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Le blog d'André Boyer

LE POUVOIR, TOUT LE POUVOIR

16 Mai 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE POUVOIR, TOUT LE POUVOIR

LE PREMIER CONSUL, DÉJA IMPÉRIEUX

 

 

En raison de l'agressivité de la politique extérieure menée par Bonaparte, le Royaume-Uni considéra que sa priorité stratégique consistait à faire plier la France. Il refusa d'évacuer Malte et commença à réarmer et comme Bonaparte ne disposait pas des moyens maritimes pour faire capituler l’Angleterre, Il fut condamné à faire la guerre au Royaume-Uni jusqu’à ce qu’il soit chassé du pouvoir. 

 

Dans le domaine politique, Bonaparte dut faire face à trois oppositions, jacobine, royaliste et libérale.

Les jacobins n’étaient naturellement pas favorables au Coup d’État du 18 Brumaire mais Bonaparte restait l’un des leurs; il fit taire les opposants les plus farouches tout en cherchant à rallier le plus grand nombre. 

Entre janvier 1800 et juin 1802, le Consulat procéda à la suppression de 60 des 73 journaux politiques paraissant à Paris et fit interdiction d’en créer de  nouveaux en y ajoutant la mise en place de la censure de la presse par le ministre de la police, Fouché. On voit là le souci de contrôler étroitement la communication politique qui a été l'un des outils principaux du pouvoir de Bonaparte. En outre, il fit arrêter et exécuter plusieurs jacobins à la suite de « la conspiration des poignards » et en fit déporter 68. Il fit enfin arrêter le général Simon, chef d’état-major de Bernadotte, qui appelait à renverser le tyran. Bernadotte le vengea bien par la suite.

Les royalistes tenaient l’Ouest ; Bonaparte engagea des pourparlers avec eux, ce qui leur fit espérer que le Premier Consul pourrait se laisser convaincre de restaurer la monarchie. Lorsqu’ils comprirent leur erreur, ils essayèrent d’éliminer Bonaparte qui répliqua par une intense répression policière. Par exemple, le 18 janvier 1800, il fit exécuter deux rebelles vendéens, le marquis de Frotté et son jeune aide de camp, le chevalier Toustain.

Une opposition républicaine libérale se constitua également pour résister au Concordat ou à la création de la Légion d'Honneur qui, selon Bonaparte, devait constituer une méritocratie adossée à « ce puissant ressort de l’honneur qui tient si puissamment à la nation française". Cette méritocratie sera clairement militaire, à juste titre compte tenu du rôle prépondérant de l’armée dans l’action de l’État jusqu’en 1814 : elle concernera 30500 militaires pour 1500 civils.

L’opposition républicaine libérale percevait la Légion d’Honneur comme l’institution d’une nouvelle noblesse et cette opposition n’était pas négligeable puisqu’elle parvint à réunir le 19 mai 1802, autour de députés comme Benjamin Constant, 36 tribuns sur 92 et 110 législateurs sur 276 pour voter contre l’institution de la Légion d’Honneur. Bonaparte y répondît en évinçant les députés hostiles du Corps législatif et du Tribunat et en divisant ce dernier en trois sections.

Pour parfaire son contrôle du système politique français, Bonaparte décida de lui donner un caractère dynastique. Le Tribunat et le Corps Législatif penchaient pour un mandat de dix ans, tandis que le Sénat « souhaitait» un Consulat à vie.

Les débats eurent lieu en mai 2002, qui vit Fouché conduire l’offensive contre le mandat à vie. Le 6 mai 1802, le Tribunal ratifie dans l’enthousiasme le traité d’Amiens, et en profite, inspiré par Bonaparte, pour proposer au Sénat de donner au consul une preuve de la gratitude nationale. Toutefois les sénateurs, influencés par Fouché, se contentent de voter par anticipation la prorogation du mandat consulaire pour dix ans, sans accorder la magistrature à vie.

Déçu et irrité Bonaparte décide d’en appeler au peuple. Le Conseil d’Etat formule les questions qui seront posées : l’une concerne la magistrature à vie, la seconde donne au Premier consul la possibilité de désigner son successeur. Bonaparte ne retient que la première proposition : « Napoléon Bonaparte sera-t-il consul à vie ? » Le peuple se prononce en sa faveur par 3 500 000 voix contre 8 374. Le 2 août, le Sénat entérine le plébiscite et nomme Bonaparte consul à vie.

Celui-ci conforte sa position en modifiant la Constitution de l’an VIII. Ratifiée par le Sénat dès le 4 août, la Constitution de l’an X le crédite de nouveaux pouvoirs. Le Tribunat, par ailleurs réduit à cinquante membres, comme le Corps législatif sont soumis à la dissolution du Sénat.

Cette dernière assemblée, apparemment favorisée par les nouvelles institutions, est sous la tutelle du Premier consul. Si trois consuls à vie occupent toujours le sommet de l’exécutif, c’est à Bonaparte que reviennent les décisions importantes. Il peut nommer son successeur, possède le droit de grâce et l’initiative des sénatus-consultes, ratifie les traités et choisit les députés parmi les collèges électoraux dont il nomme le président.

 

Cette réforme de la Constitution consacre la toute-puissance de Bonaparte y compris la faculté de désigner son successeur qui ouvre évidemment la voie à un régime dynastique.

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