Les affaires, le maintien de l'ordre et les cocoricos
15 Janvier 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
Si l’actualité politique de la Monarchie de Juillet est troublée, et c’est un euphémisme, les conspirations n’empêchent ni la croissance ni les affaires.
La France connaît un début d’expansion économique entraînée par l’extension du chemin de fer qui stimule la métallurgie et la banque, qui se traduit par un taux de croissance de 2,4% par an entre 1836 et 1848, contre 1,2% entre 1825 et 1835.
Les tensions s’accroissent entre la précarité de la condition ouvrière et de fortes aspirations au progrès social qui trouvent leurs théoriciens avec Saint-Simon et Charles Fourier. Ils sont rejoints par Proudhon qui exprime les aspirations égalitaires de l’artisanat, ou Louis Blanc qui demande que l’activité économique nationale soit organisée par l’État. Le partage égalitaire des biens commence à être théorisé par le communisme que Karl Marx élabore dans ses ouvrages.
Le grave attentat du 28 juillet 1835 organisé Fieschi et ses complices qui actionnent une machine infernale provoquent une forte réaction répressive. L’attentat qui vise vainement le Roi, tue onze personnes. L’Assemblée adopte des lois qui répriment la participation à une insurrection, qui interdisent de discuter de la personne du roi, de la Charte, ou de la forme de gouvernement.
Les conflits politiques agitent de plus en plus les orléanistes qui se disputent le pouvoir, les Guizot, les Molé, les Thiers, les Broglie ou autres Dupin, tandis que le livre politique d’une rare perspicacité d’Alexis de Tocqueville, De La Démocratie en Amérique, met en lumière la force de l’idée démocratique dont il démontre qu’elle n’a pas encore saisi la France en 1835, et dont on attend toujours qu’elle la saisisse au début du XXIe siècle.
Louis-Philippe connaissait le prurit de l’orgueil national, excité par les politiciens qui évoquaient les glorieuses guerres révolutionnaires et napoléoniennes. Pour occuper les esprits, il accepte de rapatrier les cendres de Napoléon qui sont transférées aux Invalides le 15 décembre 1840, en présence d’une foule immense.
En attendant, il s’allie prudemment aux Anglais pour défendre la Belgique contre les Pays-Bas, tout en rivalisant avec eux, toujours avec modération, dans le contrôle des colonies en Afrique, en Egypte et dans le Pacifique, avec la prise de contrôle de Tahiti par la France.
Le nouvel avatar de l’expansion de l’État français se situe désormais en Algérie. Louis-Philippe commence par limiter son occupation à la frange côtière jusqu’à ce que Bugeaud n’impose son occupation totale et un conflit avec le Maroc. Veillant à éviter tout conflit européen, le roi fera en sorte que le désaccord entre la France et le Royaume Uni sur l’Egypte ne dégénère, du fait de la politique agressive de Thiers. C’est pourquoi il le remplacera en octobre 1940 par Guizot, un partisan de la paix.
Thiers pratiquait en effet une politique très moderne, toute de laxisme et de démagogie, flattant l’orgueil national et vidant les caisses pour satisfaire sa clientèle électorale. À propos des rapports turco égyptiens. Thiers écrit le 1er août 1840, dans La Revue des Deux Mondes : « si certaines limites sont franchies, c’est la guerre, la guerre à outrance… ». Il est alors en phase avec l’opinion publique républicaine, qui retrouve ses vieilles habitudes en poussant au conflit avec les Anglais.
Ce sera encore le cas en 1870, contre les Prussiens.