LA REDDITION DE LOUISBOURG
1 Février 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
Chacun se préparait à livrer une ultime bataille, quand l'intervention du commissaire-ordonnateur de Louisbourg, Jacques Prévost de La Croix au cours de la séance du conseil de guerre qui eut lieu à 15 heures le 26 juin, persuada les officiers d'accepter la reddition sans condition proposée par Amherst.
Prévost leur fit représenter les risques, voire le carnage appréhendé pour les civils français, alléguant qu'ils avaient suffisamment souffert de la guerre. Le Gouverneur, pressé de choisir entre l'honneur militaire et le pragmatisme des civils, finit par se rendre aux raisons de ces derniers.
Il décida donc de se rendre sans condition comme l'exigeaient les Britanniques. Puis Français et Britanniques se mirent d'accord sur les six articles suivants de la capitulation:
« Datée du camp devant Louisbourg le 26 Juillet 1758 entre son excellence l'amiral Boscawen et son excellence le major général Amherst, d'une part, et son excellence monsieur le chevalier de Drucourt, gouverneur de l'Isle Royale et de Louisbourg, Isle St Jean et de leurs dépendances:
1º La garnison de Louisbourg sera prisonnière de guerre et sera transportée en Angleterre dans des vaisseaux de sa Majesté Britannique;
2º Toute l'artillerie, les munitions de guerre et de bouche aussi bien que les armes de toutes espèces qui sont à présent dans la ville de Louisbourg, Isle Royale, de St Jean et leurs dépendances, seront livrées sans le moindre dégât aux commissaires qui seront appointés pour les recevoir à l'usage de Sa Majesté Britannique;
3º Le gouverneur donnera ses ordres, que les troupes qui sont dans l'Isle St Jean et ses dépendances, se rendront a bord des vaisseaux de guerre de l'amiral Boscawen enverra pour les recevoir;
4º La Porte Dauphine sera livrée aux troupes de Sa Majesté Britannique demain à huit heures du matin, et la garnison y compris tous ceux qui ont porté les armes, se rangera à midi sur l'esplanade, posera les armes, drapeaux, instruments et armements de guerre, et la garnison sera embarquée pour être transportée en Angleterre dans un temps convenable;
5º L'on aura le même soin des malades et blessés qui sont dans les hôpitaux, que de ceux de Sa Majesté Britannique;
6º Les négociants et leurs commis qui n'ont pas porté les armes seront transportés en France de telle façon que l'amiral jugera à propos.
Ont signé: Boscawen, Jeff Amherst »
De son côté, le gouverneur français signa la capitulation au nom du roi de France.
Le siège de Louisbourg était terminé, mais la rétrocession officielle n'eut lieu que le lendemain 27 juillet 1758 à midi, entre le gouverneur Augustin de Drucourt et le brigadier général Edward Whitmore, le plus âgé des trois officiers supérieurs de Jeffrey Amherst. Puis la garnison française remit ses armes et ses drapeaux aux Britanniques, sauf les soldats du régiment de Cambis qui, en guise de protestation, préférèrent les brûler plutôt que de les remettre aux vainqueurs. Le pavillon anglais fut hissé au mât de la forteresse à la place du drapeau fleurdelisé français.
En y consacrant des moyens considérables, les Anglais venaient de s’emparer de la forteresse de Louisbourg, pour la seconde fois en treize ans, et même si on se montra fort sévère en France sur cette capitulation que l’on qualifia de honteuse. M. de Drucourt se justifia par une lettre à un de ses amis où il fit remarquer avec raison que, sans l’appui d’une solide escadre, la place était à la merci d’un ennemi bien armé et persévérant.
Quoi qu’il en soit, la prise de Louisbourg laissa le Canada sans défense, du côté de la mer et ouvrit le Saint-Laurent, c’est-à-dire le chemin de Québec, aux Anglais. S’ils prirent et détruisirent Gaspé à l’entrée du fleuve, ils remirent à l’année suivante l’attaque sur Québec, tout en restant maîtres des entrées du Canada, ce qui leur permettait d’intercepter toutes les communications avec la France.
À SUIVRE