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Le blog d'André Boyer

UNE ANNÉE, OU PRESQUE, AVEC ALAIN JUPPÉ

8 Juin 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

UNE ANNÉE, OU PRESQUE, AVEC ALAIN JUPPÉ

MANIFESTATIONS CONTRE LE GOUVERNEMENT JUPPÉ DE 1995

Nous avons quitté les Français un peu sonnés par les mesures annoncées par le Président Juppé, alors qu'ils partent en vacances et que le gouvernement Macron se met au travail. 

 

Comme tous les gouvernements, sa première tâche de l’été consiste à évaluer les recettes du budget 2018 et surtout à cadrer les dépenses publiques. Compte tenu de ses engagements budgétaires et de sa décision de frapper fort d’entrée, car il se méfie de l’affaiblissement de son autorité au cours du temps, le Président Juppé décide de réduire tout de suite les dépenses de 30 milliards par an, après un collectif budgétaire qui a déjà annulé 10 milliards de dépenses votées au budget 2017.

Bien que les experts aient anticipé les difficultés et que les hauts fonctionnaires du Ministère des Finances aient fait tourner les ordinateurs, il reste à procéder aux arbitrages entre ministères mais aussi à répartir la charge de la baisse avec le budget social et celui des collectivités locales. Le gouvernement commence par bloquer les dépenses sociales, considérant qu’il serait politiquement insupportable de les baisser, mais décide de réduire les dépenses des collectivités locales de 8 milliards d’euros sous forme d’une réduction de la Dotation Globale de Fonctionnement, soit une baisse considérable de 25%.

Il reste cependant à trouver 22 milliards d’euros, soit 5 % du budget général, l’équivalent de la moitié des dépenses militaires, dépenses qu’il est plutôt question d’augmenter. La guerre commence entre les ministères et les ministres, tandis que les responsables des collectivités locales protestent hautement, tout en commençant à préparer leurs administrés à une forte hausse de leurs impôts locaux et à une réduction massive de leurs investissements.

Selon la règle simpliste mais efficace qui recommande de prendre les mesures les plus impopulaires tout de suite, le Président décide en outre d’appliquer tout de suite la suppression de l’ISF (5 milliards d’Euros) et l’augmentation d’un point de TVA (10 milliards d’Euros) dans le budget 2018, ce qui permet en contrepartie d’engager pour la même année la suppression progressive des charges sociales pour les salariés au SMIC.

Pendant que les arbitrages avancent, les Français reviennent de vacances. Ils découvrent, un peu ahuris, les mesures qui les attendent en tant que salarié, fonctionnaire, chômeur, détenteur d’aides sociales et consommateurs. Ils sont chauffés à blanc, via les chaines d’information en continu, par des syndicalistes directement visés par le plan Juppé et par conséquent fortement motivés. Lorsqu’il apparaît que le budget de l’Education nationale est touché, une brève grève a lieu mi septembre 2018, qui fait long feu.

Tout au long du débat budgétaire, des manifestations sporadiques ont lieu. Après l’adoption du budget, le projet de réforme de la fonction publique est présenté devant l’Assemblée Nationale. Déjà, lorsqu’il avait été présenté aux syndicats, ces derniers avaient unanimement rejeté le projet, parvenant à présenter un front commun contre la réforme du statut d’une fonction publique qui, il est vrai, rassemble l’essentiel des effectifs syndicaux.

Dés que le projet, qui suscite une pluie d’amendements de la part des députés de gauche, est soumis à l’Assemblée Nationale, les syndicats déclenchent une grève générale reconductible. Cette dernière, renforcée dans sa détermination par une série d’incidents avec les forces de police, se transforme en grève générale illimitée avec l’exigence de retrait du texte législatif. La RATP, la SNCF, l’ensemble des transports publics se joignent à la grève. La CGT, humiliée par le gouvernement Valls, voit l’occasion de recréer un front syndical uni. Elle en profite pour réclamer le rétablissement de l’ISF et le retour à un taux de TVA à 20%.

