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Le blog d'André Boyer

La chienlit de l'été 1830

13 Décembre 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

La chienlit de l'été 1830

UNE RÉVOLUTION QUI SE PROLONGE PAR LE FLOTTEMENT DU POUVOIR

Tandis qu’en haut, c’est la chasse aux bonnes place, dénoncée par un vaudeville intitulé « la Foire aux places », en bas les grèves et les manifestation se succèdent, renforcées par la concordance des mouvements révolutionnaires qui agitent la Belgique, l’Italie et la Pologne.

 

Les républicains se retrouvent au sein de clubs, dans lesquels ils réclament des réformes politiques ou sociales. Dans le même temps, le gouvernement épure l'administration de tous les sympathisants légitimistes et les remplace par un personnel nouveau issu de la révolution de Juillet  C’est le retour aux affaires de la partie du personnel du Premier Empire qui en avait été écartée sous la Seconde Restauration. La grande différence entre la Restauration et la monarchie de Juillet, réside dans la substitution dans la substitution, à l'intérieur du même groupe social, des tenants d'une mentalité favorable à l'esprit de 1789 aux tenants d'une mentalité qui lui était hostile.

Les ouvriers réclament une hausse des salaires que Thiers trouve déplacée, la diminution du temps de travail et l’expulsion des travailleurs étrangers.

Des revendications très modernes.

En tant que cible, l’Eglise n’est pas oubliée: le séminaire de Metz est mis à sac en octobre 1830. Des émeutiers mettent aussi à sac l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois et l’archevêché en février 1831, à la suite d’une messe en mémoire de l’assassinat du duc de Berry qui avait eu lieu dix ans auparavant en 1820 ; des églises sont aussi saccagées à Auxerre, Dijon, Arles, Nîmes, Perpignan, Angoulême, Nancy et Lille.

Pendant trois mois, l'agitation est permanente, entretenue par la presse républicaine et libérale. Le gouvernement ne dispose pas des moyens de sévir, d'autant que la Garde Nationale est dirigée depuis le 16 août 1830 par La Fayette, qui se trouve être le chef de file des républicains.

Louis-Philippe doit donc souffrir les familiarités des « héros de Juillet » qui réclament, selon la formule de La Fayette, « un trône populaire entouré d'institutions républicaines ». Sous les ricanements des légitimistes, le « roi-citoyen » distribue force poignées de main à la foule ; devant le Palais-Royal ce sont en permanence des attroupements qui réclament à tout bout de champ Louis-Philippe pour lui faire chanter La Marseillaise. Mais le roi joue un rôle bonhomme de pure composition, on va s’en apercevoir rapidement.

Ces évenements rappellent étrangement l’été 1789 et le mois de mai 1968 ; le pouvoir flotte et hésite.

Mais tout le monde sait que les puissances européennes, qui sont composées des alliés de 1814, signataires du traité de Vienne, Autriche, Prusse, Russie et, à un moindre degré, Royaume-Uni, n’accepteraient pas l’installation d’une nouvelle république en France.

C’est ce qui fait la force constitutive du régime artificiel qui s’installe au pouvoir. Mais les jacobins, incorrigibles, veulent des têtes et plaident pour l’exportation de la révolution en Europe: Armand Carrel fait campagne en ce sens en janvier 1830 dans le journal « Le National ».

Sans entrain, les orléanistes cherchent à les calmer en prenant des mesures répressives contre les fidèles de Charles X. Symboliquement, on incarcère quatre ministres de Charles X, des manifestations sont organisées en vain pour demander leur condamnation à mort, on exclut des députés et on commémore l’exécution des quatre sergents de la Rochelle.

 

Mais le pouvoir évite soigneusement de provoquer un conflit européen, au grand dam des républicains et bonapartistes.

 

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