur » écrit en 1999 Jacques Marseille (1945-2010), un historien pourtant réputé libéral, dans sa Nouvelle Histoire de la France (page 688).

Que de justifications pour un massacre extraordinaire par son ampleur et par sa nouveauté ! Les bénéficiaires en étaient Danton et leurs complices qui se débarrassaient d’opposants sans avoir à en porter directement la responsabilité, qui terrifiaient leurs adversaires et qui compromettaient tous les exécutants, devenus leurs obligés. Un massacre bienvenu !

L’ambiance est à la haine : écoutez le bon abbé Grégoire, un député de la Convention, qui déclarait le 21 septembre 1792 en séance : « Les rois sont dans l’ordre moral ce que les monstres sont dans l’ordre physique. Les Cours sont l’atelier du crime, le foyer de la corruption et la tanière des tyrans. » Cette déclaration suivait de deux semaines à peine les massacres des collègues prêtres de l’aimable abbé, commis au nom de la liberté dans les prisons de l’Abbaye de Saint-Germain.

Le 21 septembre, dés sa première réunion, la Convention décide d’abolir la royauté. Le 22 septembre 1792 est proclamé le premier jour de l’an I de la République. Notez que c’est une date dont vous n’avez jamais entendu parler, alors qu’elle est celle de la fondation de nos républiques, la Ve étant par définition après cette république-là, dont on devrait logiquement célébrer l’avènement.


Mais la date et l’époque sont si peu glorieuses, que notre République, tout en comptant la première comme une vraie république, préfère en occulter la date, minimiser les événements qui la fondent et faire passer les royalistes pour des rebelles, des insurgés, alors que c’étaient la Commune de Paris qui organisait la sédition.

Lire la suite

La France de la Terreur se met en place

28 Novembre 2012 Publié dans #HISTOIRE

Le 13 octobre dernier, j’ai publié un blog sur « le jour de naissance du totalitarisme » qui est sans conteste le 10 août 1792, le jour où la France est devenue l’otage d’une faction terroriste.

 

barere.jpgMais ce n’est pas la version officielle, car sinon, par « devoir de mémoire » comme l’on dit aujourd’hui, on apprendrait à chaque citoyen l’horreur de la Terreur. Au contraire, on débat gravement des personnalités de Robespierre ou de Danton, sur lesquels les avis sont partagés. On leur trouve des excuses, on songe à réhabiliter le Comité de salut public. C’est tout juste si certains ne soutiennent pas qu’ils ont guillotiné au nom de la Nation.

Toutes les arguties ne peuvent cacher qu’ils n’étaient que des agitateurs, des factieuxdes assassins, auxquels on cherche aujourd’hui des excuses pour des raisons idéologiques. Je ne reviendrai pas sur la vie et l’œuvre de Danton ou de Robespierre dont chacun peut partout trouver les biographies, mais je vais rapidement relater le curriculum vitae édifiant de Bertrand Barère de Vieuzac (1755-1840), célèbre au moins pour avoir sinistrement écrit « il n’y a que les morts qui ne reviennent pas »:

C’est Bertrand Barère qui préside la Convention lors du procès de Louis XVI et qui, à ce titre, obtient la majorité pour que soit appliqué au roi déchu la peine de mort sans sursis.

En tant que membre du Comité de Salut Public, c’est lui qui demande la mise en accusation de la Reine et la destruction des tombeaux royaux de Saint-Denis.

C’est lui qui recommande l’assassinat, oui l’assassinat, des prisonniers de guerre anglais. 

C’est lui le démolisseur de la Ville de Lyon, une ville qui avait commis le crime impardonnable de se rebeller contre la Terreur.

Pourtant, en dépit de ce parcours repoussant, non seulement il termine sa vie paisiblement, mais aujourd’hui encore, plusieurs municipalités, comme celles de Tarbes ou de La Rochelle, n’ont toujours pas honte de donner son nom à leurs rues. Il nous faut donc prendre acte, avec grand regret, de l’indulgence de la République d’hier et d’aujourd’hui pour les terroristes des années 1792-1794, car cela signifie que cette République, la nôtre, justifie le terrorisme contre ses propres citoyens au nom de l’idéologie.

