LES NOUVEAUX RÉACTEURS PRESSURISÉS À EAU
7 Mai 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE
Si ces réacteurs ont des rendements assez faibles, ils ont néanmoins connu des perfectionnements continus.
Les réacteurs actuellement en exploitation sont dits de deuxième génération, tandis que les réacteurs à eau en cours de commercialisation, dits de troisième génération, sont une version optimisée des filières de réacteurs à eau sur les plans de la sûreté et de l'économie.
Ainsi le réacteur pressurisé européen E.P.R. (European Pressurized Reactor, devenu Evolutionary Power Reactor lorsque Siemens s'est retiré du projet, puis tout simplement "EPR") destiné à renouveler le parc français à partir de 2020, est conçu pour produire un peu plus de 1 600 MWe au lieu de 1 500 MWe pour les réacteurs actuels les plus performants (les réacteurs de Chooz et Civaux), avec 17% de combustible en moins et une durée de vie de 60 ans.
De plus, le risque d'accident grave susceptible d'endommager le cœur est réduit, le confinement est renforcé pour éliminer les conséquences d'accidents hors du site de la centrale et pour améliorer la résistance aux agressions externes, tels qu’un séisme, une chute d'avion ou un attentat. Enfin la radioprotection du site est accrue.
Les premières unités de l'E.P.R. ont cependant connu des difficultés de construction, notamment en raison des risques de rupture dans les situations extrêmes de l’acier qui constitue le circuit primaire, retardant leur mise en service. L'EPR de Flamanville pourrait diverger en 2018 et sa mise en service commercial interviendra ultérieurement, par conséquent avec plus de six ans de retard. Il aura couté 10,5 milliards d’Euros au lieu des 3,6 milliards annoncés à l’origine, mais les constructions suivantes bénéficieront de l’expérience acquise.
De leur côté, les réacteurs à eau bouillante (R.E.B.) sont utilisés dans certaines centrales nucléaires électrogènes américaines, japonaises, allemandes, suédoises, finlandaises, russes, et suisses.
Ils présentent l'avantage d'une pression de l'eau réduite dans le circuit primaire. Par rapport aux réacteurs R.E.P., le flux de chaleur extrait est moins élevé et la puissance spécifique réduite d'un tiers. Le système de production de vapeur est simplifié mais, en revanche, la chimie de l'eau doit minimiser la corrosion pour réduire au minimum l'entraînement de produits radioactifs susceptibles de contaminer la turbine et de gêner son entretien. Leur fonctionnement est suffisamment satisfaisant pour qu’une troisième génération de réacteurs à eau bouillante soit en cours de commercialisation.
Il subsiste enfin en Russie et en Lituanie seize réacteurs à eau bouillante modérés au graphite du type R.B.M.K. dont la conception a été améliorée après l'accident grave survenu en avril 1986 sur un réacteur de cette filière à la centrale de Tchernobyl en Ukraine..
Aujourd’hui le développement des capacités de production de l’énergie nucléaire au niveau mondial n’a jamais été aussi important, puisque 59 réacteurs sont en cours de construction dans 14 pays, 164 réacteurs sont planifiés pour être construits dans le futur et que plus de 350 projets sont actuellement dans les cartons.
Les réserves actuelles doivent permettre de répondre à la demande pendant 25 ans, mais si les prix de l’uranium augmentent, actuellement de l’ordre de 50 à 70$ le kg pour une demande mondiale d’environ 70000 tonnes, de nouvelles réserves seront mises à jour.
En outre, l’ensemble de ces réacteurs est destiné à être remplacé, dans quelques dizaines d’années, par des réacteurs à neutrons rapides (R.N.R), qui n’ont jusqu’ici été construits que sous forme de prototypes refroidis au sodium.