Le gouvernement réprime, la bourgeoisie s'affaire
5 Janvier 2016 , Rédigé par André Boyer
L’agitation politique et sociale a commencé avant 1930. Elle ne cessera pas tout le long de la monarchie de juillet et naturellement pas après sa chute, en 1848.
Les mouvements sociaux sont en effet permanents : rien qu’en mai 1833, quatre-vingt-dix mouvements de grève sont enregistrés. Même les attentats contre Louis-Philippe ne cesseront plus. Par exemple, le 19 novembre 1832, un coup de feu est tiré contre le Roi Louis-Philippe au moment où il traversait le pont Royal. Son auteur présumé, le journaliste Louis Bergeron est acquitté, faute de preuves.
Mais le gouvernement n’en est pas pour autant paralysé. Il le démontre en effectuant l’une de ses plus importantes réformes, par la loi Guizot de juin 1833 qui organise l’enseignement public primaire des garçons Selon cette loi, chaque département doit ouvrir une école normale d’instituteurs, et chaque commune doit entretenir une école primaire. L’école est gratuite pour les familles indigentes. Des postes d’inspecteurs et des manuels sont prévus. La loi est destinée à « moraliser » la population et à préparer l’élargissement du nombre des électeurs. Grâce à cette œuvre législative, le nombre d’enfants scolarisés sera multiplié par plus de dix, passant de trois cent soixante douze mille en 1829 à trois millions deux cent quarante mille garçons et sept cent quatre vingt quinze mille filles en 1846.
En octobre 1832, Louis-Philippe appelle à la présidence du Conseil un homme de confiance, le maréchal Soult, première incarnation de la figure politique dite de l'« illustre épée », que la monarchie de Juillet reproduira à l'envi. Soult peut s'appuyer sur un triumvirat constitué des trois principales figures politiques du moment, Adolphe Thiers, le Duc de Broglie et François Guizot.
Peu après, le 21 novembre 1832, éclate à Lyon la révolte des canuts à la suite du refus des maisons de commerce d’augmenter leurs rémunérations. L’armée doit évacuer la ville mais parvient à rétablir l’ordre sans effusion de sang.
Le 13 avril 1834, une nouvelle insurrection des ouvriers et des artisans, organisée par la Société des droits de l’homme reconstituée par les républicains fin 1832, provoque trois cent trente morts à Lyon. Le soulèvement, après s’être propagé dans le Sud-Est de la France, atteint Paris où quarante mille soldats reprennent le contrôle des quartiers insurgés, au prix d’une bataille de rues. La vie bourgeoise n’était pas si tranquille…
Le gouvernement accroit les crédits militaires pour assurer le maintien de l’ordre tandis que cette intense agitation provoque un réflexe conservateur au cours des élections qui suivent. Les candidats républicains sont tous battus, alors que ceux du gouvernement obtiennent trois cent vingt sièges sur quatre cent cinquante-neuf, le reste se répartissant entre opposition dynastique et légitimiste. Les républicains en concluent qu’ils sont désavantagés par un corps électoral trop restreint et qui leur faut une réforme électorale qui l’élargisse, y compris jusqu’au suffrage universel. Dés lors, ils vont faire sans cesse campagne sur ce thème et lorsqu’ils seront rejoints dans cette revendication par les monarchistes les plus libéraux, cela aboutira à la révolution de 1848.
En attendant, les conspirations et les affaires continuent, dans une France qui passe de l’agriculture au capitalisme industriel.