LES VICTOIRES FRANÇAISES DE 1756
Les offensives britanniques de 1755 s’étaient achevées par des succès partiels pour les Britanniques mais également par la mort du général Braddock survenue dans l’attaque de Fort Duquesne.
William Shirley lui succéda en tant que commandant provisoire des forces britanniques en Amérique du Nord. Il présenta ses plans pour 1756 à Albany en décembre 1755.
Il proposait de redoubler d’efforts pour prendre les forts de Niagara, Crown Point et de Duquesne, d’attaquer le Fort Frontenac sur la rive nord du Lac Ontario ainsi que la ville de Québec, mais ce plan ne fut approuvé ni par William Johnson, ni par le gouverneur de New-York, Sir Charles Hardy.
Aussi Newcastle, le Premier ministre britannique le remplaça t-il le mois suivant par Lord Loudoun, secondé par le Major Général James Abercrombie. Ces deux hommes avaient moins d’expérience que les trois officiers français envoyés avec des renforts en mai 1756, le Major Général Louis-Joseph de Montcalm secondé par le Chevalier de Lévis et le Colonel François-Charles de Bourlamaque, tous trois vétérans de la guerre de Succession d’Autriche. Ils arrivèrent en Nouvelle France alors même que la Grande-Bretagne déclarait formellement la guerre à la France le 18 mai 1756.
Pendant ce temps, le Gouverneur de la Nouvelle France, Pierre de Rigaud de Vaudreuil, qui ambitionnait d’ailleurs d’être nommé général en chef, ne resta pas inactif pendant l’hiver 1755-1756. Comme des estafettes avaient observé la faiblesse de la logistique anglaise, il décida d’attaquer Fort Bull au sud est de Fort Oswego sur le lac Ontario, ce dernier constituant l’ultime position militaire au Nord-Ouest, prés du lac Ontario, au bout d’une chaine de forts le long de la rivière Mohawk reliant la rivière Hudson au Lac Ontario. Fort Oswego dépendait de ces autres forts pour ses fournitures, en particulier de Fort William et de Fort Bull, ce dernier n’étant constitué de rien de plus qu’une palissade entourant des hangars bourré de poudre et de munitions destinées à la future campagne de 1756.
Le 12 mars 1756, trois cent hommes dont 110 Iroquois et Hurons, commandés par Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry, un officier né au Canada, traversèrent difficilement la région enneigée (on l’imagine, étant donné que c’était en hiver, qu’ils transportaient des armes et que cet exploit se déroule au XVIIIe siècle).
Le 25 mars, ils capturèrent dix soldats britanniques, ce qui les décida à attaquer immédiatement le fort, car dénués de canons, leur seule chance de succès résidait dans l’effet de surprise. Ils se mirent donc à tirer par les fentes laissées par la palissade, puis réussirent à briser la porte d’entrée du fort à coups de haches. Tous les combattants britanniques furent tués et scalpés, avant que les assaillants ne mettent le feu au fort qui explosa.
La perte des 45000 livres de poudre que contenait Fort Bull mit fin aux plans britanniques de campagne militaire contre les forts français sur le lac Ontario et contribua à la prise de Fort Oswego par les Français en août 1756.
Tout au long de l’année, les raids français et indiens avaient continué dans la vallée de l’Ohio, obligeant les colons anglais à se réfugier toujours plus à l’est, tandis que le nouveau commandement anglais se mettait lentement en place. En effet, quand il arriva à Albany, Abercrombie refusa de prendre toute initiative sans avoir l’accord de Loudoun. Pendant ce temps, Montcalm tira profit de cette inaction, en exécutant une feinte stratégique consistant à déplacer son état-major à Ticonderoga comme s’il allait attaquer sur le lac George, tout en se retournant vers Fort Oswego sur le lac Ontario.
Le 29 juillet 1756, Montcalm arriva secrètement à Fort Frontenac avec pour objectif de donner l'assaut à Fort Oswego, tout en doutant des capacités de ses troupes irrégulières à le mener à bien.
Le déroulement des combats le rassura.
L'armée de Montcalm était forte de trois mille hommes dont une moitié à peine de soldats réguliers auxquels s’ajoutaient deux cent cinquante indiens. Par marche de nuit afin d’utiliser l'effet de surprise, Montcalm arriva le 10 août à minuit à l'embouchure de la rivière Oswego et engagea immédiatement son artillerie.
La zone comprenait trois forts, mais seul le fort Oswego était à même de soutenir un siège, si bien que les deux autres furent aussitôt abandonnés par leurs garnisons qui se replièrent sur Fort Oswego, ce dernier rassemblant une garnison de mille sept cents soldats irréguliers, appuyés par trente-trois canons et bien commandés par le colonel Mercer.
Mais Montcalm était un meilleur officier encore, il disposait de forces plus nombreuses et ses alliés indiens menèrent une guérilla meurtrière sur les arrières du fort. Mercer fut tué et la garnison capitula le 14 août. Les Français capturèrent mille six cents hommes, cent vingt-et-un canons, six vaisseaux armés et de nombreuses embarcations prévues pour être utilisées contre Fort Niagara et Fort Frontenac. Les forts anglais furent détruits.
Cette victoire était très importante pour le moral des troupes françaises car elle leur permettait de prendre le contrôle de l’immense arc qui s’étendait du Québec à la Louisiane puisqu'aucun autre fort britannique ne se trouvait dans cette zone. De plus, c’était un message positif envoyé aux Indiens qui virent dans cette destruction la possibilité de réoccuper leurs terres ancestrales.
À SUIVRE