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Le blog d'André Boyer

L'Empire, c'est la paix

13 Juin 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LES ÉLECTEURS, ONT VOTÉ POUR LOUIS-NAPOLEON

Une fois élu, Louis-Napoléon va inexorablement être pris, malgrè toute sa bonne volonté, dans la contradiction fondamentale du pouvoir en France que nous commençons à saisir. D'un côté, il veut être le représentant loyal des électeurs qui l'ont porté au pouvoir. De l'autre, il est à la tête d'un État qui a parfaitement les moyens de contrôler le pays.

 

Louis-Napoléon Bonaparte dispose d’atouts solides pour exercer le pouvoir dont il s’empare pleinement en 1851. La majorité des électeurs s’exprimant par le suffrage universel lui fait confiance, ce qui est la toute première fois dans l’histoire de la France. Il est un homme neuf, auréolé du prestige napoléonien. Il est libre de ses choix, puisqu’il n’est pas le représentant patenté d’une classe sociale. Enfin, il a certainement la volonté de réussir ce règne qu’il a désiré de toutes ses forces, car, comme le note Tocqueville dans ses souvenirs à propos de Napoléon III : « Il se croyait fermement l’instrument de la destinée et l’homme nécessaire ».

Il se veut proche du peuple, habile à moderniser le pays et en mesure d’accroître son influence internationale. Or c’est ce dernier jeu qu’il perd, classiquement. Malgré les indéniables achèvements de son règne, ce dernier aboutit en effet à la catastrophe de la guerre de 1870, prologue des cataclysmes du XXe siècle. 

Comment expliquer une telle fin? Il est crucial d’observer comment Napoléon III, déterminé à faire le bonheur du pays, habile politique, fort de son expérience de proscrit, finit par buter sur une guerre dictée par la passion patriotique alors que la plus élémentaire prudence lui recommandait de l’éviter.

Au lieu de donner la priorité au développement du pays et malgré la fameuse formule qu’il prononce à Bordeaux le 9 octobre 1852 à Bordeaux, « L’Empire, c’est la paix ! », il engage la France dans une guerre de prestige en Russie, de libération en Italie, de reconquête au Mexique, avant de succomber dans une guerre insensée contre toute l’Allemagne coalisée contre lui.

Comment a t-il pu être aussi idiot ? 

L’explication est trop courte. Pragmatique, Napoléon III a su adapter ses projets aux circonstances, arrêter la guerre d’Italie, retirer ses troupes du Mexique, avancer vers l’Empire libéral après le temps de la répression. Ce ne sont pas ses « erreurs » qui expliquent la catastrophe finale de son règne. Son attitude s’inscrivait dans la continuité de l'homme qui voulait effacer l’échec final de son oncle, qui fut un fervent carbonari et qui était l’auteur de « l’Extinction du paupérisme ».

Il a agi selon son bon vouloir, avec le soutien indéniable de l’opinion publique, encore que cette dernière n’étant consultée que pour approuver à posteriori des décisions mises en œuvre et non pour débattre des choix qui s’imposaient au pays. Car, si tel avait été le cas, croit-on que les Français auraient envoyé  prés de cent mille soldats mourir en Crimée pour les beaux yeux de la reine Victoria ? Qu’ils auraient déclaré la guerre à l’Autriche pour contribuer à l’unité italienne ? Qu’ils seraient allés se fourvoyer au Mexique ? Ou même qu’ils seraient brutalement passés d’un régime autoritaire à un gouvernement libéral ?

 

C’est ainsi que Napoléon III, malgré toute sa bonne volonté, pilotant une machine trop puissante et trop docile pour lui, l’État français, le lanca contre le mur germanique. 

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