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Le blog d'André Boyer

La Suède quitte le centre droit

18 Septembre 2014 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

La Suède quitte le centre droit

Le nouveau Premier Ministre Suèdois, Stefan Löfven, ancien soudeur, nouveau Premier Ministre de Suède

 

Toujours en avance sur son temps, la Suède, après huit années de gouvernement de centre droit, s’est donnée à une coalition de gauche, en raison de la montée de l’extrême droite qui a privé l’équipe au pouvoir d’une majorité.

Pendant que le centre droit pilote l’Union Européenne sous la direction de Madame Merkel, que le centre droit français rêve de remplacer le centre gauche de Messieurs Hollande et Valls, la Suède se situe une étape plus loin dans le processus politique.

Alors qu’en Europe la plupart des campagnes électorales se concentrent sur la réduction des déficits ou la recherche de la croissance, en Suède, ce sont les échecs des privatisations, l’amélioration du système de santé et du système scolaire et l’immigration qui ont été les thèmes majeurs de la campagne électorale

Au gouvernement de centre droit, les électeurs ont reproché sa mauvaise gestion de la privatisation des systèmes éducatifs et de santé. Le centre-droit a échoué dans la poursuite des mesures de libéralisation menées depuis la grave crise du début des années 1990. Il a introduit la possibilité à quiconque de choisir son système de santé ou l’école de ses enfants. Mais la quête du profit a donné lieu à un système éducatif à deux vitesse, menant certains établissements à la faillite et participant au renforcement des inégalités. De plus les derniers tests PISA ont montré les faiblesses de l’école suédoise. L’échec relatif du centre droit témoigne aussi des interrogations de la société suédoise sur sa politique d’intégration, et plus globalement l’orientation libérale prise par le pays depuis deux décennies.

Au reste, la défaite de la coalition sortante du Premier Ministre Fredrik Reinfeldt n’est pas infamante. Avec 39,3% des voix, son Alliance pour la Suède qui regroupe quatre partis est très proche en nombre de voix de la coalition victorieuse. Elle perd cependant  près de dix points par rapport aux dernières élections

Le bloc rouge vert mené par Stefan Löfven, qui réunit les sociaux-démocrates avec 32,1% des voix, les écologistes et la gauche radicale, rassemble au total  43,7% des suffrages. Il ne dispose donc pas d’une majorité absolue au Riksdag, le Parlement suédois. Il est à peine plus élevé qu’il y a quatre ans. De plus, il existe de nombreuses divergences de vue entre les sociaux-démocrates et les gauches radicales. Le Premier Ministre devra soit ramener à lui les partis les plus centristes de la coalition sortante, soit constituer un gouvernement minoritaire.

Il lui faudra aussi rassurer  le pays, car son programme a celui que présentait le candidat Hollande, il y a deux ans et demi, une éternité. Il s’agit de réduire le temps de travail hebdomadaire, de mieux  meilleure indemniser les chômeurs et de mieux accueillir les étrangers.

Tout le monde a les yeux fixés sur le score des Démocrates de Suède qui ont réalisé 12,9% des voix, rassemblant parfois près de 30% des voix dans certaines communes de Scanie, au sud de la Suède. Ils s’installent comme le troisième parti de Suède, en se concentrant sur la dénonciation de l’immigration. Il est vrai que ces derniers sont peut-être en mesure de provoquer de nouvelles élections à court terme. 

En effet, le centre droit s'est engagé à présenter une proposition de budget pour 2015 concurrent à celle de la gauche et le chef des Démocrates de Suède s'est déclaré prêt à s'y rallier. Si du coup, le projet de budget présenté par les socio démocrates n'était pas adopté, la seule issue serait en effet une dissolution du Parlement et l'organisation de nouvelles élections législatives

 

En attendant l'évolution de la situation politique, il sera intéressant de voir la gestion de cette nouvelle coalition de gauche, absente du pouvoir et qui devra démontrer, ce qui est loin d’être gagné d’avance, que le « social libéralisme » n’est pas, aujourd'hui, condamné à échouer…

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