COMBATS DANS LA NEIGE ET EN ACADIE
18 Novembre 2016 , Rédigé par André Boyer
L’année 1758 est cruciale pour la Nouvelle-France. Les Français ont repoussé les Anglais à Fort Duquesne et ils ont remporté une incroyable victoire au centre du front, à Fort Carillon. D’autres batailles, moins importantes, ont été livrées la même année qui témoignent de la détermination des Anglais à s’emparer de la Nouvelle-France mais aussi des Français à la défendre.
Il fait très froid encore au mois de mars 1758, mais cela n’empêche pas Robert Rogers à la tête de ses Rangers d’attaquer, en prélude à la bataille de Fort Carillon, les troupes françaises et Amérindiennes près du lac Saint-Sacrement, appelé aujourd’hui le lac George. Rogers conduit un groupe d'environ cent quatre vingt Rangers et troupes régulières depuis Fort Edward plus au sud pour reconnaître les positions françaises.
Le 13 mars 1758, Rogers et ses troupes marchent difficilement dans plus d’un mètre de neige lorsqu’ils constatent qu’un groupe, principalement composé d’Indiens, vient à leur rencontre. En effet, le commandant de Fort Carillon, averti du mouvement anglais, a envoyé une force composée de trois cent Indiens et de vingt Canadiens pour les rencontrer, avec à sa tête l’enseigne Durantaye. Ce dernier a divisé ses troupes en deux groupes, avec en avant garde une centaine d’hommes qu’il conduit, précédent de cent mètres à peine le gros des troupes commandés par l’enseigne De Langy. Toute cette marche se déroule dans la neige épaisse.
Les hommes de Rogers les repèrent et leur tendent une embuscade qui oblige la compagnie de Durantaye à se retirer en désordre. Les anglais partent sans réfléchir à leur poursuite mais tardent à recharger leurs mousquets, occupés qu’ils sont de scalper leurs victimes. Aussitôt, les hommes de De Langy se mettent en embuscade et tuent environ cinquante hommes parmi les troupes de Rogers. Les survivants se battent avant de tenter de s’enfuir. Une partie d’entre eux finissent par se rendre mais ils sont tués et scalpés lorsque l’un des soldats de Rogers est découvert avec un scalp dans sa poche.
Au total, sur les cent quatre vingt hommes de Rogers, cent vingt sont morts. Rogers lui-même et soixante hommes parviennent à s’échapper dans la neige. Têtu, il reviendra en été attaquer Fort Carillon pour subir une nouvelle défaite.
Tout à fait à l’est de la Nouvelle-France au début de l’été, se déroule en Acadie un petit affrontement, abusivement appelé la bataille du Cran ou de Stoney Creek, entre les Britanniques qui voulaient déporter la population acadienne et ces derniers.
Dès la bataille de Fort Beauséjour que j’ai relaté dans un blog précédent (1755, Batailles sur tous les fronts), certains Acadiens ont résisté face aux Britanniques pour éviter de se faire déporter. Un groupe composé de Canadiens, d'Acadiens et d’Indiens malékites, sous le commandement de Charles Deschamps de Boishébert, attaqua les Britanniques dans la bataille de Petitcoudiac (à laquelle je consacrerai un prochain blog). De plus, Joseph Brossard dit Beausoleil, sous les ordres du gouverneur de Vaudreuil, arma un petit bateau corsaire qui réussit à faire quelques prises dans la baie de Fundy. La « bataille » du Cran est livrée par un petit détachement britannique composé d’une centaine d’hommes, qui parvint à encercler et à tuer une vingtaine d’Acadiens et à détruire un village acadien, le 1er juillet 1758.
Ce n’était pas fini pour 1758, car la bataille se poursuivait plus que jamais à l’ouest, autour du Lac Ontario et du Lac Érié.