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Le blog d'André Boyer

LA BATAILLE DE CARTHAGÈNE

17 Décembre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

 

La Nouvelle-France est parvenue à résister aux attaques anglaises, mais le siège de Louisbourg (8 juin-26 juillet 1758) se révèle un épisode déterminant de la guerre.

 

La forteresse de Louisbourg  est située sur l'ile du Capbreton  à l'entrée du golfe du Saint-Laurent. Elle a été construite en 1713 par la Couronne française afin d'imposer ses droits sur les bancs de pêche de Terre-Neuve et elle a acquis une grande importance militaire car elle permet de contrôler l'entrée du golfe de Saint-Laurent et donc l'accès à la Nouvelle-France. Elle fut capturée en 1745 par les Anglais lors de la guerre de Succession d'Autriche et rendue à la France trois ans plus tard en échange de la ville de Madras en Inde.

Lorsqu’éclate la guerre de Sept Ans, les Anglais et les Français sont également conscients de l’importance stratégique de Louisbourg. En 1757, les Anglais tentent une attaque massive en envoyant 17 vaisseaux, 16 frégates  et 15 000 soldats depuis le port voisin d'Halifax. Du côté français, le vice amiral Dubois de La Motte  regroupe trois divisions à Louisbourg, soit 18 vaisseaux, 15 frégates et 11 000 soldats. Devant ce déploiement de force, les Anglais renoncent à attaquer, mais à leur tour les équipages français ne peuvent attaquer Halifax en raison d’une épidémie de typhus. En octobre, les deux flottes ennemies regagnent l'Europe.

Jusqu’en 1757, la Marine Royale, qui ne dispose pourtant que de soixante vaisseaux et trente frégates, est parvenue à tenir tête à la Navy qui aligne cent-vingt vaisseaux et soixante-quinze frégates. En 1755, une expédition française a pris Minorque. En 1757, la Marine Royale a non seulement défendu victorieusement Louisbourg mais elle a réussi à envoyer une escadre aux Indes orientales pour y acheminer des renforts.

En 1758, la Marine Royale décide, pour défendre Louisbourg, d’envoyer des renforts depuis Brest, mais le port est désorganisé par l’épidémie de typhus. Sur les cinq divisions qui sortent de Brest en 1758, quatre sont refoulées par des forces supérieures en nombre. La Marine Royale fait également sortir de Toulon, le 8 novembre 1757, une flotte de six vaisseaux et de deux frégates placée sous les ordres de La Clue-Sabran qui essuie une tempête trois semaines plus tard, l’obligeant à s’abriter dans le port neutre de Carthagène en Espagne.

La flotte y effectue des réparations lorsque La Clue apprend l'arrivée d'une flotte de dix vaisseaux anglais sous les ordres de l'amiral Osborn, renforcée par quatre bâtiments venus de Livourne  et du Levant. Devant l'inégalité du rapport des forces, La Clue prend la décision de rester dans le port, répondant ainsi aux vœux d’Osborn qui a l’ordre de l’empêcher de sortir de Méditerranée.

La Clue reçoit d’abord le renfort de deux vaisseaux qui le rejoignent au port puis voit arriver le 27 février 1758 trois autres vaisseaux, dont le Foudroyant,  partis en renfort de Toulon sous les ordres de Michel-Ange Duquesne de Menneville. Le Foudroyant, vaisseau à deux-ponts de 80 canons, fait partie des plus puissantes unités de la flotte. Au printemps 1756, il a participé à la conquête de la base anglaise de Minorque. En 1757, il a passé l’essentiel de l’année à quai, victime de la désorganisation des équipages qui désertent en masse car ils n’ont pas été payés depuis des mois.

Au large de Carthagène, comme La Clue est incapable de quitter le port en raison de vents contraires, le Foudroyant est pris en chasse par trois vaisseaux anglais détachés de la flotte d'Osborn, le HMS Monmouth, le HMS Hampton Court  et le HMS Swiftsure.

En fin d’après-midi du 28 février, il est rejoint par le Monmouth, doté d'une artillerie moins importante de 64 canons et de plus faible calibre, qui n’est pas normalement pas en mesure de l’inquiéter. Mais son capitaine, Arthur Gardiner, s’est juré de venger la défaite qu’a subie son chef à Minorque contre le Foudroyant. Aussi montre t-il une très grande énergie au combat qu'il communique à l'équipage.

Avant que les deux autres vaisseaux anglais ne le rejoignent, Duquesne de Menneville accepte le combat bord à bord. Il est alors victime de la panique des canonniers de la deuxième batterie qui ont déserté leur poste pour se réfugier dans les parties basses du vaisseau. Le feu de la première batterie, avec ses pièces de 36 livres permet toutefois de tenir à distance le Monmouth.

Le combat continue en pleine nuit, le capitaine anglais est blessé à mort et son vaisseau perd son mât d’artimon, mais ses deux lieutenants poursuivent la lutte. Le Foudroyant perd à son tour son mât d’artimon et, vers une heure du matin, son grand mât, qui, en basculant sur l’avant, endommage son mât de misaine, le dernier qui lui reste. Le Monmouth, hors de combat, finit par s’éloigner, mais le Foudroyant avec son seul mât de misaine est incapable de se dégager alors qu’arrivent les deux autres vaisseaux, le Hampton Court de 64 canons et le Swiftsure  de 74 canons qui l’attaquent des deux bords. Vers deux heures du matin, Duquesne de Menneville amène son pavillon alors que son bâtiment compte 200 tués et  blessés. Le Foudroyant sera remis en état par la Royal Navy qui l’emploiera sous le nom de HMS Foudroyant pendant trois décennies.

Les deux autres navires français, de plus petite taille, sont également mis hors de combat. L’Orphée est écrasé sous le feu de trois vaisseaux britanniques et l'Oriflamme  s’échoue délibérément pour éviter la capture.

 

La défaite du Foudroyant maintient La Clue à Carthagène jusqu’en juillet 1758, lorsque Osborn décide que la saison est trop avancée pour que les Français puissent faire la traversée jusqu’à la Nouvelle-France. Il lève le siège et La Clue ramène ses vaisseaux à Toulon, sachant qu’il est trop tard pour soutenir la forteresse de Louisbourg.    

 

 

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