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Le blog d'André Boyer

PAROLES ARMÉES I

27 Novembre 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #CULTURE

PAROLES ARMÉES I

LE PORTE AVION CHARLES DE GAULLE

Après l’attentat du 13 novembre, la France s’interroge sur la manière de lutter contre le terrorisme de Dae’ch et plus globalement sur les moyens de vaincre cette organisation.

Un ouvrage de Philippe-Joseph Salazar, Paroles Armées, paru en août 2015, décrypte la démarche idéologique de Dae’ch afin que nous puissions à notre tour nous réarmer idéologiquement.

 

Directeur du Centre d’études rhétoriques à l’Université du Cap en Afrique du Sud, cet expatrié de soixante ans a concentré ses recherches sur les techniques d’éloquence et de persuasion politiques. Son livre présente deux années de  recherche sur les messages que cherche à transmettre Dae’ch.

 

Il nous rappelle qu’en même temps que l’organisation de l'Etat Islamique en Irak et au Levant  islamique (EEIL) se transformait en État islamique, cette dernière proclamait le 29 juin 2014 le rétablissement du califat, le régime politique islamique qui a été aboli par Mustapha Kemal Atatürk le 19 octobre 1923. Comme l’a souligné lors de cette proclamation le porte-parole de l'EIIL, le califat doit être « le rêve de tout musulman », en fait de tout musulman sunnite, ce qui fait qu’il est « désormais de leur devoir de prêter allégeance au calife Ibrahim », ainsi nommé en référence à son véritable prénom. Et de fait, de nombreux groupes islamistes jusqu’en Libye et au Nigeria se sont ralliés au califat.

En outre, il faut se souvenir qu‘Oussama Ben Laden invoquait régulièrement « la catastrophe d’il y a quatre vingt ans » qu’avait été la disparition du califat qui avait symboliquement régné sur le monde musulman sunnite depuis la mort de Mahomet. Il faut se souvenir aussi que le mouvement des Frères Musulmans qui naquit en Égypte en 1928, cinq ans après l’abrogation du califat, se donna pour mission de le rétablir sur toute « la terre d’islam ». Car le califat désigne «l’émir des croyants » qui succède au  prophète Mahomet. Après les quatre premiers califes qui ont régné à sa suite, le califat a connu son âge d'or au temps des Omeyyades (661-750) et surtout des Abbassides (750-1517) avant de connaître sa fin, provisoire on s’en rend compte aujourd’hui, avec le démantèlement de l'Empire ottoman.

 

Aussi terroriste soit-il, l’État Islamique est avant tout une nouvelle structure destinée à rétablir le califat.

 

On comprend dés lors que ni les Frères Musulmans, ni le Président de la Turquie Recep Tayyip Erdogan, fondateur du Parti de la Justice et du Développement opposé à l’œuvre d’Atatürk, ni les dirigeants des États salafistes de l’Arabie Saoudite et du Qatar ne peuvent s’opposer au concept de califat promu par Dae’ch, même s’ils ne sont pas forcément en accord avec les méthodes du nouveau calife à la personnalité contestée, Abou Bakr Al-Baghdadi.  

Il faut donc tout d’abord admettre que si nous nous opposons de fait à l’existence du califat, nous nous opposons non seulement à toute une nébuleuse de groupes terroristes, mais aussi à des États puissants qui sont encore aujourd’hui nos alliés théoriques, la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar.

En contrepartie, nos alliés sont désormais les adversaires de toujours du califat, les chiites conduits par l’Iran, une partie des sunnites conduits par l’Egypte, les Kurdes, les Alaouites conduits aujourd’hui par Bachar El Assad et toutes les minorités chrétiennes d’Orient, tous soutenus par une Russie inquiète.

Il nous faut aussi admettre que les anglo-saxons engagés dans une politique d’équilibre au service de leurs intérêts pétroliers, mais aussi l’Allemagne engluée dans sa dépendance vis-à-vis de la Turquie ne nous apporterons qu’un soutien distant et frileux.

Nous devons enfin comprendre qu’il nous faudra prier pour la chute d’Erdogan et finir par bombarder les champs pétroliers d'Arabie Saoudite.

Vaste programme...

 

Ce n’est donc pas un petit combat qui s’engage et qui s’arrêterait avec l’effondrement de Dae’ch et le départ rêvé d’Hafez El Assad. 

À SUIVRE

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J
Très intéressant, André! J'avais compris que Da'ech avait des "bases" mais, dans toute cette poudrière proche et moyenne orientale, hors l'Arabie Saoudite, je n'avais pas trop cherché lesquelles. J'en aperçois aujourd'hui un peu plus. Certains parlent d'une nouvelle guerre locale "de Cent Ans", celà pourrait bien arriver!
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B
Cher Jean-Pierre, je te remercie de ton commentaire. On comprend mieux que Dae'ch n'est pas une entreprise isolée, qu'elle a des alliés et des adversaires et surtout qu'elle a un projet à long terme qui est redoutable. <br /> Amitiés, <br /> André