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Le blog d'André Boyer

Le management selon Robert Owen

5 Novembre 2014 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

Le management selon Robert Owen

ROBERT OWEN, à cinquante ans.

Si vous vous demandez pourquoi je traite de Robert Owen et des coopératives dans cette série sur le management, dont vous conviendrez qu’elle a déjà commencé curieusement par une réflexion sur le mouvement anarchiste, voici ma réponse :

 

Manager des êtres humains, c’est les contraindre en faisant appel à la confiance qu’ils accordent au manager, aux plans éthique et technique. Cette contrainte est sans cesse suspecte d’abus, d’où l’importance de la structure du pouvoir et de sa mise en oeuvre dans toutes les organisations humaines. L’anarchisme tente de résoudre cette difficulté en la niant, c’est-à-dire en supprimant le pouvoir, ce qu’il justifie par des considérations éthiques qui placent la liberté de la personne au-dessus de toutes les autres valeurs en jeu dans les structures organisationnelles.

Les actions et les théories de Robert Owen mettent bien en valeur à la fois les considérations morales qui les inspirent et les difficultés pratiques de les mettre en avant dans l’organisation. Ces considérations morales sont suffisamment prégnantes pour que le mouvement coopératif qui s’en est, en partie, inspiré soit toujours vivace, mais limité dans sa diffusion. L’analyse qui suit doit nous inciter à être attentif à la relation entre l’organisation et la pratique du pouvoir la mieux adaptée en fonction du type d’organisation.

Robert Owen (1771-1858) peut être qualifié de socialiste utopique réformateur et, pour ce qui nous intéresse le plus ici, de père fondateur du mouvement coopératif. C’est un homme qui a instinctivement donné la priorité à l’aspect pratique des choses. Cependant, lorsque l’on sait que son père était forgeron et que Robert Owen a travaillé dès l'âge de dix ans comme commis chez un marchand du Lincolnshire, puis dans une maison de commerce de Manchester, on est moins étonné de son penchant pour la pratique. 

Agé de 18 ans, il s’associe sans succès avec un artisan pour construire des machines à filer le coton, mais il apprend si vite qu’à 20 ans, il prend la direction d'une filature de coton qui devient rapidement l'un des plus grands établissements de Grande-Bretagne, employant 4 500 personnes, du fait, notamment, des remarquables perfectionnements qu’il a apportés à la filature du coton.

Il s’affirme donc très jeune comme un industriel à succès. Se mariant avec la fille du propriétaire de la filature de New Lanark, David Dale, il achète cette filature avec ses associés et en devient le dirigeant (1800). Ses succès précédents dans la gestion des manufactures de coton à Manchester l’incitent à diriger New Lanark selon des principes plus profonds que ceux qui étaient couramment pratiqués dans cette activité.

La manufacture de New Lanark avait été fondée en 1784 par David Dale et Richard Arkwright. Ce dernier est bien connu pour être l'inventeur de la machine à filer et de la machine à carder, capable de transformer le coton brut en fil. Arkwright était parvenu, en combinant énergie, machinisme et main d'œuvre semi-qualifiée à traiter une matière première nouvelle à l’époque, le coton et à créer une production de masse, plus d'un siècle avant Henri Ford.

La filature employait environ deux mille personnes dont un quart d’enfants âgés de cinq ans et plus, issus pour la plupart des orphelinats d'Édimbourg et de Glasgow. Avant l’intervention d’Owen, les enfants étaient déjà mieux traités qu’ailleurs, mais les conditions de vie des ouvriers restaient misérables et leurs niveaux d’éducation et d'hygiène étaient très faibles, ce qui expliquait d’après Owen, le vol et l’alcoolisme.

Owen entreprit alors d'élever avec prudence le niveau de vie de ses ouvriers, pour ne pas mettre en danger la profitabilité de la filature. Il améliora les habitations et s’appliqua à inculquer des notions d'ordre, de propreté et de prévoyance. La vente d'alcool fut strictement réglementée et il ouvrit un magasin où l'on pouvait acheter des produits de bonne qualité quasiment à prix coûtant. Son plus grand succès résida dans son plan d’éducation des enfants, au point qu’il est considéré comme le créateur de l'école primaire en Angleterre.

Les contemporains d’Owen furent impressionnés par les succès de ses projets, succès fondés sur son esprit pratique et sur la confiance qu’il sut obtenir progressivement de ses ouvriers. On ne s’en étonnera pas, tout en observant que la réussite apparente de ses idées accentua sa tendance à la philanthropie qui le conduisit progressivement à de moindres succès et à l’échec.

 

Retenons cependant à cette étape qu’il fonda ses premiers succès sur le caractère pratique de ses innovations et sur un niveau d’échange plus élevé entre le management et les ouvriers en réussissant à persuader ces derniers qu’il voulait leur bien et qu’il restait un entrepreneur compétent.  

 

(À SUIVRE)

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