Des terroristes ? Après l’émeute, le coup d’État. L'assemblée qui ne comptait plus que 285 députés sur 750, les autres ayant fui l’insurrection et on les comprend, s’allie à la commune insurrectionnelle pour former un Conseil exécutif provisoire dominé par Danton. C’est ce dernier qui embauche Barère au  ministère de la Justice qu’il dirige.

Ce qui reste de l’assemblée législative prononce sa propre dissolution et son remplacement par une nouvelle assemblée constituante, la Convention. Le 11 août, les assemblées primaires sont convoquées pour élire cette constituante croupion. Selon la constitution royale de 1791, elles constituent la réunion des « citoyens actifs », formée des Français âgés de vingt-cinq ans au moins qui paient une contribution égale à trois journées de travail (200 jours par an aujourd’hui !) et qui n'étaient ni domestiques ni employés à gages. Ces derniers nommaient ensuite des électeurs, à raison d'un électeur pour cent citoyens actifs, qui nommaient à leur tour les députés. Le nombre de citoyens actifs s'élevait à quatre millions trois cent mille tandis que les citoyens passifs représentaient deux millions sept cent mille personnes. On ne pouvait donc pas qualifier les citoyens actifs de "riches" mais plutôt de classe moyenne.

Les conjurés balaient tout cela. Le décret du 11 août 1792 supprime la distinction entre citoyens actifs et passifs. Désormais,pour être électeur, il suffisait d’être français, âgé de vingt et un ans, de vivre de son revenu ou du produit de son travail et pour être éligible, outre les conditions précédentes, d’avoir vingt-cinq ans au moins. Il résulte de ce changement du corps électoral que le nombre d’électeurs était porté à sept millions.  

Mais le nombre de votants ne dépassera pas sept cent mille ! C’est cette petite minorité qui élit la Convention, qui décapite le Roi, qui supprime la Royauté et qui institue la Terreur…

Lire la suite

Le jour de naissance du totalitarisme

13 Octobre 2012 Publié dans #HISTOIRE

Depuis le 5 juillet dernier, je n’ai pas publié le moindre blog sur l’histoire. J’avais alors écrit un blog à propos d’un événement considérable de l’histoire de France et de l’Europe, qui pèse toujours fortement sur les principes et le fonctionnement de la société française, la chute du Royaume de France. J'en présente ici les conséquences, qui procèdent de la nature du régime qui lui succède.

republique_francaise_ph_fr0356.jpgCette chute est le résultat direct du coup d’État du 10 août 1792, dont les conséquences, prévisibles, vont se révéler encore plus catastrophiques pour la société française et pour la paix en Europe, que les contemporains ne pouvaient le craindre.

La Première République issue du coup d’État, exprime la volonté d’une  minorité de membres de l’Assemblée Législative qui utilise la violence qu'exerce la Commune insurrectionnelle sur l'Assemblée élue et d'une manière génerale sur tous ceux qui s'opposent à sa volonté . Cette minorité s’arroge un mandat qu’elle n’avait nullement, celui de modifier la nature du régime politique en remplaçant l’Assemblée élue par une Convention « chargée » par les putschistes d’établir une nouvelle constitution, qu’elle ne mettra d’ailleurs jamais en œuvre. Notez, ce que les manuels d'histoire dans les écoles occultent soigneusement, que les membres de cette Convention ne sont désignés que par dix pour cent des électeurs français, ces derniers ayant dû souvent exprimer leur vote à  haute voix et en public.

