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Le blog d'André Boyer

ALEP II: LA GHOUTA ORIENTALE

9 Mars 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

ALEP II: LA GHOUTA ORIENTALE

L’offensive de l’armée syrienne contre les groupes armés installés dans la banlieue de Damas a fait réapparaitre  les éléments de langages classiques des medias sur le conflit syrien : pertes civiles, bombardements aveugles, soupçons d’attaques chimiques…   

 

Le temps passe mais le langage reste, niant toujours une bonne moitié de la réalité. Il faut convenir que nous ne sommes pas aidés par les medias. À Alep, ils s’obstinaient à s’appuyer sur les témoignages des militants salafistes, qui n’avaient pas de termes assez durs contre les massacres de la population civile provenant des bombardements des aviations syriennes et russes. Il a fallu attendre qu’ils quittent Alep pour découvrir les massacres auxquels ces mêmes militants salafistes se livraient contre la population civile.   

Pour la Ghouta, comme pour Alep, nos medias s’appuient fortement sur l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) qui annonce de jour en jour 200 puis 300, 400, 500 morts dont 60, 80, 100 enfants.

Or, ils savent comme moi que cette organisation, installée à Londres et dirigée par un opposant au régime syrien, est financée par le Qatar et plus curieusement par l’UE. Ils savent aussi que personne ne connaît ses sources sur le terrain. Mais pour les journalistes, peu importe sa crédibilité, l’avantage du site est de donner des chiffres, ce qui fournit un appui aux commentaires journalistiques et puis le nom d’Observatoire syrien des droits de l'homme est parfait : « Observatoire », ça fait objectif, « syrien », ça fait neutre et « Droits de l’Homme », ça fait politiquement correct.

Il n’en faut pas plus pour que les communiqués de l’OSDH soient repris par les principales agences de presse, AFP, AP et Reuters et donc par la plupart des médias. Mais curieusement, pour l’OSDH et les journalistes bien pensants, les hommes ne meurent que dans les zones occupées par l’opposition. Dans les zones contrôlées par le régime syrien, ce n’est apparemment que luxe, calme et volupté. Car, à en croire les medias européens et américains, les bombardements quotidiens au mortier par les opposants ne provoquent aucun mort civil dans le centre ville de Damas.

En tout cas, ça ne vaut pas la peine d’en parler. Pourquoi ? Parce que c’est contreproductif ?  

De plus, les civils devraient logiquement chercher à quitter les zones bombardées pour se réfugier dans des zones plus sûres. Qui les empêchent de quitter les zones de combat ? L’armée syrienne ou les rebelles ?

Les medias ne se posent pas la question.

Si l’on revient à Alep, qu’est devenue la ville depuis que l’armée syrienne l’a reprise ? Très peu de reportages sur ce sujet. Or de nombreux réfugiés sont revenus dans leurs maisons, une partie des infrastructures a été restaurée et une petite reprise d’activité industrielle et commerciale s’amorce.

Tout cela ne mérite pas d’être écrit parce que la ville est sous le contrôle du régime syrien ?

Pour revenir à la Ghouta orientale, que va t-il se passer ? Malgré l’averse médiatique que nous allons subir ces prochaines semaines en France, en Europe et en Amérique du Nord, la zone va être progressivement reprise par l’armée syrienne et la population va reprendre ensuite une vie à peu prés normale à Damas et dans sa banlieue.

Faut-il souhaiter l’inverse, le maximum de bombardements, le maximum de refugiés, le maximum de morts  afin de gêner, voire d’affaiblir le régime ?

Tout sauf Assad ?  C’est ça ?

C’est en tout cas le point de vue des Etats-Unis.

En effet, pour l’année prochaine, le Ministre de la Défense américain, James Mattis vient de demander trois cent millions de dollars au Sénat (cf. son rapport au Sénat) pour toutes sortes de dépenses militaires destinées à compléter l’équipement des soixante mille hommes de l’ASL, l’Armée Syrienne Libre, qu’ils sont en train de rassembler.

Quel media l’a mentionné, pour s’en réjouir ou le déplorer ?

Ce n’est pourtant pas rien : James Mattis a prévu de leur fournir, entre autres, et uniquement pour 2019, 25000 fusils d’assaut Kalachnikov, 2000 mitrailleuses, 400 lance-roquettes, 95 fusils de précision, 15 millions de cartouches pour les fusils, 5 millions de cartouches pour les mitrailleuses, 7000 obus à éclats, 4000 mines éclairantes et je vous passe les détails. Il aussi prévu de verser en moyenne 300 $ par mois à dix mille de ces hommes, qu’on a du mal à ne pas qualifier de mercenaires.

De quoi permettre aux Etats-Unis, qui ont déployé environ 2000 militaires en Syrie, de s’y maintenir à moindres frais (zéro mort américain) tout en entretenant sans fin la guerre en Syrie.

 

Que tous les Syriens périssent pourvu qu’Assad s’en aille, voilà l’objectif ?

Parfait.

 

NB : la Ghouta veut dire l’oasis en français. No comment.

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