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Le blog d'André Boyer

LA FIN DES POLITIQUES

30 Octobre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

Celui, ou celle, qui exerce le pouvoir revêt deux figures, l’expert et le leader, la première résultant du paradigme scientifique, la seconde issue de la nuit des temps.

 

Les détenteurs juridiques du pouvoir ont de plus en plus de mal à l’exercer parce que le pouvoir (postestas) est désormais privé d’autorité (auctoritas) et qu’il s’en trouve d’évidence amoindri. Lorsque les policiers revendiquent le pouvoir d’ouvrir le feu plus facilement sur les délinquants, cela signifie que leur autorité affaiblie nécessite d’être compensée par plus de force coercitive pour que le pouvoir de la police soit rétabli. 

On peut se lamenter à l'envi sur la disparition de l’autorité, mais lorsque l’on cherche les moyens de la rétablir, on découvre que la force ne peut être renforcée que par des moyens triviaux qui laissent échapper l’autorité comme le sable fin entre des mains malhabiles.  

Il faut donc dépasser la déploration, reconnaître que le vase est définitivement brisé et retrouver les moyens de ressaisir ce pouvoir sans autorité qui atteint tous les corps constitués du pouvoir, la famille, l’entreprise et la société toute entière.

Dans les familles, je laisse à l’appréciation de chacun le soin de juger de l’évolution du pouvoir des parents sur les enfants au cours du demi-siècle écoulé, surtout si l’on se représente à quel point le concept de famille a éclaté, mari et femme avec enfants, divorcé(e) avec enfant, couples d’homosexuels avec enfants adoptés ou procréés selon des formules de plus en plus complexes, sans compter, du fait de la diversité, toutes sortes de familles polygames aussi dissimulées qu’éclatées…

Au sein de cette hétérogénéité de statuts, où pourraient bien se nicher l’autorité de personnes que l’on hésite à qualifier de parents mais plutôt de géniteurs ?

Dans les entreprises, le pouvoir est provisoirement entre les mains des financiers et des managers, entrainant force discussions sur la question de la légitimité comparée des shareholders et des stakeholders, discussions aujourd’hui dépassées si l’on intègre la question de la disparition de l’autorité.

Face à des managers souvent jugés incapables d’assurer la survie de leurs entreprises, leurs collaborateurs ne leurs attribuent aucune autorité mais simplement le pouvoir provisoire de les limoger s’ils avaient l’imprudence de faire connaître leur appréciation ! Il reste que l’avenir des entreprises et de toutes les organisations intermédiaires, entreprises publiques, associations, est aux débats, aux assemblées et aux votes, et non au pouvoir dictatorial des actionnaires au nom du Dieu-Marché…

Enfin, pour la société humaine dans son ensemble, l’origine du pouvoir n’est plus guère contestée, puisque la conviction s’est peu à peu forgée, d’Aristote à Rousseau, que le pouvoir sur le peuple ne devait dépendre que de la souveraineté du peuple.

Restait à définir les modalités et les limites de ce pouvoir. Le pouvoir démocratique devait veiller à la fois à ne pas se fragiliser et à ne pas devenir tyrannique. Dans cet interstice, celui de la difficulté technique pour le peuple d’exercer son pouvoir, se sont glissés les intermédiaires qui ont prétendu prendre des décisions au nom du peuple et à sa place, comme auparavant ils prétendaient gouverner au nom de Dieu.

Politiciens, journalistes et groupes de pression se sont emparés du pouvoir démocratique. Ils étaient si éloquents, ces animateurs de télévision, ils étaient si compétents, ces énarques et ils étaient tellement déterminés à décider pour les autres, ces dictateurs de tout poil!

On les a cru, par tradition, conviction et par force, mais où se situe leur autorité lorsque l’on observe celle de notre actuel Président de la République ?

Aujourd’hui, c’est fini.

Le pouvoir que nous acceptons ne peut venir que de nous-mêmes, et non pas d’un quelconque intermédiaire qui prétend savoir mieux que nous ce qu’il faut faire à notre place, sous prétexte qu’il serait politicien, énarque, journaliste ou même artiste.

Mais le débat a toujours porté sur la forme de procédure à mettre en place pour passer de la volonté individuelle au pouvoir collectif. Une formule, faiblement contestée (voir cependant La tyrannie de la majorité, de Vittorio Alfieri) est celle du vote majoritaire, à ceci prés que les intermédiaires prétendaient, avec de moins en moins de force, que le vote ne pouvait consister qu’à leur remettre les clés du pouvoir, à charge pour eux de convaincre les électeurs de les réélire indéfiniment puisqu’ils étaient les seuls capables de l'exercer au nom de tous...

Une fois cette formalité rituelle remplie, à eux l’ivresse vénéneuse du pouvoir, le vrai, celui qui s’exerce sans partage ! Mais le voile s’est déchiré, l’autorité a disparu.