Aujourd’hui encore, l’histoire officielle cherche à nous cacher que la Première République fut un régime illégitime, issu d’un coup de force et qu’il ne fut nullement approuvé à posteriori par la majorité de la population française. Il est bon à ce propos  de se souvenir que la première constitution républicaine qui ait jamais été approuvée par referendum en France le fut de justesse le 13 octobre 1946, lorsque les électeurs approuvèrent, par 9 297 470 voix contre 8 165 459, avec 8 159 835 abstentions, le projet de constitution adopté deux semaines auparavant par l’Assemblée nationale constituante.

Est-ce pour occulter cette naissance illégitime de la Première République que la République actuelle montre autant d’indulgence pour les manifestations, les émeutes, les coups d’État, si fréquemment utilisés ces deux derniers siècles? N’est-ce pas notre Ve République qui évite autant que possible de recourir aux referenda sous prétexte que les citoyens seraient bien capables de voter négativement aux questions posées, parce que nos dirigeants veulent imposer au peuple leurs volontés et leurs principes ? Ce dangereux raisonnement toujours en vigueur, qui part du principe que l’élite est faite pour agir au nom du peuple contre sa volonté, est née avec la Convention.

Le 10 août 1792, la Révolution s’engage ainsi vers le totalitarisme, un régime qui se prétend issu du peuple, qui se réclame de la volonté du peuple mais qui lui dénie le droit d’être consulté et encore moins celui de changer de régime. Comment cela pourrait-il se faire, puisque ce régime est la volonté du peuple même ?

Tel est son postulat, à vrai dire son imposture fondamentale, à moins de confondre la volonté des émeutiers avec celle du peuple. 

Lire la suite

La chute du Royaume de France

5 Juillet 2012 Publié dans #HISTOIRE

Dans la longue série d’articles que j’ai entrepris de publier sur la structure, le comportement et les résultats du pouvoir politique français, j’ai publié le 9 mars dernier, un blog que je vous recommande, si vous vous intéressez au sujet.

Intitulé « Au son de la cloche des Cordeliers » il décrit en effet le coup d’état violent qui fonde la République Française. Cette dernière ne s’en vante toujours pas, préférant se référer à l’émeute antérieure du 14 juillet 1789 qu’elle a institué fête nationale depuis le 6 juillet 1880.

Le pouvoir de la République Française n’est donc pas fondé sur l’acceptation par les citoyens des Droits de l’Homme, mais  sur un coup d’état qui impose la Terreur.

Est-ce pour mieux instituer ultérieurement les Droits de l’Homme ? Pour répondre à cette question fondamentale pour notre république, revoyons les faits.

 

Royaume de FranceIl nous faut bien constater tout d’abord que, de fait, le 10 août 1792, le royaume de France, sa constitution et la légalité de son régime politique ont vécu. Comment un régime politique enraciné depuis un millénaire dans le pays a t-il pu s’effondrer en trois années ?

Les causes des tensions politiques étaient connues depuis la fin du règne de Louis XIV. Elles tenaient avant tout au déséquilibre financier de l’État, lui-même provoqué par les ambitions excessives, en particulier guerrières, d’un système hypertrophié. À vouloir faire la guerre à l’Europe entière, l’Etat s’était placé dans une position insoutenable de débiteur : voilà une première leçon à retenir aujourd’hui. L’excès de dettes a été un facteur déterminant de l’explosion du système politique français à la fin du XVIIIe siècle.  

L’autre déséquilibre fondamental du Royaume résultait de son ambition à vouloir régenter toute la société, ce qui le poussait à introduire un système égalitaire dans une société de vieilles hiérarchies, selon une idéologie qui justifiait une Révolution dont le but était en profondeur conforme aux désirs du pouvoir royal. Ce dernier rêvait depuis le XIIIe siécle, depuis le régne de Philippe le Bel,  de balayer les structures de « l’Ancien Régime » comme on le disait ouvertement  en 1790.

Sans doute la faiblesse du roi Louis XVI a t-elle été pour quelque chose dans les circonstances de la Révolution, mais il semble clair que la mécanique totalisante de l’État français l’y menait de toute manière, comme elle conduit le régime actuel  à l’implosion : tout système contient en lui-même les germes de sa perte.

