Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

COBALT STRATÉGIQUE II

28 Mars 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

COBALT STRATÉGIQUE II

Bien sûr, les dirigeants de la RD du Congo n’ignorent rien de l'importance stratégique du cobalt.

 

Il y a quelques semaines, le président de la RD Congo, Joseph Kabila, a reçu les sept grands patrons des géants miniers qui extraient le cobalt, avant de promulguer le 9 mars dernier, le nouveau Code minier. Ce dernier multiplie par cinq la taxe sur le cobalt qui passe de 2 % à 10 %. D’autres mesures sont en préparation, comme une taxe sur les superprofits et la fin d’une clause de stabilité des prix pour les contrats de dix ans.

La RDC, véritable scandale géologique avec son cuivre, son cobalt, son coltan (80% des réserves mondiales) et ses diamants, mais aussi deuxième plus grand pays d’Afrique avec 2,3 millions de km2 et 90 millions d’habitants, détient désormais un pouvoir considérable sur un monde de plus en plus friand de ses minerais.

Mais c’est un pouvoir que le pouvoir financier mondial n’a aucune intention de le lui abandonner, terrifié qu’il est par les risques de pénurie, comme celle du tantale issu du coltan qui avait autrefois empêché la fabrication de la PlayStation2 de Sony en quantité suffisante. Quelle catastrophe si les chaines de production automobiles devaient s’arrêter par pénurie de cobalt ! Quel scandale financier s’ils leur fallait abandonner une part significative de la valeur ajoutée provenant de l'extraction du cobalt à la population de la RD du Congo !

Aussi les patrons des grandes sociétés minières se sont-ils déplacés à Kinshasa pour s’assurer que l’extraction et l’exportation du cobalt se feraient à l’avenir sans incidents et en quantité suffisante. Mais pour cela, il faut qu’ils aient à Kinshasa un pouvoir à leur main.

Or, ils pensent que Joseph Kabila n’est plus l’homme de la situation et son quintuplement des taxes sur le cobalt ne les a ni satisfaits, ni rassurés, si bien que ce pourrait bien être le dernier cadeau de Kabila à sa population.

Car, comme par hasard, la pression des ONG aux ordres ne fait que s’accroitre pour dénoncer les conditions de travail dans les mines. Le vertueux fond d'investissement Hermes vient même de suggérer aux industriels d’utiliser la technique de la blockchain (vous voyez jusqu’où se niche la blockchain !) pour suivre le cobalt depuis son extraction jusqu'à son application industrielle, afin de rejeter le cobalt extrait dans des conditions inacceptables pour les opinions publiques occidentales.

Les opinions publiques occidentales! Retenez cela. N’est ce pas un moyen détourné d’accuser Kabila d’impéritie ou de complicité avec ces pratiques ? D’ailleurs, lorsque Joseph Kabila a reçue le 27 octobre 2017 à Kinshasa Nikki Haley, la douce ambassadrice américaine auprès des Nations Unies, cette dernière n'y est pas allée par quatre chemins: elle lui a fait savoir que les Etats-Unis souhaitaient qu’il organise, dans le calme bien sûr, son départ du pouvoir pour la fin de l’année 2018.

C’est ce qu’il semble qu’il fera, en échange de garanties qui sont en cours de négociation avec les puissances occidentales et la Chine, car il faut que la RDC se montre raisonnable en acceptant d’être gérée par les grands pays industriels qui, justement parce qu'ils sont grands, ne plaisantent pas avec leurs intérêts économiques. Sinon...

Ainsi, à cause du cobalt et des autres minerais qu’elle possède, la RD du Congo est devenue progressivement un pays sous tutelle des grandes puissances, occidentales et chinoises, qui vont jusqu’à choisir l’identité de ses futurs dirigeants et leur mode de gouvernance.

Je doute que cela fonctionne harmonieusement.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article