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Le blog d'André Boyer

LES ÉTATS-UNIS, UN PAYS EXCEPTIONNEL

15 Mai 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LES ÉTATS-UNIS, UN PAYS EXCEPTIONNEL

Alors que l’influence des Etats-Unis dans le monde est en perte de vitesse, Mike Pompeo, le futur chef de la diplomatie étasunienne a fait une éclatante démonstration du sentiment d'exceptionnalisme qui règne envers et contre tout à Washington, lors de son audition au Congrès, le 12 avril 2018.

 

Pour ce dernier en effet, les Etats-Unis ont une supériorité morale sur le reste du monde, ce qui est une idée ancienne puisqu’elle remonte à la publication du pamphlet de Thomas Paine, Commun sense, le 10 janvier 1776.

C’est aussi un point de vue qui a toujours été contesté.

À titre d’exemple, dans un article datant de 1951, l’excellent historien Jacques Duroselle, analysant la politique étrangère des Etats-Unis, observait que les scientifiques étasuniens se posaient la question de savoir si la politique étrangère des Etats-Unis devait être inspirée par des considérations idéalistes ou par le sens de l’intérêt national dégagé de toute considération morale.

Il concluait son article* en citant George Frost Kennan, le père du concept du concept de containment pendant la guerre froide, qui écrivait ceci :  « Nous aurons, dit-il, la modestie d’admettre que notre propre intérêt national est tout ce que nous sommes réellement capables de connaître et de comprendre et le courage de reconnaître que si nos objectifs et nos entreprises particuliers ne sont pas abêtis par l’arrogance ou l’hostilité à l’égard d’un autre peuple ou par l’illusion de notre supériorité, alors la poursuite de notre intérêt national nous conduira infailliblement vers la réalisation d’un monde meilleur. »

C’est la même modestie et le même courage qu’il faut souhaiter à Mike Pompeo pour conduire la politique étasunienne, encore que je me place du point de vue des non étasuniens dont je suis et qui représentent 95% de la population mondiale.

De ce dernier point de vue, il semble avéré que les Etats-Unis veulent a minima dominer le monde, voire le façonner à leur avantage. S’il est vraiment nécessaire de démontrer cette évidence, voici quelques « faits » :

  • Avec 622 milliards de dollars de dépenses militaires en 2018, que le Président Trump souhaite accroitre encore de 84 milliards de dollars supplémentaires pour répondre aux menaces d’un monde « dangereux », le budget militaire étasunien représente 40% des dépenses militaires mondiales. En outre, deux cent mille hommes sont installés dans plus de 800 bases réparties sur tous les continents.
  • Au plan juridique, d’une part les Etats-Unis prétendent imposer leurs lois au reste du monde, comme le montre leur volonté d’interdire à tout pays tiers de commercer avec l’Iran, du moment qu’ils ont décidé que pour leur part, ils ne commerceraient pas avec ce pays ; d’autre part ils ont choisi de s’affranchir de nombre de contraintes juridiques internationales comme le montre leur refus de ratifier la Cour Pénale Internationale (CPI), la sortie du Pacte mondial sur l’environnement ou les agressions qu’ils se permettent de mener en dehors des règles de l’ONU, comme celles de l’Irak.
  • Il s’y ajoute, sans entrer dans les détails, les autres actions destinées à contrôler le monde, telles que l’utilisation du dollar à des fins de domination financière ou économique, l’utilisation systématique du soft power ou l’énorme effort de renseignement.  

Inutile donc de s’étendre sur la volonté et les moyens de domination, tant il s’agit d’un fait avéré que chacun peut observer quotidiennement au travers des actualités, de sa vie quotidienne et de l’histoire. C’est ce que l’on appelle en termes diplomatiques l’unilatéralisme étasunien, qui ne date pas de Donald Trump mais qui prend avec lui une forme abrupte.

 

Il s’agit  plutôt ici de s’interroger sur la question de savoir si les Etats-Unis évoquent à raison une supériorité morale sur le reste du monde, en d’autres termes de juger du bien fondé de leur volonté de domination du monde, vu par les non-étasuniens

 

*Duroselle Jean-Baptiste (1952), La politique étrangère des Etats-Unis, Revue française de science politique, 2 année, n°3. pp. 610-617.

 

À SUIVRE

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M
Trump se place-t-il d'un point de vue moral ? J'en doute. La question posée par André est évidemment intéressante mais celle qui nous intéresse tous aujourdh'ui (dont on ne lui demandera pas la réponse) est celle de savoir si l'Europe saura faire barrage aux décisions de Trump qui la concernent directement. Entendu aujourd'hui à la radio un ancien représentant de la France à Bruxelles qui ne laissait guère d'espoir.
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A
Trump ne se place pas du point de vue moral avec son "America First" ce qui fait qu il révèle la véritable politique US, normalement camouflée derrière des impératifs moraux. En cela, il rend grand service à l'humanité. Quant à la question de savoir si les Européens vont résister à Trump (au fond aux États-Unis), elle suppose tout d'abord que s'installe dans l'opinion européenne la conviction que les États-Unis (et non Trump seulement, car sinon c'est une réponse conjoncturelle qui sera produite) constituent une menace pour leur survie, non seulement en tant que puissance, mais culturelle et finalement biologique. <br /> Pour aborder méthodiquement ces questions, je propose d'examiner en quoi la domination assumée des États-Unis sur le monde est un bien ou un mal pour le monde.