LES MIGRANTS ET LA MONTÉE DES CONFLITS
Tout le monde semble désormais conscient que l’arrivée soudaine de migrants en Europe, surgis du Moyen Orient après qu’ils aient commencé par la Libye , constitue un évènement historique, même si le manque de recul rend difficile d’en apprécier précisément les conséquences.
Du moins peut-on percevoir quels seront les effets premiers de ce mouvement, en s’adossant sur les deux blogs que j’ai fait paraître le 2 novembre 2014 sous le titre Eurafrique et le 5 septembre 2015 sous le titre L’Europe a disparu ! ainsi que sur les blogs que j’ai auparavant écris sur la Syrie et la Libye.
Le facteur principal de l’arrivée des migrants réside, comme l’aurait dit Monsieur Jourdain, dans l’attractivité de l’Europe pour les populations moyen-orientales et africaines. Espace géographique tempéré, doté d’une économie moderne et d’un système social efficace, c’est en outre un havre de paix où il est possible d’obtenir des droits individuels, comme celui de faire venir sa famille, d’éduquer ses enfants, de se soigner, de recevoir une retraite ou de se défendre contre les injustices.
Si l’on y ajoute que l’espace européen est en voie de régression démographique, tout se conjugue pour qu’il représente le refuge de tous ceux qui sont chassés de leurs lieux de vie originels par la guerre ou la misère.
Seuls, l’inertie liée aux habitudes de vie et les obstacles juridiques, policiers et physiques freinaient jusqu’ici le mouvement d’émigration vers l’Europe. Mais désormais deux voies se sont ouvertes.
L’une consiste depuis déjà quelque temps à se lancer sur la Méditerranée depuis la Libye vers Lampeduza pour être recueilli par les Marines Européennes et remis à la garde des autorités italiennes qui ne peuvent que laisser les migrants s’égayer en Europe en fonction de leurs affinités.
L’autre, plus récemment, par la Turquie et la Grèce, s’est révélée moins risquée quoique pavée d’étapes diverses. Logiquement la première attirait surtout des Africains, la seconde concerne principalement les moyen-orientaux provenant en priorité de camps surchargés de réfugiés provenant de pays en guerre, comme en Syrie, en Irak ou en Afghanistan.
Les candidats migrants ont progressivement découverts que l’Europe ne protégeait pas ses frontières et que l’afflux de refugiés ne provoquait aucune réaction négative de la part de la majorité des États Européens, mais au contraire un message de bienvenue du premier d’entre eux et des expressions de compassion du côté des medias, obligeant les États à s’organiser d’urgence pour les accueillir.
Si bien, qu’en cette fin septembre 2015, environ quinze mille migrants par jour, passant principalement par la Grèce et l’Italie mais aussi par des pays aussi improbables que la Norvège, rejoignent l’espace Schengen où ils sont enregistrés comme demandeurs d’asiles et pris en charge matériellement. Si ce rythme se maintient sans s’accélérer, cela fera cinq millions de personnes au bout d’un an, pas de quoi déstabiliser démographiquement, du moins à court terme, une Union Européenne qui comprend cinq cent millions d’habitants.
Oui, mais.
Mais ces migrants semblent se concentrer dans le nord ouest de l’Europe, en Allemagne, en Scandinavie et s’ils peuvent franchir les barrières de Schengen, en Grande-Bretagne, pour des raisons qui tiennent à la facilité de trouver un emploi et parce qu’ils y ont des accointances. Dans ces zones, la concentration de migrants ne manquera pas de provoquer des conflits avec les habitants actuels et des décalages avec les pays qui accueillent moins de migrants, à l’Est et au Sud de l’UE.
Mais la découverte, par les candidats migrants, de ces failles dans la frontière de l’espace Schengen ne manquera pas de susciter des arrivées croissantes. Il va falloir s’y opposer, provoquant des heurts et donc des victimes qui accroitront les tensions entre les partisans de la fermeté et ceux de la charité, entrainant des conflits politiques majeurs, auxquels l’organisation politique actuelle de l’Europe aura du mal à survivre.
Mais les dirigeants politiques de l’Union Européenne découvrent aujourd’hui que leurs politiques d’indifférence vis à vis des conflits au Moyen-Orient et en Afrique, à commencer par la Libye, sont intenables puisque ces derniers s’invitent en Europe par le biais des migrants, voire du terrorisme. Il va leur falloir s’impliquer directement, loin des errements de la politique américaine et au plus prés des complexités des politiques moyen-orientales et africaines. Avec quels moyens humains, militaires et financiers ?
Loin des apitoiements mediatiques, le surgissement actuel des migrants semble donc constituer le détonateur de trois conflits en gestation, un conflit civil, un conflit politique et un conflit militaire.