Pendant les trois années de la chute de la Royauté, l’État révéla ses pieds d’argile. Quoi, une émeute organisée par le Duc d’Orléans pour faire plier son cousin Louis XVI, le 14 juillet 1789, le massacre de quelques dizaines d’invalides par les émeutiers du Faubourg Saint-Antoine, et le pouvoir s’agenouille? Trois ans plus tard, la cloche des Cordeliers sonne, l’Hôtel de Ville est pris, les Tuileries capitulent, l’Assemblée se met aux ordres des émeutiers, le Roi est à merci ? 

C’est une leçon jamais oubliée par les politiques dans la France d’aujourd’hui, celle que l’État est si faible depuis 1789 qu’il est toujours prêt à céder devant la moindre manifestation. Dés 1789 en effet, Louis XVI n’est sûr, ni de ses troupes, ni de sa détermination, les premières rongées par les idées nouvelles, la seconde trop peu sanguinaire pour faire peur. Le formidable Napoléon, dés qu’il s’éloigne de France en 1812, est à la merci du coup d’État du Géneral Malet. Tous les autres régimes, celui de Charles X, de Louis-Philippe, de Napoléon III, de la IIIe et de la IVe République s’effacent sous la poussée des mécontentements. 

Pourtant, l'Assemblée Nationale législative qui se réunit le 1er octobre 1791 est légitime. Elle est issue de la Constitution approuvée par le Roi et par la grande majorité des électeurs. Elle institue un régime monarchique parlementaire successeur du régime de droit divin qui le précédait.

 

C’est ce Régime qui est renversé par un coup de force, le 10 août 1792. 

Lire la suite

The Winter of Discontent

24 Mai 2012 Publié dans #HISTOIRE

Dans mon blog précédent du 19 mai dernier intitulé « Moved by the Iron Lady » je vous ai donné mes impressions sur ce film consacré à la vie de Margaret Thatcher. Dans celui-ci, je décris les circonstances qui ont précédé son accession au pouvoir, car elles expliquent son attitude rigide vis-à-vis des syndicats, sa popularité et son succès.

  

cbea4697acd6483ff0085a289d5c82f3.jpgAvant cet hiver-là, qui prépara la voie à la victoire de Margaret Thatcher aux législatives de 1979, le gouvernement travailliste de James Callaghan, qui avait succédé à celui d’Harold Wilson, combattait sans beaucoup de succès  l’inflation qui  avait atteint un sommet de 26,9 % (26,9% !!!!) par an en août 1975. En 1976, il était obligé de solliciter, comme la Grèce aujourd’hui, un emprunt auprès du FMI.

C’était le déclin. Le gouvernement travailliste faisait ce qu’il pouvait avec ses petits bras. Pour tenter de remettre le pays sur les rails, il avait conçu avec le Trade Union Congress (TUC) un « contrat social » prévoyant une politique des revenus qui plafonnait les  hausses de salaire à 5% pour lutter contre l’inflation. C’est ce qui déclencha les grèves de l’hiver 1978-1979. L’affaire commença chez Ford qui, sous la menace du blocage de sa production, accorda une augmentation bien supérieure au plafond. Le 28 novembre 1978, le  gouvernement annonça des sanctions contre Ford et 220 autres entreprises tout en reconnaissant qu’il n’avait pas la force politique de les  appliquer.

Aussitôt, les syndicats se lancèrent dans la brèche ouverte. Les plus rapides furent les camionneurs, membres du TGWU. Ils bloquèrent les livraisons de carburants, contraignant les  compagnies pétrolières à leur accorder  des hausses de salaire de 15 %. Loin de mettre un terme à leurs revendications, ils entamèrent une grève non officielle à partir du 3 janvier 1979. Les stations services fermèrent leurs portes, des piquets de grève bloquèrent les principaux ports entraînant la mise à pied d’un million de travailleurs. Le gouvernement travailliste finit par céder totalement aux camionneurs en leur accordant une augmentation de 20 %.

