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Le blog d'André Boyer

Le Directoire franchit le Rubicon

30 Septembre 2014 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Le Directoire franchit le Rubicon

Paul Barras

Ce 3 septembre 1796, le Directoire franchit le Rubicon.

À quatre heures de l'après-midi, Barras prit Rewbell et La Révellière-Lépeaux à part, et leur dit qu'il fallait frapper la nuit même, pour prévenir l'ennemi…

Dans la soirée, on rédigea des proclamations annonçant qu'un grand complot avait été formé contre la république qui furent imprimées sur-le-champ et affichées dans la nuit sur les murs de Paris.

Vers minuit, Augereau disposa toutes les troupes de la garnison, avec une artillerie nombreuse, autour du Palais Législatif. Mais nombre de députés, avertis, voulurent se rendre à leur poste le lendemain, en se présentant, leurs présidents en tête, aux portes du Palais Législatif.

Vers onze heures, le groupe des députés traversa en silence la foule amassée sur le Carrousel et se présenta aux portes des Tuileries. On leur en refusa l'entrée et ils furent dispersés. Un certain nombre d’entre eux furent arrêtés et conduits au Temple. :

Les députés restants délibérèrent sous la surveillance de l'armée. Sous la contrainte militaire, ils durent « corriger » les élections dans quarante-neuf départements, ce qui leur permit d’éliminer cent quarante députés. Les élections aux administrations locales furent cassées dans cinquante-trois départements et remplacées par des nominations. Quarante-deux journaux furent supprimés et les lois contre les immigrés et les prêtres réfractaires furent remises en vigueur.

En outre, soixante-cinq « fructidorisés » furent condamnés, sans jugement, à la déportation, parmi lesquels figuraient les Directeurs Carnot et Barthélemy, les généraux Pichegru et Miranda, onze membres des Cinq-Cents et quarante-deux des Anciens. Huit y moururent parmi eux, les autres s’échappèrent et rentrèrent, qui en France, comme Pichegru et Barthélemy, qui en Suisse comme Carnot.

« À ces dispositions contre les individus, on en ajouta d'autres, pour renforcer l'autorité du directoire, et rétablir les lois révolutionnaires que les
généraux avaient abolies ou modifiées. Ainsi le directoire avait la nomination de tous les juges et
magistrats municipaux, dont l'élection était annulée dans quarante-huit départements.

« Quant aux places de
députés, elles restaient vacantes. Les articles de la fameuse loi du 3 brumaire, qui avaient été rapportés,
étaient remis en vigueur, et même étendus. Les parents d'émigrés, exclus par cette loi des fonctions
publiques jusqu'à la paix, en étaient exclus, par la loi nouvelle, jusqu'au terme de quatre ans après la paix;
ils étaient privés en outre des fonctions électorales. Les émigrés, rentrés sous prétexte de demander leur
radiation, devaient sortir sous vingt-quatre heures des communes dans lesquelles ils se trouvaient, et sous
quinze jours du territoire. Ceux d'entre eux qui seraient saisis en contravention devaient subir
l'application des lois sous vingt-quatre heures. Les lois qui rappelaient les prêtres déportés, qui les
dispensaient du serment et les obligeaient à une simple déclaration, étaient rapportées. Toutes les lois sur
la police des cultes étaient rétablies. Le directoire avait la faculté de déporter, sur un simple arrêté, les
prêtres qu'il saurait se mal conduire.

«  Quant aux journaux, il avait à l'avenir la faculté de supprimer ceux
qui lui paraîtraient dangereux. Les sociétés politiques, c'est-à-dire les clubs, étaient rétablies; mais le
Directoire était armé contre eux de la même puissance qu'on lui donnait contre les journaux ; il pouvait les
fermer à volonté.

« Enfin, ce qui n'était pas moins important que tout le reste, l'organisation de la garde
nationale était suspendue, et renvoyée à d'autres temps. » (Auguste Thiers, Histoire de la Révolution Française, Livre 9, Chapitre X)

 

Tandis que les « patriotes des faubourgs » trouvaient la déportation trop douce pour les condamnés, la masse de la population, échaudée par les massacres qu’avaient engendrés les révoltes précédentes, se soumit et se réfugia dans l’abstention qui caractérise toutes les élections depuis les toutes premières en 1791.

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