SACRÉ TRAVAIL
1 Octobre 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE
On a peine à imaginer qu’il existait autrefois des sociétés humaines qui n’étaient pas fondées sur le travail, car aujourd’hui le travail nous permet d’obtenir de manière tangible un salaire, des droits sociaux, une retraite mais aussi un sentiment d’utilité, une position sociale, une identité…
Et dire que tout cela va disparaître avec le développement des robots ! Qu’est ce que l’on va devenir, nous les humains ? Peut-être allons nous retourner à la conception antérieure du travail, ce qui nous demanderait de changer complètement de point de vue sur la vie !
Autrefois, l’idée que l’on nous a inculqué depuis deux ou trois siècles que les êtres humains avaient des besoins illimités aurait été considérée comme délirante. Mais à partir de ce maudit XVIIIe siècle, les économistes, à la suite d’Adam Smith, ont cherché, et sont parvenus, à nous convaincre que notre vie sur cette Terre devait être consacrée exclusivement à obtenir de plus en plus de biens, sans limite. Jamais, ils ne se sont sérieusement demandés s’il existait un seuil de consommation à partir duquel ce n’était plus la peine de se fatiguer pour en avoir plus.
À partir de ce postulat, les économistes ont construit un raisonnement imparable. Si l’être humain voulait vraiment obtenir toujours plus de biens, il lui fallait travailler, mais avec intelligence. Car ils ne nous ont pas pris pour des idiots, ni pour des amoureux du travail per se. Ils ont considéré que non seulement l’homme voulait plus de biens, mais qu’il voulait faire le moins possible d’efforts pour les obtenir.
Or, le progrès scientifique sourdait un peu partout dans une société où l’homme était décidé à s’émanciper des barrières collectives traditionnelles afin de vivre pour lui et uniquement pour lui. Ce progrès effervescent allait lui fournir les moyens de créer des machines pour reposer l’homme ou même pour le remplacer, tandis que des entrepreneurs-managers se mettaient à organiser le travail de l’homme pour qu’il soit le plus efficace possible.
Tout cela est bien connu, mais arrêtons nous sur ce moment où nos sociétés européennes basculent, quelque part entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Au XVIe siècle, La découverte de l’Amérique convainc certainement les Européens que les rêves les plus fous sont réalisables. Le Protestantisme les poussent vers une vision plus personnelle de leur salut, et en tout cas les encourage à la contestation des idées reçues. L’imprimerie accélère la diffusion des nouvelles et des idées. Chacun peut écrire, ou presque, Erasme en est un exemple. Et puis, au XVIIIe siècle, les rapports de force changent. Face aux puissances traditionnelles, l’Espagne, la France, l’Autriche, émergent de nouvelles puissances, la Prusse, la Russie, l’Angleterre. Cette dernière va prendre le pas sur toutes les autres, en raison de sa puissance maritime qui lui dicte son insularité : il lui fallait dominer ou être réduite à la situation de dépendance absolue que connaissait l’Irlande à son propre égard.
L’histoire concomitante de l’Angleterre devenue Royaume-Uni, de la flotte et de la philosophie britannique entre le XVIe et le XVIIIe siècles montre comment le pouvoir détermine les idées et pas l’inverse, comme le croient les naïfs.
À SUIVRE