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Le blog d'André Boyer

LA FIN LOGIQUE DE L'AVENTURE

21 Juin 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LA FIN LOGIQUE DE L'AVENTURE

VUE DE LA BATAILLE INÉGALE DE LEIPZIG

 

À peine commencée à l’orée du siècle, l’aventure napoléonienne est déjà proche de la fin, comme on pouvait s’y attendre à partir de mai 1803, lorsque les Britanniques ont déclaré une guerre à mort à l’Empire. Seules les circonstances de la chute restent imprévisibles.

 

En 1812, les Russes se réveillent. Alexandre adresse un ultimatum à Napoléon le 8 avril 1812, le sommant d’évacuer la Prusse et de la Poméranie suédoise.

Napoléon, pensant comme d’habitude, qu’une « bonne bataille » réglera l’affaire, rassemble, malgré le nombre croissant de réfractaires, des forces militaires si considérables, six cent soixante dix huit mille hommes dont cinq cent mille étrangers,que les troupes russes ne peuvent que reculer.

À la poursuite de la bataille décisive, Napoléon franchit le Niémen, prend Smolensk, gagne à grand peine la bataille de la Moskova, pour entrer enfin dans Moscou à bout de souffle le 14 septembre. Il y attend jusqu’au 19 octobre une offre de paix qui ne vient pas : Moscou n’est pas un gage suffisant. Son armée fond au cours de la retraite. Lorsqu’il franchit la Berezina, sur les cent mille hommes qui quittent Moscou, soixante dix mille se présentent devant la rivière glacée que soixante deux mille d’entre eux parviennent à traverser sur des pontons. C’est une grande victoire que ce passage de la Berezina, puisque Napoléon a réussi à préserver son corps d’officiers

Sur la bataille de la Berezina et avant, voir l’ensemble des blogs que j’ai consacré à cet extraordinaire fait d’armes, de Moscou à Vilnius :

La Bérézina, le Dunkerque de la retraite de Russie, 4 mai 2011.

À Smolensk, le sort bascule…, 6 mai 2011.

Bain de sang à Krasnoï, 9 mai 2011.

Survivre après Krasnoï, 12 mai 2011.

Echec et mat à Borisov ?, 15 mai 2011.

Le passage de la Bérézina, enfin !, 19 mai 2011.

L’ultime victoire de la Grande Armée, 28 mai 2011.

Cependant la Grande Armée n’existe plus.

Lorsque les survivants de la retraite de Russie traversent le Niémen le 13 décembre 1812 avec Murat à leur tête, ils ne sont plus qu’un millier d’hommes armés de neuf canons. Napoléon les a abandonné peu après le passage de la Berezina, tassé au fond de sa caléche entourée de quelques cavaliers. Il s'agit de reprendre le contrôle de la machine étatique, un instant menacée par la tentative de coup d’État du général Malet. 

En 1813, tout est perdu, mais Napoléon ne le sait pas. Il croit toujours qu’il lui suffit de lever les nouvelles armées que les berceaux français lui ont obligeamment préparé, soit cent quarante mille hommes de la classe 1813, auxquels s’ajoutent deux cent cinquante mille  hommes des classes 1809 à 1814.

À Mayence, il rassemble tous ceux qu’il peut réquisitionner. Les alliances se renouent contre lui. Il parvient difficilement à repousser les Prussiens et les Russes, et s’installe à Dresde pour souffler. Pendant ce temps, l’Autriche lui déclare la guerre. Un million d’alliés font désormais face à deux cent cinquante mille français. La bataille de Leipzig montre le désequilibre des forces, puisqu'elle oppose cent quatre vingt mille français à trois cent vingt mille coalisés. Elle dure trois jours, mais le génie de Napoléon ne peut pas empécher qu'elle soit remportée par les alliés qui contraignent  Napoléon à ordonner et à réussir, malgré tout, une retraite générale. 

1814 voit Napoléon littéralement privé de troupes. Il ne rassemble plus que soixante mille hommes lorsqu’il rejoint l’armée, le 25 janvier. Mais il refuse toujours de signer la paix contre le retour aux frontières de 1792. C’est alors, que déployant tout son génie militaire comme aiguisé par l’adversité, il livre une série de batailles souvent victorieuses qui ne l’empêchent pas d’être sans cesse débordé par le nombre.

La capitulation de Paris, le 31 mars, sonne l’hallali. Deux jours plus tard, le Sénat prononce la déchéance de l’Empereur. Quatre jours plus tard, il doit abdiquer sans condition. On lui accorde, imprudente dérision, la souveraineté de l’île d’Elbe.

Le  30 mai 1814, le traité de Paris conserve à la France ses frontières de 1792. Elle garde Mulhouse, Montbéliard, le Comtat Venaissin, une partie de la Savoie, les forteresses de Marienbourg, Philippeville, Sarrelouis et Landau, ainsi que la plupart de ses colonies à l'exception de l'île de France et Sainte-Lucie et Tobago.

 

La France s’en sortait bien. Provisoirement, car le génie aventureux de Napoléon allait envenimer pour longtemps les rapports entre la France et l’Europe coalisée. 

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