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Le blog d'André Boyer

LA VICTOIRE FRANÇAISE ET L'ÉVACUATION DE FORT DUQUESNE EN 1758

20 Octobre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LA VICTOIRE FRANÇAISE ET L'ÉVACUATION DE FORT DUQUESNE  EN 1758

À la suite de la cuisante défaite de Fort William Henry en 1757, les généraux britanniques furent relevés de leur commandement.

 

En 1758, le gouverneur de la Nouvelle France Pierre de Rigaud de Vaudreuil et le Marquis Louis-Joseph de Montcalm, général en chef des troupes de la Nouvelle-France ne reçurent que de faibles renforts en raison du blocus des côtes françaises par la British Navy.

De plus, un hiver très rude entraina de faibles récoltes et les accusations de corruption contre François Bigot, l’intendant de la Nouvelle-France, assombrirent l’ambiance de la colonie. François Bigot avait multiplié par cinq les dépenses de la Nouvelle-France entre 1755 et 1759, mais en partie en vain car il s’en était approprié une bonne partie. Après la bataille, il sera d’ailleurs condamné lors de « l’Affaire du Canada » à restituer un million cinq cent mille livres au Trésor Royal.

Enfin, le commerce des peaux, qui était l’une des ressources importantes de la Nouvelle-France  s’effondra en raison d’une épidémie de variole qui contraignit les tribus indiennes à s’abstenir de commercer avec les Français pour limiter l’épidémie.  

Bref, malgré les victoires militaires, l’avenir s’assombrissait.

Montcalm décida alors de concentrer ses maigres forces pour protéger la région du Saint Laurent autour des défenses avancées de Carillon, de Québec et de Louisbourg tandis que Vaudreuil continuait à plaider pour le maintien de la tactique de harcèlement des troupes anglaises qui avait si bien réussi les années précédentes.

Erreur stratégique de Montcalm ? Ce n’est pas sûr, tant il y avait de raisons de ne pas gaspiller des moyens militaires limités.

Du côté anglais, les échecs subis en Amérique du Nord et en Europe amenèrent à la tête du gouvernement un couple de dirigeants conflictuels  (voir mon blog du 12 septembre dernier, La stratégie de William Pitt), le Duc de Newcastle et William Pitt. Ce dernier imposa son plan qui avait provisoirement échoué en 1757 sous la conduite de Loudoun, aussitôt remplacé par Abercombrie. Il s’agissait, en s’appuyant sur un rapport de forces très favorable aux Britanniques, de conduire trois offensives majeures visant à s’emparer du cœur de la Nouvelle-France.

En 1758, une première étape consistait à occuper enfin, après plusieurs tentatives, de la position de Fort Duquesne qui commandait le contrôle de l’Ohio. Pour y parvenir, le commandant britannique John Forbes partit à la tête de six mille hommes au cours de l’été 1758 de Carlisle en Pennsylvanie. Son plan, très prudent, consistait en une marche lente et méthodique appuyée sur la construction de forts et de points de ravitaillement.

À l'approche de Fort Duquesne, Forbes envoya le major James Grant faire une reconnaissance à la tête d'une troupe de 800 hommes. Il arriva dans les environs du fort le 13 septembre et ses reconnaissances ne lui permirent pas d’estimer à leur juste valeur les capacités militaires des cinq cent hommes de la garnison française. C’est pourquoi, pour se donner la gloire de s’emparer du fort sans attendre le gros de la troupe, il décida dés le lendemain d’attaquer. Son plan grossier consistait à envoyer le 77e bataillon d’Highlanders sous les ordres du capitaine McDonald, avec force battements de tambours  et cornemuses pour attirer les troupes françaises et indiennes dans un piège qu’était censé tendre le reste de son détachement.

Mais les troupes françaises et indiennes, dirigées par le capitaine Charles Philippe Aubry se déplaçant rapidement dans les bois, accablèrent les troupes de McDonald et débordèrent les forces censées les piéger. Lors de cette bataille, les huit cent britanniques subirent une énorme perte de 342 hommes alors que les Français et les Indiens n’avaient que huit tués. Grant en personne fut fait prisonnier et les troupes anglaises survivantes, à peine plus de la moitié, se replièrent en toute hâte pour rejoindre l’armée de Forbes, qui dans un premier temps décida d’attendre le printemps 1759 pour attaquer Fort Duquesne.

Mais un évènement nouveau intervint avec le lâchage des Français par les tribus indiennes de la vallée de l’Ohio, impressionnées qu’elles étaient par le nombre des troupes anglaises.

Aussi, sachant qu’il ne recevrait pas de renforts de troupes en raison de la nécessité de concentrer l’armée française pour la défense du cœur de la Nouvelle-France, le commandant du fort, Charles Philippe Aubry, décida de l’abandonner et de se replier plutôt que de sa faire écraser par des troupes dix fois supérieures en nombre. Il resta néanmoins dans le fort jusqu’aux abords de l’hiver avant de l’incendier 26 novembre et de le quitter sous le couvert de l'obscurité.

Lorsqu'il apprit cette nouvelle, Forbes décida courageusement de repartir à l'offensive, occupa les ruines du fort qu’il fit reconstruire. Il lui donna le nom de William Pitt, à partir duquel la ville construite autour de l’emplacement fut plus tard appelée Pittsburgh.

 

Invaincus, mais cédant sous le nombre, les Français avaient dû se résoudre à abandonner la vallée de l’Ohio, ce qui créait un hiatus au sein des possessions françaises en Amérique du Nord entre la Nouvelle-France au nord et la Louisiane au sud.  

 

À SUIVRE

 

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