Jusqu’ici silencieux, le Président Juppé intervient à la télévision pour défendre une réforme « indispensable au maintien d’un service public de qualité », tandis que les commentateurs voient dans les désordres une répétition des grèves de 1995 sous le gouvernement Juppé. Mais le Président soutient que cette fois-ci les Français ont approuvé son programme puisqu’ils l’ont élu à une forte majorité et que pour sa part, il ne cherche nullement à se faire réélire mais à réformer le pays qui en a désespérément besoin. Pour contrer les grévistes, il organise des manifestations de soutien qui réunissent peu de participants mais provoquent des bagarres entre les deux camps. La police fait connaître son épuisement face aux manifestations et son exaspération à l’égard des politiques.

Le mois de décembre 2017 se déroule au milieu des grèves et des incidents, à peine interrompus par les fêtes de Noël et de fin d’année. Les syndicalistes, soutenus, toute honte bue, par la majorité du Parti Socialiste, se préparent à un mouvement de grève majeur, accompagné de coupures d’électricité tournantes.

Dans cette ambiance tendue, le mois de janvier 2018 voit une motion de censure lancée par le Parti Socialiste votée par une majorité de députés qui rassemble la gauche et une partie de la droite. Une tentative du Président Juppé pour former un second gouvernement avorte rapidement, ce qui le contraint à dissoudre l’Assemblée Nationale.

Les nouvelles élections sont prévues pour les dimanche 18 et 25 février 2018. Le Président Juppé appelle à élire une Assemblée Nationale qui soutienne  clairement son programme. Il ne l’obtient pas, l’Assemblée étant désormais partagée entre trois groupes presque égaux, une gauche plutôt radicale, le centre droit classique et le Front National. Devant cette situation politique ingérable, il renonce à former un gouvernement et annonce au peuple français sa démission le dimanche 4 mars 2018 à 20 heures, dans une allocution de tonalité gaullienne.

À trois jours prés, il a tenu dix mois.

Les règles de l’intérim de la Présidence de la République Française donnent un pouvoir limité au Président du Sénat qui s’installe à l’Elysée pour quelques semaines et imposent une nouvelle élection présidentielle dans un délai maximum de trente-cinq jours. Cette élection a lieu les 8 et 22 avril 2018. Le premier tour voit l’élimination de tous les candidats issus des partis dits de « gouvernement »…

 

À moins que les Français ne prennent conscience, pendant la campagne électorale de 2016-2017, du contenu intenable des programmes des candidats de droite, ce scenario me paraît vraisemblable. On ne peut se contenter en effet de promettre « du sang et des larmes, sans promettre aussi, comme Churchill, la victoire en échange.

Or, où se trouve la victoire du peuple français dans leur programme ? 

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E
Merci André<br /> Votre scénario me paraît vraisemblable.<br /> Une question : quand va-t-on vraiment se préoccuper de toutes ces multinationales qui gagnent beaucoup d'argent en France et en Europe et qui pratiquent l'évasion fiscale à haut niveau ?
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B
Les multinationales, les chinois, les financiers, pour le moment nous sommes à leur merci. <br /> Il faut changer cela. <br /> Amicalement, <br /> André
J
J'aime beaucoup le déroulé des evenements qui semble, effectivement, très réaliste! Et qui pose quand même la question de savoir: Quel pourrait être le choix le moins mauvais pour le peuple francais et la France aux prochaines présidentielles ?
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B
Bon, il suffit d'observer la campagne électorale et de choisir le candidat qui défend les intérêts des français. <br /> Amitiés, <br /> André
C
Salut André, bien vu pour le scénario très réaliste...mais qui je l'espère encore n'arrivera pas...persuadé que Juppé ne sera pas la....mais qui peut prétendre connaitre l'autre scénario...et pourtant il faut encore croire à l'émergence d'une union nationale avec un gouvernement de combat...est il interdit de rêver?<br /> A trés bientot......Jean
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B
Oui, un gouvernement d'union, mais à partir d'un projet positif, pas d'une purge destructrice..<br /> Amitiés, <br /> André
M
Non, pas invraisemblable du tout. A voir ce qui se passe en ce moment...
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M
Pas mal, M. Boyer !
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B
Cela t'a plu? ce n'est pas invraisemblable, me semble t-il. <br /> Amitiés, <br /> André