Dans ces conditions, on ne voit plus très bien quel rôle assigner à des intermédiaires, sinon celui de la mise en œuvre pratique de décisions prises en commun : une démocratie délibérative et participative ouvre de fait à l'effacement programmé de l’homme politique. Il faut se convaincre que l’effondrement des transcendances qui fondaient les valeurs des sociétés antérieures fait que toute norme d’action ne peut désormais être acceptée que par des procédures de discussion publiques sur les fins poursuivies en commun.

Or, ce changement en cours que constitue le passage de la démocratie représentative à la démocratie délibérative ne constitue pas un détail d’organisation de la vie publique ou une sorte de perfectionnement ultime de la démocratie.

Il s’impose comme une question vitale pour l’humanité qui se trouve contrainte d’inventer le plus rapidement possible le système de prise de décision le plus efficace possible pour faire face au défi majeur qui l’attend pour les deux prochaines générations, la croissance démographique combinée à celle de la consommation individuelle. 

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J
Les politiques sont devenus, malgré tous les outils dont ils disposent, absolument incapables de comprendre et de gérer la population française. C'est criant quand on voit l'indigence de leurs discours par rapport aux enjeux et problèmes qui sont les siennes.<br /> Ils sont, de plus, dépossédés de tout pouvoir; Celui-ci est aux mains d'instances et d'organisations étrangères. <br /> cela va être triste.
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A
Bonjour Jean-Louis. <br /> Tes deux observations sont à la fois justes et liées. C'est parce qu'ils ont voulu se débarasser des problèmes de prise en chage de l'État (sous la pression de la pensée unique de l'époque sur la nécessité de se séparer des États) qu'ils ont perdu à la fois le pouvoir et le sens des réalités. Du coup, leurs discours sont indigents, déconnectés, irréels. <br /> Mais toujours la réalité punit la lâcheté. Souvenons nous des paroles de Churchill sur les accords de Munich: vous avez voulu la paix au prix du déshoneur. Vous avez donc le déshonneur puis la guerre. <br /> La réalité est en effet la suivante: les gens individuellement, les peuples collectivement veulent être protégés. Qui le peut, sinon l'État et pas l'UE puisqu'elle ne s'en est pas donné les moyens? Les peuples choisiront ( et ont choisi) les dirigeants qui les protégent et rejetteront les politiciens qui ne les protégent pas. Le processus est clairement en route depuis juin 2016 avec le Brexit. <br /> Amitiés<br /> André
M
ANDRE, TU A TOUCHE UNE QUESTION TRES INPORTANTE POUR L'AVENIR DE LA SOCIETE. MES REMERCIEMENTS.<br /> JE PENSE QUE LE SOCIETE DIGITALE PEUT PARTICIPER AU SUCCESS FUTURE DE LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVE.<br /> AMITIE
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A
C'est bien passé sur le blog. C'est en effet à la fois une question importante pour l'avenir des sociétés humaines. Pour le comprendre, il faut prendre cette question sous l'angle philosophique. <br /> Amitiés
M
ANDRE, TU A TOUCHE UNE QUESTION BIEN DIFFICILE: COMME ON PEUT REALISER LE REVE D'UNE DEMOCRATIE VRAIMENT REPRESENTATIVE. D'AUTRE COTE, CE PASSAGE EST INDISPENSABLE POUR REDUIRE/DETRUIRE LE POUVOIR DES POLITICIENS PROFESSIONNELS.<br /> JE PENSE QUE LA SOCIETE DIGITALE PEUT CONTRIBUIRE A L'AVENIR D'UNE SOCIETE PARTICIPATIVE.<br /> AMITIE
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A
Je ne pense pas qu'une démocratie participative soit l'idéal, simplement elle s'impose d'elle-même à cause de la perte d'autorité. Mais elle a des défauts (un italien a écrit il y a longtemps sur la dictature de la majorité) et beaucoup de discussions auront lieu pour la perfectionner. Mais pour moi, c'est une évidence qu'elle est en train de s'imposer, par défaut <br /> Amitiés, <br /> André
C
Salut Andre, comme d'habitude un blog tres interessant qui confirme bien que nous arrivons enfin..au bout du tunnel et que ça va casser....merci et à bientot Jean
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A
Amitiés, <br /> André
M
"Démocratie délibérative" : S'il s'agit d'une forme + ou - sophistiquée de démocratie directe, il faudrait être sûr que le peuple est davantage capable que ses représentants de prendre des décisions éclairées.
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A
C'est un trés vieil argument, qui a servi depuis toujours à justifier les intermédiaires. <br /> Mais il ne s'agit pas de cela, parce que L'AUTORITÉ A DISPARU, PARTOUT, DE LA FAMILLE À LA SOCIÉTÉ EN PASSANT PAR LES ENTREPRISES ET LES ENSEIGNANTS. <br /> C'EST FINI, les intermédiaires, personne n'y croit plus, personne n'en veut, ils vont donc disparaitre et ce n'est pas le pauvre argument de leur soi-disant efficacité relative qui va les sauver. <br /> Prière de relire à cet égard mes dix blogs précédents sur le sujet. <br /> Amitiés, <br /> André