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Le blog d'André Boyer

LE BITCOIN ET L'ÉNERGIE

12 Janvier 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LA FERME À BITCOINS GENESIS EN ISLANDE

LA FERME À BITCOINS GENESIS EN ISLANDE

L’activité de minage, qui assure la création des bitcoins et la gestion du Système bitcoin, a entrainé en 2017 une consommation d’électricité énorme, de l’ordre de 3,7 milliards de kWh par an, soit plus que la consommation de tout l’île d’Irlande.

 

Dans le système Bitcoin, cette consommation est provoquée par sa politique de minage qui consiste à tirer au sort des ordinateurs pour effectuer le minage qui sont toutes les dix minutes. Or la récompense de 12,5 bitcoins pour créer un bitcoin devenant de plus en plus attractive avec la hausse de la valeur du bitcoin, attire un  nombre croissant d’acteurs vers le secteur du minage.

À l’avenir, l'optimisation des matériels et les progrès technologiques devraient à l’avenir quelque peu diminuer la consommation électrique, mais on estime que si les crypto-monnaies se généralisaient, la consommation d’énergie pour les gérer pourrait atteindre le double de la consommation électrique actuelle des Etats-Unis, ce qui est une perspective absurde du point de vue écologique.

Fondamentalement, la consommation d'énergie du système Bitcoin provient des opérations complexes de vérification qui sont nécessaires pour protéger, en l'absence d'autorité centrale, le système Bitcoin de la fraude. Ces opérations complexes sont inhérentes au système, qui propose aux mineurs un problème mathématique de plus en plus complexe afin de limiter le nombre de bitcoins créés et empêcher la fraude. Sans ces calculs complexes, le système Bitcoin serait submergé par les hackers.

La nécessaire rémunération des activités de minage a conduit au développement de technologies toujours plus spécialisées, avec des processeurs de plus en plus puissants. Depuis 2015, un mineur qui n’utilise pas un matériel informatique spécialement conçu à cet effet possède fort peu de chances de couvrir ses dépenses d’électricité, même en rejoignant une coopérative de minage. C’est dire si l’activité de minage consomme de l’énergie !

La chaîne de blocs du système Bitcoin est en effet comparable à un livre public enregistrant les transactions gérées  parallèlement par les noeuds du réseau,  dont aucun ne joue un rôle privilégié. Ces noeuds du réseau, dont il est impossible de connaître le nombre exact, se comptent vraisemblablement en dizaines de milliers, et c’est leur redondance qui assure la continuité du service.

Mais les opérations sur les blocs sont de plus en plus compliquées en raison de la limite de 1 Mo, imposée originellement par le créateur du système en 2010, pour chaque bloc nouvellement créé toutes les dix minutes sur la chaîne de blocs bitcoin. Cette limite était destinée à empêcher l’attaque du réseau sous forme  d'énormes blocs contenant de fausses transactions. Elle consistait en une solution transitoire, en attendant qu'une meilleure solution puisse être mise en place à l’avenir.

Depuis l’origine, cette limite imposée à la taille des blocs est source constante de débats. Quand en 2014, le nombre de transactions a fini par atteindre la limite de taille de bloc, le bassin de transactions en attente s'est saturé et il a fallu limiter ces dernières en introduisant des frais de transaction, de l’ordre de 15$ aujourd’hui, ce qui a rendu le système moins compétitif que Western Union ou Paypal.

Ce débat a fini par produire un consensus qui a consisté  à passer à une taille de bloc de 2 Mo à partir de novembre 2017 pour Bitcoin Core. Mais la question de son évolutivité reste ouvert : un groupe dissident a augmenté unilatéralement la taille de bloc à 8 Mo pour une nouvelle crypto-monnaie appelé Bitcoin Cash auquel se sont ajoutées d’autres monnaies scripturales, Bitcoin XT crée en août 2015, Bitcoin Unlimited crée en janvier 2016 et Bitcoin Gold crée en octobre 2017, mais Bitcoin Core reste la seule version officielle soutenue par l'équipe de développement.

Pour toutes ces monnaies, s’applique toujours le principe de la chaine de blocs dont la gestion provoque des dépenses d’énergie considérables. Or, au delà du bitcoin, l’outil de la chaine de blocs est appelée à être utilisé dans tous les cas qui nécessitent une authentification des transactions sur Internet, au travers d’objets connectés en permanence ; ces objets, d’après un rapport de McKinsey, devraient être au nombre de 20 à 30 milliards en usage dans le monde en 2020, alors qu’Internet compte déjà pour 10% de la consommation électrique mondiale !

 

On peut donc le constater au travers de ces six billets, le système Bitcoin, avec son principe de chaines de blocs, soulève de nombreuses questions : éthique avec l’anonymat des opérateurs, économique avec  sa valeur spéculative, monétaire avec la question de sa garantie, informatique avec la question de son évolutivité et finalement écologique avec le coût énergétique croissant du minage.

 

S’il vous appartient de vous faire une opinion sur la survie de Bitcoin Core, en tout état de cause vous ne pouvez pas ignorer que, d’une manière ou d’une autre, les crypto-monnaies ont désormais définitivement émergé, comme dans le passé l’or puis la monnaie fiduciaire sont successivement apparues...

 

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