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Le blog d'André Boyer

OWEN, LE RÉALISTE UTOPIQUE

2 Décembre 2014 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

OWEN, LE RÉALISTE UTOPIQUE

NEW LANARK, UTOPIE HEUREUSE

 

Malgré l'essor et les succès commerciaux des filatures, la mise en pratique des projets d'Owen impliquait d'énormes dépenses, ce qui déplaisait à ses associés.

 

Pour donner libre cours à ses projets philanthropiques, Owen fonda en 1813 une nouvelle société avec Jeremy Bentham et le quaker William Allen, grâce à laquelle il allait donner libre cours à ses projets philanthropiques.

La même année, il publia ses premiers essais sur son système pédagogique fondé sur sa philosophie de l’homme, qui justifiait également ses principes de management. Pour lui, l'homme était façonné par sa destinée, ce qui impliquait sur le plan pratique de façonner son caractère en  le soumettant dès son plus jeune âge à des influences physiques, morales et sociales appropriées.

En 1817,  il lança le mot d’ordre : «8 heures de travail, 8 heures de loisir, 8 heures de sommeil» qui devint par la suite le slogan de la 1ere  Internationale et celui du mouvement ouvrier français.

New Lanark devint un lieu de pèlerinage fréquenté par les réformateurs socialistes, hommes d'État et personnages royaux. De l'avis général des visiteurs, les résultats obtenus par Owen étaient extraordinaires. Les enfants étaient joyeux, aimables et respiraient la santé et le bien-être. L'alcoolisme était inconnu et les naissances illégitimes extrêmement rares. Il existait entre Owen et ses ouvriers une entente réelle qui rendait le fonctionnement de la filature aisé et harmonieux, ce qui se ressentait dans les excellents résultats de l'entreprise.

Robert Owen professait une utopie coopérative. Pour lui, la cause principale de la misère résidait dans la rivalité entre le monde ouvrier et le système capitaliste. Aussi la seule parade contre cette rivalité consistait à unir les ouvriers afin qu’ils  contrôlent leur outil de travail.

Il préconisait l'installation de communautés d'environ 1200 personnes, toutes dotées d'un emploi, vivant dans un seul immeuble avec cuisines et salles à manger communes, les couples disposant toutefois d'un appartement privé et étant autorisés à élever leurs enfants jusqu'à l'âge de trois ans. Les communautés, fondées par des individus, des communes, des comtés ou des États, seraient supervisées par des personnes hautement qualifiées. Owen considérait que l’organisation du travail de la communauté, surtout agricole à l’époque, impliquait de posséder du matériel moderne, d’offrir des emplois différenciés et être, autant que possible, autonome par rapport à l’extérieur.

Ces cantons, comme il les nommait, fédérés et unis étaient censés se développer par dizaines, centaines et milliers jusqu'à rassembler le monde entier dans une organisation et un intérêt communs.

Ses projets de lutte contre la misère étant accueillis avec grand intérêt par l’opinion publique éclairée, Owen s’employa à mettre ses idées en pratique. En 1825, une expérimentation fut entreprise sous la direction d'un de ses émules, Abraham Combe, près de Glasgow et une autre l'année suivante, conduite par Owen lui-même à New Harmony dans l'Indiana (États-Unis).

Dans les deux cas, il ne fallut que deux années pour que les deux expériences échouent spectaculairement. Il faut préciser toutefois que la population des deux centres pilotes était extrêmement hétérogène, accueillant aussi bien d'honnêtes gens que des vagabonds ou des aventuriers, mais l’on trouva rapidement des théoriciens, comme Josiah Warren, qui faisait autorité en matière d’anarchisme américain, pour expliquer que ces communautés étaient vouées à l'échec du fait de l’absence de dirigeants et du renoncement à la propriété privée.

Owen n’insista pas. Il abandonna en 1828 toute participation dans New Lanark et New Harmony. Mais il prit aussitôt la direction d’un mouvement qui instaura en 1832 une bourse du travail équitable basée sur des annonces d'emploi, sans intermédiaires. Progressivement, les idées d’Owen devinrent moins attractives même si elles étaient relayées en permanence par les journaux, par ses écrits et ses conférences.

Pendant les dernières années de sa vie Owen se tourna vers le spiritualisme avant de mourir dans sa ville natale le 17 novembre 1858. Mais des idées d’Owen subsistaient et subsistent toujours le  mouvement coopératif que nous aborderons dans notre prochain blog sur le management.

Les apports d’Owen ne sont toutefois pas à négliger. Il est certain qu’Owen, homme d’action, avait une vision un peu simpliste de l’être humain lorsqu’il pensait qu’il suffisait de le mettre dans de bonnes conditions matérielles pour qu’il soit content et travaille. Il a tout de même pressenti, avant Elton Mayo, que le seul fait de s’occuper des employés, changeait la donne. Même si les rapports de domination ne se résument pas à la relation employeur employé, il a vu que la dureté des rapports sociaux induits par le système capitaliste pouvait être adoucis en associant les ouvriers à la décision et il a proposé un système qui marche encore aujourd’hui, la coopérative.

La question qui se pose donc est de savoir si partout, l’on peut remplacer les entreprises où les employés ne sont que salariés, par des employés qui sont aussi les actionnaires de l’entreprise ? Alors que les anarchistes refusent carrément tout rapport de domination, Owen propose d’escamoter cette domination en donnant le pouvoir aux dominés. En quoi est-ce une « solution » du point de vue du management des organisations ? C’est ce que nous allons examiner dans le prochain blog sur le sujet.

 

À cette étape, peut-on conclure qu’Owen, l’homme pratique, a échoué, alors qu’il a paradoxalement réussi là où on ne l’attendait pas, dans l’utopie ?

 

À SUIVRE

 

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B
Le problème est que je ne sais pas très bien ce que cela veut dire!
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K
Owen a donc fait preuve de serendicipité ou de zadigacité !!!!!
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