Les grévistes de Kingston upon Hull provoquèrent un incident demeuré célèbre en refusant de laisser passer la nourriture pour les animaux, entraînant la mort de nombreux porcs et poulets qui furent déversés par des fermiers ulcérés devant les piquets de grève.

James Callaghan fit beaucoup pour sa défaite électorale le 10 janvier 1979, en pleine grève des camionneurs. Tout joyeux, frais et reposé, il venait de débarquer de Guadeloupe où s'était tenu un sommet entre alliés et il vantait aux journalistes la douceur des baignades dans les eaux des  Caraïbes. Coupant court à son autosatisfaction, un journaliste lui demanda comment il voyait la situation chaotique du pays. Le Premier Minstre  se contenta d’accuser la presse d’exagérer les faits, ce que le Sun traduisit le lendemain par ce titre assassin: « Crisis? What crisis? Rail, lorry, jobs chaos; and Jim blames press! »

Le gouvernement ayant cédé aux syndicats du secteur privé, ceux  du secteur public entrèrent dans la danse. Les conducteurs de train de l'ASLEF et le National Union of Railwaymen avaient déjà entamé une série de grèves de 24 heures lorsque, le 18 janvier 1979, la conférence du Royal College of Nursing décida de demander une hausse du salaire des infirmières de 25 %. Puis le 22 janvier 1979, les syndicats du secteur public organisèrent  une grève de 24 heures, ce qui n’était jamais arrivé depuis 1926.

Ce fut le signal d’un feu d’artifice de grèves tous azimuts. Les conducteurs d'ambulance se mirent en grève à la mi-janvier 1979, refusant parfois d'assurer le service des urgences. Le 30 janvier 1979, le gouvernement dût reconnaître que la moitié des hôpitaux du National Health Service ne traitaient plus que les urgences.

L'action la plus emblématique du « Winter of Discontent » fut la grève non officielle des fossoyeurs, membres du GMWU, à Liverpool. Les cercueils s'empilaient dans une usine désaffectée et l’on envisageait, si la situation devait persister, de les immerger dans la mer. Malgré cette menace réfrigérante, les fossoyeurs durent finalement se contenter de 14 % d'augmentation.

De nombreux éboueurs se mirent aussi en grève à partir du 22 janvier 1979, contraignant par exemple le Conseil de la Cité de Westminster à empiler les ordures à Leicester Square qui est situé dans le cœur du West-End de Londres, à la grande satisfaction des rats. Ce fut alors la surenchère, les municipalités les plus à gauche, comme le London Borough of Camden, cédant à toutes les revendications des syndicats. 

Ces grèves frappèrent de stupeur la population comme les politiciens, même ceux qui étaient très proches des syndicats. Personne n’aurait jamais imaginé que des actions aussi radicales puissent être possible en Grande-Bretagne. Le Premier Ministre lui-même, James Callaghan, en était décontenancé. Il continua cependant à négocier avec les chefs syndicalistes et parvint à un accord qui, par un heureux hasard que relevèrent les journalistes, fut approuvé le jour même de la Saint-Valentin 1979. Malgré cet heureux présage, il reste que, lorsque les grèves s’arrêtèrent, leur coût s'élevait à prés de trente millions de journées de travail perdues.

Le parti conservateur était divisé. Une partie des conservateurs, dirigée par l’ancien Premier ministre Edward Heath, appelait à soutenir la politique du gouvernement travailliste, à l'opposé de Margaret Thatcher, chef du parti conservateur depuis quatre ans, qui critiquait les grèves et appelait à la fin de l'ingérence gouvernementale dans les négociations entre salariés et patrons et à celle du contrôle des prix. Elle soutenait que la hausse du niveau de vie n'était possible que par une hausse de la productivité, ce qu’empêchait justement les politiques travaillistes et les pratiques syndicales.

