LA BATAILLE DE PETITCOUDIAC (1755)
7 Décembre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
Avant de présenter le tournant du siége de Louisbourg, je souhaite réparer un oubli en relatant la bataille de Petitcoudiac de septembre 1755, une toute petite bataille, mais qui a contribué à la survie à long terme de l’Acadie.
Après la bataille de Fort Beauséjour, que j’ai présentée dans le blog « 1755, Batailles sur tous les fronts », les Anglais contrôlaient la plus grande partie de l’Acadie et s’employaient à en chasser les Acadiens.
Pour atteindre cet objectif, ils ne répugnaient pas à user de fourberie. C’est ainsi, en 1755, que le lieutenant-colonel Robert Monckton, qui a donné son nom à la capitale du New Brunswick, remet des cadeaux au prêtre François Le Guerne et à ses ouailles pour les amadouer. Puis il convoque à l’ancien fort Beauséjour les quatre cent soixante chefs de famille acadiens qu’il emprisonne le 11 août en leur annonçant que leurs terres sont confisquées et qu'ils seront bientôt déportés. Leurs femmes se cachent en forêt, avec les quelques hommes restés libres et appellent à l’aide les faibles troupes françaises commandées par Charles Deschamps de Boishébert qui sont proches du fleuve Saint-Jean.
Monckton décide alors de déporter tous les habitants des régions limitrophes de l'isthme de Chignectou, où se situe le fort de Beauséjour. Mais le 25 août, Boishébert arrive du fleuve Saint-Jean avec une soixantaine de soldats et autant d’indiens Malécites, tandis que Monckton envoie deux cent soldats sous les ordres du major Joseph Frye pour bruler les villages de la région. Son but est d’obliger les femmes et les enfants chassés des villages détruits à se rendre aux Anglais.
Frye et ses troupes montent à bord de navires dans la rivière Mésagouèche et débarquent en aval de Chipoudy qu’ils incendient le 1er septembre, tuant le bétail, pillant les provisions et enlevant les quelques femmes et enfants encore présents. En fin d’après midi, ils ont détruit 181 maisons et enlevé une trentaine de personnes.
Pendant ce temps, les Acadiens évacuent les villages, font le guet et préviennent Boishébert, qui arrive avec une centaine d'hommes dans des canots en écorce à un kilomètre et demi en amont de la position anglaise des Anglais, mais ne peut qu’assister impuissant aux destructions. Il décide de regrouper ses troupes au village de Petitcoudiac.
Le lendemain 2 septembre, trois navires anglais remontent la rivière, détruisent plusieurs hameaux avant de s’approcher de Petitcoudiac, où les attendent les cent vingt hommes de Boishébert renforcés par une trentaine d’Acadiens, ces derniers armés seulement de coutelas et de fourches. Les Anglais se retrouvent tout à coup encerclés et parviennent à grand peine à se replier sur leurs navires d’où ils ouvrent le feu avec leur artillerie sur les Français pour les tenir à distance.
Ils ont perdu une trentaine d’hommes, mais ils n’oseront plus s’aventurer loin de leurs forts pour poursuivre leurs destructions. De plus une partie des prisonniers du fort Beauséjour s’évadent, le 30 septembre 1755, reconstituent les familles, restent sur place, résistent aux Anglais et refusent de prêter serment d'allégeance au roi d'Angleterre en novembre 1764. La plupart se réfugient ensuite dans les autres colonies françaises de l'Amérique, mais certaines familles réussirent à se cacher sur place.
Leurs descendants habitent encore le sud-est du Nouveau Brunswick qui est le nom donné par les Anglais à l’Acadie, qui, grâce à leur résistance acharnée, existe toujours.