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Le blog d'André Boyer

VERS L'AFRIQUE

16 Janvier 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

VERS L'AFRIQUE

 

Après quelques mois d’interruption, je reprends ici le récit de ma carrière ou de mon aventure universitaire, là où j’en ai suspendu le récit, à l’été 1980, après le concours d’Agrégation en Sciences de Gestion.

 

Ce billet s’intitule « Vers l’Afrique », car on se souviendra peut être que j’avais choisi le poste de Dakar pour commencer ma carrière de professeur (Mon jour de victoire, billet du 6 mai 2017).  J’aurais donc dû écrire « Vers Dakar », mais mes activités se sont rapidement élargies à plusieurs pays africains, d’où le titre de ce billet.  

Après avoir rempli, pénible besogne, une dizaine de cantines en acier, nous nous sommes embarqués au mois d’octobre 1980, mon épouse et moi, à bord du Massalia, qui faisait la ligne Marseille Dakar en une semaine environ, avec une escale en Espagne et une autre au Maroc. Outre le fait que nous pouvions ainsi embarquer une voiture, une magnifique 104 jaune chargée à bloc qui appartenait à mon épouse, nous avions ainsi le temps de nous accoutumer au changement violent de vie et de décor qu’impliquait cette installation à Dakar, tout en rencontrant sur le bateau d’autres coopérants. Détail curieux, le Massalia ne m’était pas inconnu : je l’avais déjà pris lors de son trajet inaugural entre Casablanca et Marseille le 17 juillet 1971, une semaine après l’attentat de Skhirat, lorsque j’ai quitté  le Maroc à la fin de mon séjour de coopération militaire  au Lycée Lyautey à Casablanca.

Neuf ans plus tard, je repartais vers le Sud, plus loin. Au-delà du Maroc, défilaient les côtes désertiques de la Mauritanie qui défilaient devant nous. Puis ce fut le port de Dakar. En débarquant, notre préoccupation du moment était plus administrative que touristique, car nous savions que de nombreuses formalités nous attendaient, sortir du bateau avec la voiture et les papiers afférents, se rendre au Consulat de France et à l’université pour faire acter notre arrivée et être logé.

Le plus important était certainement de dormir quelque part, si possible dans un logement climatisé, car le mois d’octobre au Sénégal constitue la période la plus chaude de l’année après l’hivernage, de juillet à septembre.

L’Université de Dakar nous a donc attribué un studio destiné aux arrivants, ni moderne, ni confortable, mais( ouf!) climatisé, en attendant que l’on nous affecte un appartement. J’ai commencé alors à rencontrer les collègues sur le campus un peu vieillot, mais sympathique  avec sa salle des professeurs surannée et ses longs couloirs à l’air libre. On m’a donné trois cours à donner, dont un cours de comptabilité analytique, qui faisait partie des matières pour lesquelles j’étais absolument incompétent, ce qui n’alla pas sans conséquences pour la suite. Ces cours, tout le long de mes trois années de séjour, allaient s’étaler sur trois matinées, six heures au total par semaine pendant l’année universitaire sénégalaise, assez courte au demeurant. Ce n’était pas une tâche écrasante, comparée à mon activité à l’Université de Nice.  

Mais la première préoccupation en ce début de séjour consistait à trouver nos marques. Le logement en suspens, les cantines en route, les rencontres s'avéraient prioritaires avec les sénegalais, les administrations françaises et sénegalaises, mais tout d’abord avec les coopérants, professeurs, maitres de conférences et même assistants, qui, à la Faculté de Droit, étaient au nombre de dix-huit, juristes, économistes et gestionnaires. Au bout de quelques années, la politique du Ministère de la Coopération, absorbé par le Ministère des Affaires Étrangères, a réduit ce nombre à zéro.

Dix huit à zéro, rude changement et de mon point de vue une grave bévue, car nous n’avons plus aujourd'hui de relations permanentes avec les campus universitaires africains, alors que la quasi totalité des enseignants universitaires africains a effectué leurs thèses en France. Il est pourtant évident qu’un universitaire français en poste dans une université en Afrique est à même de fournir des informations plus fondées sur les problèmes que cette université rencontre qu’en y passant une semaine. De plus, ces universitaires français servaient de relais à leurs collègues africains pour établir des collaborations avec les universités françaises et aux étudiants africains pour leur inscription. 

 

Ces économies de bout de chandelle ont donc eu, depuis trente ans environ, des effets négatifs que l’on mesure bien aujourd’hui, alors que l’on redécouvre, surtout grâce aux migrants, que l’Afrique existe bel et bien et qu’elle va exister de plus en plus à l’avenir…

À SUIVRE

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M
Souvenir, souvenir.
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A
Eh oui...