Au total, les grèves de l’hiver 1978-1979 modifièrent profondément les  intentions de vote. La campagne du Parti conservateur reprit le titre du Sun « Crisis? What Crisis? », lu à la télévision de manière de plus en plus désespérée à mesure qu'étaient diffusées des images montrant les montagnes d’ordures, les usines fermées, les piquets devant les hôpitaux et les cimetières fermés à clé.

 

Le 3 mai 1979, Margaret Thatcher conduisit les conservateurs à leur plus importante victoire de l'après-guerre, avec  43,9 % des voix et 339 élus, contre 36,9 % et 269 élus aux travaillistes…

 

Lire la suite

Les Aubrac, des héros (communistes) français

25 Avril 2012 Publié dans #HISTOIRE

L’histoire officielle vous a livré la semaine dernière l’information suivante : « Raymond Aubrac, de son vrai nom Raymond Samuel, est mort mardi soir à l’âge de 97 ans à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. Grande figure de la Résistance, il avait été le co-fondateur du mouvement « Libération Sud » et était l'une des dernières personnalités à avoir côtoyé Jean Moulin. Il était le dernier survivant des chefs de la Résistance arrêtés en juin 1943 à Caluire dans le Rhône avec le chef du Conseil National de la Résistance. Après la guerre, il avait témoigné lors du procès du résistant René Hardy, accusé d'avoir dénoncé Jean Moulin à la Gestapo et acquitté au bénéfice du doute. Dans ses dernières années, Raymond Aubrac était resté un citoyen très actif. Sa femme Lucie Aubrac, également héroïne de la Résistance est morte en 2007, à l'âge de 92 ans. » (20 minutes, 12 avril 2012.)

lucieraymondaubrac1Cette histoire officielle se garde bien de mentionner que toute l’action de Lucie et Raymond Aubrac s’inscrit depuis leur adolescence dans le cadre de leur engagement auprès du PCF, même si Raymond Aubrac n’en faisait pas officiellement parti, pour des raisons d’affichage. Cet engagement, que les medias s’efforcent d’occulter, explique les incertitudes et les ambiguïtés qui entourent leur action et l’énorme effort de communication auquel ils se sont tous deux astreints jusqu’à la toute fin de leur vie.   

- Raymond et Lucie Aubrac, héros de la Résistance :

On sait que Jean Moulin, chef de la Résistance intérieure fut arrêté en juin 1943 lors du « rendez-vous de Caluire » dans la banlieue lyonnaise. Torturé puis mis à mort, on s’est demandé s’il n’avait pas été trahi. C’est ainsi que René Hardy a été deux fois accusé, notamment par Raymond Aubrac, d’avoir trahi Jean Moulin, mais a été deux fois acquitté. Il est vrai aussi que le rendez-vous de Caluire dans la villa du Dr Dugoujon était connu de beaucoup trop de gens pour ne pas finir en guet-apens.

Quant aux Aubrac, ils ont fourni des récits à géométrie variable. Devant le doute qui s’installait, le couple a demandé à un jury d’honneur de les entendre, un jury composé des historiens François Bédarida, Jean-Pierre Azéma, Laurent Douzou, Henry Rousso et Dominique Veillon, et surtout Daniel Cordier, compagnon de la Libération et secrétaire de Jean Moulin.

L’entretien s’est déroulé le samedi 17 mai 1997, au siège de Libération. La confrontation dura cinq heures. François Bédarida a ainsi interpellé Raymond Aubrac : « Les historiens sont par définition des gens curieux. Comment un homme comme vous qui contrôle son langage, peut-il avoir oscillé sans cesse entre le fait de dire tantôt : « non, je n’ai pas été reconnu comme Aubrac» et « oui, j’ai été identifié » ?

