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Le blog d'André Boyer

LA CÔTE D'IVOIRE, LES PAYS FRANCOPHONES ET LA FRANCE

10 Octobre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LA CÔTE D'IVOIRE CHAMPIONNE DE LA CROISSANCE

Aveuglés par des médias obnubilés par l’Europe, les Etats-Unis et la Chine, nous ne voyons pas les performances de nos proches voisins et amis africains et le rôle que la France devrait y jouer.  

 

L’Afrique francophone connaît en général une forte croissance et tout particulièrement la Côte d’Ivoire qui devrait atteindre une croissance de 8,5% de son PNB en 2016, selon le dernier rapport semestriel « Perspectives économiques mondiales» de la Banque mondiale, après avoir connu, tenez vous bien, une croissance annuelle de 9,3% sur la période 2012-2015 !

Qui en a entendu parler dans les medias non spécialisés ? Non seulement la Cote d’Ivoire réalisera en 2016 la plus forte croissance de tous les pays africains mais elle l’a déjà réalisé pour sa croissance moyenne durant les cinq dernières années !

La performance réalisée par la Côte d’Ivoire, un pays de 24 millions d’habitants légèrement plus grand que l’Italie, est particulièrement remarquable compte tenu de son niveau de développement (1400 dollars par habitant fin 2015).

Le processus de croissance s’est amorcé dès la fin de la grave crise politique des années 2000, avec l’engagement de la Côte d’Ivoire dans de profondes réformes économiques visant à mettre en place un environnement favorable à l’investissement.

De nombreuses mesures ont été prises afin de faciliter, sécuriser et mieux encadrer les investissements qu’ils soient étrangers ou locaux, comme la mise en place d’un nouveau code des investissements, d’un guichet unique de création d’entreprises et d’une plateforme d’échanges pour centraliser les appuis des partenaires au développement de l’environnement des affaires, tout en maintenant une faible pression fiscale, de l’ordre de 16,7 % du PIB pour l’année 2016.

Aussi la Côte d’Ivoire vient-elle d’être désignée comme étant l’économie subsaharienne la plus attractive pour les investissements, par le rapport 2015 du Nielsen Africa Prospects Indicateurs (API).

Les réformes accomplies par le pays, son économie diversifiée, les inquiétudes concernant un certain nombre de pays fortement dépendants de leurs ressources naturelles et sa monnaie particulièrement stable expliquent ce regain manifeste d’attractivité. De plus, le pays investit massivement dans l’éducation et la formation dont le budget a augmenté  de 22 % cette année.

Pris globalement, les pays francophones d’Afrique ont d’ailleurs réalisé cinq des dix meilleures performances continentales pour l’année 2016.

Avec une prévision de 6,6 %, le Sénégal se classerait cinquième, devançant trois autres pays francophones, Djibouti (6,5 %), la République démocratique du Congo (6,3 %) et le Cameroun (6,0 %). C’est un résultat d’autant plus remarquable que le Cameroun (1250 dollars par habitant) et le Sénégal (910 dollars par habitant) ont déjà un niveau de développement plus élevé que celui de la majorité de pays subsahariens.

L’Afrique subsaharienne francophone devrait à nouveau arriver en tête de la croissance africaine pour la quatrième fois en cinq ans avec une croissance globale annuelle de 5,1 % en moyenne, alors que la moyenne n’a été que de 3,7 % pour l’Afrique subsaharienne anglophone.

Face à cette Afrique francophone, amie et en pleine croissance, regroupant 370 millions d’habitants et s’étendant sur 14 millions de km2, soit plus de trois fois l’Union européenne, quel rôle joue la France ? Elle n’y a réalisé que 3,7 % de son commerce extérieur en 2014, Maghreb compris et seulement 1,1 % avec sa partie subsaharienne. Pour cette dernière, la Chine est désormais le premier fournisseur, devant la France avec une part de marché de 13,6 % contre 9,7 %.

En particulier, la France brille par son absence dans le désormais plus grand pays francophone du monde, la République Démocratique du Congo (RDC) et ses 74 millions d’habitants, dans lequel la France n’a que  3 % de part de marché. Elle vient même d’être dépassé par le Maroc en tant que premier investisseur étranger en Côte d’Ivoire en 2015. Bravo pour le Maroc, mais quid de la stratégie économique de la France.

 

 

Voici des pays en très forte croissance, plus que la Chine, francophones, amis et voisins, avec lequel nous avons des relations linguistiques, démographiques, historiques et culturelles profondes. La France ne devrait-elle pas leur accorder une priorité absolue pour ses investissements et ses échanges économiques? 

 

PS: ce blog est largement inspiré d'une tribune parue dans LES ECHOS du 2 août dernier, intitulée "La Côte d'Ivoire, championne de la croissance africaine" écrit par Ilyes Zouari, Secrétaire général adjoint de la Revue Population & Avenir. 

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M
BIEN A SAVOIR DE LA FORTE CROISSANCE DE LA COTE D'IVOIRE ET DES AUTRES PAYS AFRICAINES. IL FAUT QUE NOUS EUROPEENS RAPPELLONS QUE NE SOMMES PAS PLUS LE MODELE POSITIVE A SUIVRE; PLUTOT LE CONTRAIRE
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B
Nous avons à nous rappelle qu'une dynamique est en marche en Afrique, démographique et économique à laquelle nous pouvons nous associer ou non. <br /> Amitiés
S
Excellent article.<br /> <br /> Tu poses des vraies questions pas bien comprises dans l'hexagone et/ou cet Afrique francophone est considérée comme acquise par l'élite. Le potentiel est bien réel dans cet espace, des nouvelles dynamiques se créent et surtout, la nouvelle élite a tourné le dos à la France et pour raison, la France leur a fermé ses portes depuis la loi Pasqua. Ce déclin de confiance entraîne une perte de parts de marché pour les entreprises françaises, de réseaux, une perte d’attractivité pour les universités avec la culture, les produits français et la langue française en perte de vitesse. C'est une réalité.<br /> <br /> Ton article pointe le doigt sur une partie du problème c'est à dire des relations de la France avec les pays africains d’expression française.
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B
Nous avons un probléme claasique en France, avec les élites. Elles ne comprennent que leur intérêt à court terme ne doit pas trop diverger de l'interêt à long terme de la France, qui est lui-même intimement lié à l'interêt de l'Afrique francophone et de l'Afrique dans son ensemble. La solution, à ce stade du problème, est de changer d'élite en interdisant aux fonctionnaires d'entrer en politique ou dans les affaires sans démissionner de leurs fonctions. <br /> C'est un problème franco français, mais le reste est évident: il faut donner LA PRIORITÉ ABSOLUE à l'Afrique. <br /> Amitiés, <br /> André
K
ha oui pourquoi pas coopérer avec la chine qui nous dit pas comment il faut gérer nos populations. Si on regardais regardais nos amis Anglophones d'Afrique. Monsieur Boyer un article sur la politique FRANCE AFRIQUE
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A
Bonjour Keita. <br /> En effet, c'est un sujet important. Su le même sujet j'ai déjà écrit un article intitulé EURAFRIQUE et aussi un article sur les responsables de la crise ivoirienne. <br /> Amicalement, <br /> AB
J
La Chine, le Maroc, ... Ah! Que n'avons-nous leurs "graisseurs" pour mettre un peu (beaucoup) de ce qu'il faut aux endroits où il faut pour "dégripper" la machine à contrats.
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B
La machine à dégripper les contrats, c'est surtout la machine à comprendre quelles sont les priorités! <br /> Amicalement, <br /> André