LA RESISTANCE PERDURE
15 Juin 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
À vouloir dicter sa volonté à toute l’Europe, Napoléon commence par s’engluer dans le piège espagnol.
Pour la première fois, ses troupes doivent capituler à Bailén face à des troupes irrégulières, circonstance aggravante. Dix mille soldats français sont faits prisonniers. C’est un événement qui impressionne toute l’Europe : le baron Stein écrit : « les événements d’Espagne font une grande sensation et démontrent ce que peut faire une nation qui a de la force et du courage ».
Pour corser le tout, Wellesley, le futur Wellington, débarque au sud de Lisbonne avec quinze mille hommes. La résistance du peuple espagnol est identique à celle de la Vendée, mais multipliée par douze, soit dix millions d’Espagnols contre huit cent mille Vendéens.
Le peuple espagnol ne veut ni de la République, ni des troupes étrangères, ni des Français, et il est trop déterminé pour être réduit, d’autant plus que les guerres que doit livrer Napoléon contre le reste de l’Europe limitent les effectifs qui peuvent être opposés aux guérillas organisées en Juntes.
Napoléon est lucide, mais le mal est fait. Il essaie de stabiliser ses relations avec la Russie à Erfurt avec qui il signe un accord le 12 octobre 1808. Talleyrand, lui qui a incité Napoléon à entrer en Espagne, commence à pousser Alexandre à résister à Napoléon une fois qu’il a pris acte des difficultés rencontrées.
Ce dernier se décide à pénétrer en Espagne à la tête de la Grande Armée avec laquelle il fonce sur Madrid en renversant tout sur son passage. Les cent cinquante mille hommes qu’il conduit bousculent les vingt mille soldats et paysans espagnols massés à Burgos, puis les quarante-cinq mille hommes rassemblés à Tuleda. À Madrid, il abolit aussitôt l’inquisition, supprime les couvents et les droits féodaux, mais n’y reste guère après avoir tenté sans succès d’encercler les Anglais de Moore.
L’année 1809 le voit contraint de courir éteindre les incendies qui s’allument partout. Le 17 janvier, Napoléon quitte l’Espagne pour préparer la guerre contre l’Autriche qui est en train de mobiliser. Après une campagne éclair, il entre dans Vienne le 13 mai, mais il lui faut encore livrer une dure bataille à Wagram, qu’il remporte avec de lourdes pertes : après une énorme bataille d’artillerie, on relève trente-quatre mille morts chez les Français et cinquante mille chez les Autrichiens !
Un nouveau traité est imposé à l’Autriche qui perd tout accès à la mer, doit payer 85 millions de florins d’indemnité et limiter ses troupes à cent cinquante mille soldats. De plus, les États Pontificaux sont occupés, le Pape est arrêté et enfermé à l’évêché de Savone. Pendant ce temps, la guerre continue en Espagne, le siège et la prise sanglants de Saragosse par Lannes n’y changeant rien. En outre, Wellington s‘installe durablement au Portugal.
L’année 1810 est celle où Napoléon croit régler en même temps la question autrichienne et sa succession dynastique en épousant Marie Louise d’Autriche. Il voit cependant un ennemi de plus surgir au Nord, avec le couronnement de Bernadotte en Suède.
Un fils lui naît en 1811, lui redonnant le moral. C‘est sans doute pourquoi il envoie Masséna au Portugal piétiner devant les défenses de Wellington, plutôt que de régler le problème lui-même. Pendant ce temps, Alexandre et ses généraux méditent une revanche militaire, animés par la crainte d’une résurrection d’une Pologne indépendante et hostile à la Russie.
La fin de l’Empire est proche, mais personne ne sait encore à quelle échéance.