Les libertés de Lucie Aubrac avec des faits attestés par les archives sont remarquables. Par exemple, Lucie Aubrac a affirmé à plusieurs reprises et notamment en septembre 1945 dans le journal communiste La Marseillaise, qu’elle avait fait évader son mari de l’hôpital de l’Antiquaille le 24 mai 1943. Or, s’il y a bien eu une évasion à cette date de cet hôpital, Raymond Aubrac n’en a pas bénéficié : en effet, arrêté, sous le nom de François Vallet lors d’une réunion de résistants le 15 mars 1943, il avait été libéré deux semaines auparavant. L’avis de sa mise en liberté l’atteste, un avis signé le 10 mai 1943 par le gardien-chef de la prison de Saint-Paul et établi sur ordre du juge d’instruction Cohendy.

Il existe également des contradictions entre les différentes versions que Lucie Aubrac donne du second de ses exploits: l’évasion de son mari, arrêté à nouveau à Caluire, d’un fourgon cellulaire attaqué par la Résistance, en octobre 1943. Là aussi, d’autres témoignages et des documents d’archives la contredisent.

- Raymond Aubry, héros communiste :

Selon Stéphane Courtois, Directeur de recherches au CNRS et maître d'oeuvre du Livre noir du communisme, Raymond Aubrac était un membre important du réseau communiste international. On a notamment découvert dans les archives du PC à Prague des documents qui montrent qu'Aubrac y était reçu par Klement Gottwald, le chef historique du PC tchécoslovaque, qui fut aussi un agent important du Komintern.

Formellement, il n’avait pas sa carte du PCF parce que le Parti préférait qu’il n’ait pas de carte. Cela ne l'empêchait pas de participer à des réunions de cellules comme « observateur ». De même sa future épouse Lucie était elle-même communiste et proche d'André Marty, qui fut représentant du PCF au Komintern.

À la Libération, il est désigné commissaire régional de la République à Marseille. Or De Gaulle le congédie sans ménagement et sans explications. À Marseille, il avait en effet créé des CRS (Compagnies républicaines de sécurité) dont on découvrit plus tard qu'elles étaient entièrement infiltrées par le PCF.

En 1946, à la demande de Jacques Duclos, les Aubrac hébergent Hô Chi Minh, en tant que dirigeant communiste vietnamien, lorsqu’il vient en France. Plus tard, il servira de contact entre l'appareil communiste international et Henry Kissinger lui-même : ce n’était pas un petit agent…

Après guerre, il dirige officiellement le Berim (Bureau d'Études et de Recherches pour l'Industrie Moderne) qui est une société écran placée sous la responsabilité de Jean Jérôme, l'un des hommes les plus importants et les plus secrets du PCF. Le Berim est une des pompes à finances du PCF. Par elle, passe une partie des financements en provenance de l'Est sous la forme de contrats plus ou moins bidons…

 

Si vous voulez comprendre comment on s'efforce d'orienter vos jugements, il est intéressant d'observer que les medias passent sous silence le fait que toute la vie des époux Aubrac s’insère dans le cadre de l’action du PCF, en relation avec la politique soviétique, notamment par leurs liens avec Ho Chi Minh, qui relève de la politique du PCF. Les medias font comme si les Aubrac étaient des héros individuels, alors que Raymond Aubrac a créé « Libération-Sud » sur ordre du PCF, qu’il a été désigné comme Commissaire régional  de la République à Marseille et qu’il a accueilli Ho Chi Minh à la demande du PCF. Toute la mise en scène de leurs actions de résistance relève de la communication politique : le PCF et la gauche tenaient d’exemplaires héros de gauche à montrer à la population et en particulier aux enfants des écoles. 

 

Cela n’enlève rien à leur courage personnel ni au respect qui leur est dû, mais pourquoi cacher l'engagement de leur vie toute entière auprés du PCF sinon pour inverser la logique de leurs actions : fondamentalement, ils ont agi sur ordre du PCF et non pas, comme on veut le faire croire, dans l’ordre inverse des causes : ce seraient des héros qui avaient, naturellement puisqu’ils étaient des héros, des convictions de gauche. C’est pourquoi l’on s’efforce de cacher qu’ils étaient communistes, parce que cela fait un tout petit peu moins "politically correct" que "héros de gauche"...

 

 

Lire la suite
<< < 10 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 > >>