Louis Alphonse Thiers
23 Janvier 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
UN HOMME POLITIQUE RÉALISTE ET BRUTAL
Puisque j’ai terminé le dernier blog sur la Monarchie de Juillet avec Louis Alphonse Thiers, il me semble nécessaire de présenter ce personnage qui joua un rôle majeur durant une bonne partie du XIXe siècle.
Thiers est né à Marseille le 15 avril 1797. Avocat, il se fait connaître par une monumentale Histoire de la Révolution française » (1824), disponible sur Internet.
On a vu qu’il a joué un rôle majeur dans l’appel à Louis-Philippe en juillet 1830. Son rêve est celui d'une monarchie parlementaire, mais lorsqu'il est lui-même au pouvoir, il ne sait pas se contrôler:
Ministre de l’Intérieur, il réprime avec brutalité les émeutes républicaines d’avril 1834.
Président du Conseil en 1836, il envisage de faire la guerre à l'Angleterre à propos de l'Espagne.
De retour à la Présidence du Conseil en 1840, il fait voter la "loi des Bastilles " qui enferme Paris dans un corset de fortifications en prévision de futures guerres.
Il menace ensuite de s'opposer au reste de l'Europe dans le conflit qui oppose le sultan turc à son vassal égyptien, avec le soutien du petit peuple, républicain et belliciste.
Tandis que Louis-Philippe envisage d'abdiquer pour ramener la paix civile, Thiers lui conseille de « sortir de Paris pour y rentrer avec le maréchal Bugeaud et 50.000 hommes ».
En juin 1848, sous la Deuxième République, Thiers renouvelle sans succès sa proposition de reconquête de Paris par l'armée et de liquidation des émeutes ouvrières.
S’il encourage le prince Louis Napoléon Bonaparte à se présenter à la présidence de la République, il s’en écarte lorsque ce dernier proclame le Second Empire.
Arrêté et exilé, il revient en politique avec clairvoyance lorsqu'il dénonce la diplomatie aventureuse de l'empereur et qu'il s'oppose à l'entrée en guerre de la France contre la Prusse en juillet 1870.
C’est à ce moment précis qu’il devient vraiment un homme d’État, quarante années après son entrée en politique, d’où l’on voit que tous les espoirs sont permis à nos hommes politiques contemporains sur le retour.
Porté à la tête du gouvernement français après la défaite de 1871, Thiers négocie la paix avec Bismarck et réprime brutalement la Commune, selon les plans qu'il avait déjà à plusieurs fois envisagé sans succès.
Toujours réaliste, il se rend compte qu’une restauration monarchiste n’est pas envisageable aprés 1870 et se fait le propagandiste des institutions républicaines.
Il meurt le 3 septembre 1877 à 80 ans.
Un homme politique réaliste et brutal.