RECOLONISER L'ÎLE-ROYALE
2 Mai 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
Puisque l’Île-Royale retournait à la France, il s’agissait de la recoloniser rapidement.
Les fonctionnaires se mirent à rameuter les colons pour les installer à l’Île-Royale. L’idée était de ramener dans l’île les colons qui en avaient été déportés. Il n’était cependant pas question d’y renvoyer les infirmes, les vieux et les indigents. Ils réussirent à faire revenir deux mille à l'été de 1749 et cinq cent de plus en 1752.
Concernant l'armée, l'administration renvoya à Louisbourg les soldats des Compagnies franches de la Marine, sans le régiment allemand de Karrer. Le nombre de soldats passa de 500 en 1745 à 3500 en 1752. La réinstallation dans l’Île-Royale s’inscrivait dans le plan de Roland-Michel Barrin, marquis de La Galissonnière, qui avait été désigné en mai 1747 gouverneur général de la Nouvelle-France. Ce dernier élabora une politique active d'expansion territoriale et de lutte contre l'influence anglaise, pour la vallée de l'Ohio en direction de la Louisiane, vers les Grands Lacs, l'Acadie et Louisbourg.
Quant à elle, l’Acadie donnait lieu à contestation concernant ses frontières. Pour la France, l'Acadie anglaise se limitait à la Nouvelle-Écosse tandis qu’elle incluait aussi une partie de l’actuel Nouveau-Brunswick et de l'île du Prince-Édouard pour la Grande-Bretagne. Une commission mixte vit ses travaux trainer en longueur jusqu’en 1755. À bout de patience, La Galissonnière, décida unilatéralement que la France possédait tout l'isthme de Chignectou près de la Nouvelle-Écosse ainsi que toute la baie Française et par la suite son successeur, le gouverneur de La Jonquière, allait ériger sur cette frontière les forts Beauséjour et Gaspéreau.
Car les Acadiens étaient pris entre deux feux. Depuis la signature du traité d'Aix-la-Chapelle en 1748, trois mille d’entre eux, encouragés par l'administration française, avaient émigré en Acadie française, soit au futur Nouveau-Brunswick, en Gaspésie, à l'île d'Anticosti, à l'île Royale et à l'île Saint-Jean. L'arrivée en Nouvelle-Écosse de deux mille colons britanniques et d'un fort contingent militaire avait en effet modifié l’équilibre démographique de la colonie, d'autant plus que le gouverneur Edward Cornwallis demandait à la population acadienne, qui refusa, de prêter inconditionnellement un serment d'allégeance à la Couronne britannique sous peine d'être expulsée.
Aussi, Charles Lawrence, qui succéda à Cornwallis, décida d'expulser tous les Acadiens du territoire de la Nouvelle-Écosse afin de faciliter le développement d'une colonie anglaise et protestante, fidèle au roi d'Angleterre. Il s'agissait d'une opération de nettoyage ethnique de grande envergure, car elle allait durer sept années, de 1755 à 1762, avec pour objectif d'exiler presque toute la population, soit de douze à quinze mille personnes.
La plupart des Acadiens furent envoyés en Nouvelle-Angleterre, d'autres furent déportés jusqu'en Angleterre d’où ils s’exilèrent en Guyane française, dans les îles Malouines et en Louisiane devenue espagnole, d’autres se réfugièrent dans le Nouveau-Brunswick. Des centaines d'Acadiens s'établirent également sur l'île Royale, si bien que la colonie comptera plus de quatre mille habitants en 1755.
Pendant ce temps, la guerre de Sept Ans avait commencé le 18 mai 1756 et la Grande-Bretagne se donnait pour objectif d’affirmer sa mainmise sur tout le continent, de la baie d'Hudson jusqu'aux Antilles.