L'ARABIE SAOUDITE DANS LE GUÊPIER YÉMÉNITE
10 Février 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ
Parmi les plus redoutables défis dans lesquels l’Arabie saoudite se trouve plongée, pilotée d’une main téméraire par ce gamin prétentieux de Mohammed ben Salman, celui de la guerre menée au Yémen semble la plus aventureuse et la plus susceptible de générer des redoutables conséquences.
Apparemment, même après les guerres de Syrie qui flambe de plus belle, de Libye qui menace de recommencer, d’Irak et d’Afghanistan qui ont engendré des conséquences catastrophiques, il reste des décideurs qui n’ont pas encore compris que déclencher une guerre provoque des effets dévastateurs, en premier lieu sur ceux qui la subissent mais aussi sur ses instigateurs. Cet aveuglement apparent doit cacher des causes particulièrement sombres, nichées au cœur des hommes ou de leurs portefeuilles, ou des deux.
La dynamique de la guerre au Yémen, toutes proportions gardées, est du même ordre que celle de l’Afghanistan ou du Viêt-Nam, au sens où elle apparaît ingagnable.
Le territoire du Yémen (voir la carte ci-dessus) est actuellement partagé entre trois groupes antagonistes, les Houthis et les pro-Saleh, chiites, qui tiennent le Yémen utile (en vert), les sunnites fortement appuyés par l’Arabie saoudite et ses alliés, dont la France, qui tiennent l’ouest (en rose) et les islamistes d'Al Qaïda (AQPA), d'Ansar al-Charia et de l'EI qui tiennent le centre du Yémen (en blanc).
Cette guerre n’a fait, à ce jour, que relativement peu de morts, comparée à la guerre en Syrie, moins de 7000 morts et 25000 blessés.
Les Houthis ainsi nommés parce que leur chef se nomme Hussein Badreddin al-Houthi de confession chiite, habitent au nord-ouest du Yémen. Ils se considèrent comme les perdants du système politique yéménite, ce qui les a conduit à réclamer depuis 2004 le rétablissement du statut d'autonomie dont ils bénéficiaient avant 1962. Leur révolte s’est amplifiée lorsqu’ils ont protesté en 2012 contre la fin des subventions sur les produits pétroliers. Ils se sont trouvé opposé au renversement du Président Ali Abdallah Saleh à la suite du « printemps arabe ». Ce dernier a été remplacé au cours d’une confuse lutte politique par le Président d'Abd Rabbo Mansour Hadi.
Ce dernier a lui-même été chassé de la capitale, Sanaa, le 19 septembre 2014 par les Houthis qui ont ensuite pris momentanément le port d’Aden. Le 19 septembre 2014, les Houthis ont attaqué Sanaa et pris le siège du gouvernement. Cette révolte a abouti à un accord sur l'amendement du projet de Constitution et sur la représentation des Houthis et des autres factions dans le gouvernement. Cet accord étant contesté par des factions sunnites, les Houthis annoncent le 6 février 2015 l'instauration d’un Conseil présidentiel, chargé de diriger la transition vers une nouvelle constitution. Mohammed Ali al-Houthi, cousin de Abdul Malik al-Houthi, prend le pouvoir en tant que président du Comité révolutionnaire. La Chambre des députés est dissoute et remplacée par un Conseil national.
Ce processus est dénoncé comme un coup d'État par le Conseil de coopération du Golfe et le secrétaire général des Nations unies et de nombreux pays évacuent leurs ambassades à Sanaa, tandis que le président iranien, Hassan Rohani salue la prise de pouvoir des Houthis.
Entretemps, le président renversé et emprisonné Hadi prend la fuite vers Aden, le 21 février 2015 et huit jours plus tard, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït déplacent leurs ambassades à Aden.
Les Houthis décident alors d’attaquer Aden. Le 19 mars 2015, les forces spéciales du général al-Sakkaf (Houthis) prennent l'aéroport d'Aden, attaquent le palais présidentiel mais ne parviennent pas à prendre la ville d’Aden.
C’est alors, le 25 mars 2015, que l’Arabie Saoudite met la main dans l’engrenage en prenant la tête de l’opération Tempête décisive qui consiste en premier lieu à reprendre l’aéroport d’Aden.
(À SUIVRE)