QUÉBEC SE PRÉPARE AU SIÈGE
19 Mai 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
Alors que Montcalm ait été chargé de défendre la Nouvelle-France malgré son défaitisme affiché, la ville de Québec se prépare au siège qui commence le 26 juin 1759 et qui durera tout l’été, jusqu’à la capitulation de la ville le 18 septembre 1759.
La campagne de 1758 a permis aux Anglais de prendre la forteresse de Louisbourg et l’Ile Royale, ce qui leur ouvre l’accès au Saint-Laurent jusqu’à Québec.
En 1759, trois attaques simultanées sont programmées par l’armée britannique commandée par l’ignoble général Jeffery Amherst, l’homme qui donna l’ordre de remettre aux Indiens des couvertures infectées par la variole.
Au centre, il s’agit de s’avancer jusqu'à Montréal via le Lac Champlain, mais l’on a vu que l’opération va échouer (1759, la Nouvelle-France en peau de chagrin). À l’ouest, le brigadier général John Prideaux doit monter une attaque contre le Fort Niagara, attaque qui réussira (Le siège de Fort Niagara et la suite) et à l’est la flotte britannique, commandée par le vice-amiral Charles Saunders doit s’avancer dans le fleuve Saint-Laurent jusqu'à Québec pour y faire débarquer une force terrestre et faire le siège de la ville. James Wolfe, promu au grade de major-général, est chargé de conduire le siége.
On a vu que la trêve imposée par l’hiver a été mise à profit par les défenseurs de la Nouvelle-France pour alerter le gouvernement français de l’extrême péril dans lequel se trouve la colonie d’être submergée par les troupes anglaises. Or, en donnant tous les pouvoirs à Montcalm, le gouvernement reconnaît implicitement que, sauf miracle, la partie est perdue, ce qui le dispense d’envoyer des renforts conséquents.
Du coup, les renforts dépêchés par Versailles restent faibles, 400 soldats, 40 canonniers et ingénieurs et quatre navires de munitions qui parviennent à atteindre Québec, car la British Navy ne parvient toujours pas, au printemps 1759, à assurer le blocus du Saint-Laurent et l'amiral Philip Durell est incapable de faire sortir sa flotte de dix vaisseaux de guerre et de trois transports de troupes du port d’Halifax avant le 5 mai.
Les Français en profitent. Une flotte de seize navires français atteint Québec le 16 mai et d'autres convois arrivent au cours des jours qui suivent, dont un navire de 430 tonneaux, La Chézine, qui transporte Bougainville, de retour de la Cour de France.
Six jours plus tard, Montcalm rallie Québec : ayant appris qu’une expédition anglaise se préparait contre la ville par le Saint-Laurent, il commence à diriger les travaux nécessaires à sa défense.
Il faut se souvenir que Québec, qui domine de son promontoire le fleuve Saint Laurent au lieu où il se resserre, a l’habitude de devoir se défendre : Il a déjà été capturé par les frères Kirke en 1629 et rendu à la France en 1632, attaqué le 16 octobre 1690 par William Phips avec une flotte d’une trentaine de navires et plus de deux mille hommes. C’est à cette occasion que le gouverneur Louis de Buade, comte de Frontenac, répondit au messager de Phips venu le sommer de rendre la ville: «Je nay point de reponse a faire a vostre general que par la bouche de mes canons et a coups de fuzil...». Les troupes de Phips furent repoussées, perdant un millier d’hommes par le combat et la maladie.
Québec constitue en effet la clé de voute de la Nouvelle-France. Sa position géographique permet de contrôler la colonie, avec son promontoire et sa falaise abrupte face au fleuve qui en font une forteresse naturelle. Stratégiquement, l’étroitesse du fleuve devant Québec permet de contrôler la navigation, tandis que la baie de Beauport offre un havre aux navires. De plus, la ville étant située au point de pénétration intérieure le plus avancé sur le Saint-Laurent, les navires qui proviennent d’Europe s’y arrêtent.
Québec compte 8000 habitants, une population importante à l’échelle de l’Amérique du XVIIIe siècle. Les villages, les champs et les pâturages entourent une ville fortifiée, unique en Amérique du Nord, dotée d’une architecture monumentale, de riches maisons mais aussi de rues boueuses et insalubres bordées de bicoques. Son port fait partie d’un réseau d’échanges commerciaux entre la France, les Antilles, l’Acadie et Terre-Neuve, les navires exportant fourrures et bois tandis qu’ils importent des produits européens et antillais. Les habitants des environs viennent s'y procurer des marchandises de France et vendre leurs surplus agricoles et de bois de chauffage aux deux marchés de la ville.
Dès le 24 mai, quelques 300 marins s’affairent donc à creuser des retranchements sur la rive droite de la rivière St-Charles de son embouchure jusqu'à une lieue au nord tandis que le général Wolfe arrive avec deux mille canons destinés à détruire cette belle ville établie depuis un siècle et demi, afin que les Britanniques puissent enfin régner sans partage sur l’Amérique du Nord et à leur suite les Américains sur le monde…
C’est pourquoi la bataille de Québec est un tournant majeur de l’histoire.
À SUIVRE