DÉBARQUEMENTS ANGLAIS AUTOUR DE QUÉBEC
Pendant que les troupes anglo-américaines attaquent et prennent le 26 juillet 1759 Fort Niagara à l’ouest, les forces du Général Wolfe, disponibles depuis la prise de Louisbourg l’été précédent, s’approchent de Québec, le cœur névralgique de la Nouvelle-France, défendue par le lieutenant général français Louis-Joseph de Montcalm qui commande à près de 15 000 hommes.
La flotte du vice-amiral Charles Saunders, partie de Louisbourg le 4 juin, arrive près de Québec le 26 juin 1759. Elle comprend 49 navires de guerre armés de 1 944 canons et ayant à leur bord 13 500 membres d'équipage et elle est accompagnée d’une force de débarquement comprenant 8 500 soldats, dont 7 030 réguliers britanniques et 1 280 réguliers des colonies ainsi que de l’artillerie.
Pendant ce temps,Wolfe monte une autre opération sur la côte nord du Saint-Laurent. Il commence par constater que la côte nord du Saint-Laurent vis-à-vis de Beauport est solidement défendue par l'armée française, qui a érigé des retranchements en hauteur des redoutes et des batteries flottantes. Il lui faut par conséquent concevoir un autre lieu de débarquement, en dehors de l’Ile d’Orléans et de la côte sud du Saint-Laurent.
En attendant de le trouver, il doit faire face le 28 juin, à une attaque de la marine française contre sa flotte ancrée à l'Île d'Orléans avec des brûlots qui, malheureusement ont été allumés trop tôt. L’opération échoue.
La nuit suivante, le 29 juin, des troupes légères de soldats britanniques débarquent dans la paroisse de Beaumont, en face de Québec, suivies par quatre bataillons de la brigade de Monkton, malgré l’intervention de la milice canadienne du capitaine de Léry.
Des batteries britanniques sont installées sur la Pointe-Lèvy, en face de Québec, à une distance inférieure à un mille marin. Le 6 juillet, est installée une première batterie de cinq mortiers de treize pouces et de six canons de trente-deux livres, pour atteindre à la fin août, quatre batteries avec 13 mortiers et 20 canons, qui sont positionnées le long de la falaise.
Dans la nuit du 8 au 9 juillet, les britanniques, aimant bien attaquer de nuit, les troupes de Wolfe débarquent sur la côte nord, à 1,2 km des Chutes Montmorency. L’avantage du site est qu’il se situe à l'est de l'endroit où se termine la ligne de défense de l'armée française. Le débarquement ne rencontre aucune opposition, ce qui permet à l’armée britannique de construire un camp avec une batterie, des radeaux et des batteries flottantes, en vue d'une descente sur la ligne française à l'est de Beauport.
Les batteries commencent à ouvrir le feu le soir du 12 juillet, date à partir de laquelle la ville de Québec sera bombardée pratiquement toutes les nuits pendant deux mois. Les tirs des canons et mortiers britanniques sont dirigés sciemment sur les résidences civiles de la Haute-Ville et non sur les batteries militaires de la Basse-Ville. En douze jours, 15 000 bombes tombent sur Québec. Le couvent des Ursulines, en plein coeur de la Haute-Ville, est endommagé par les tirs dès la première nuit et les soeurs doivent se réfugier à l'Hôpital général à St-Charles, dans le nord-ouest de la ville.
Le général Wolfe explore alors divers plans d'attaque, mais il apprend avec plaisir que dans la nuit du 18 au 19 juillet, la Royal Navy a réussit à faire passer sept bateaux, dont le vaisseau Sutherland et deux frégates, dans l'étroit passage entre Québec et la Pointe-Lévy, ouvrant la possibilité d'un débarquement à l'ouest de la ville. En effet, ni les batteries de la Basse-Ville ni les batteries flottantes ne sont parvenues à empêcher leur traversée.
Le 26 juillet, Wolfe remonte le long de la rivière Montmorency et observe un gué permettant de passer aisément de la rive ouest à la rive est. Mais lorsque les soldats britanniques tentent de traverser la rivière, ils se heurtent aux soldats français retranchés sur l'autre rive qui leur font 45 tués et blessés.
Le 31 juillet, une attaque est programmée sur la ligne de Beauport, à l’est de Québec et en face de la pointe de l’ile d’Orléans. Le navire le Centurion se positionne près des Chutes Montmorency pour attaquer les batteries françaises située à l’est de la ligne de défense de Québec. De son côté, Wolfe monte à bord du Russell, un des deux transporteurs armés destinés à l'attaque contre la redoute française. Il se rend alors compte qu’elle est à portée de tir des retranchements français et qu’elle est donc inutilisable pour les troupes anglaises. Mais, têtu, il décide d’attaquer tout de même, croyant observer « la confusion et le désordre » parmi les troupes françaises qui lui font face.
Vers 11 h, les vaisseaux transporteurs atteignent la côte et font débarquer un petit corps de soldats qui doit attaquer la redoute. Vers 12 h 30, les bateaux qui transportent la principale force de débarquement quittent l'île d'Orléans et vont rejoindre Wolfe. Mais une barrière de rochers les empêche d'approcher de la côte, et, le temps de trouver un autre lieu de débarquement, il est déjà 17 h 30 et le ciel couvert annonce un orage. Treize compagnies de grenadiers et 200 soldats des Royal Americans affrontent la milice canadienne de Montréal qui les repousse.
L’orage qui éclate en fin de journée mouille la poudre des fusils, les rendant inutilisables et le général Wolfe ordonne la retraite après avoir perdu 440 soldats.
Pour leur part, les troupes françaises ont subi encore plus de pertes, du fait du bombardement par la grande batterie du camp de Montmorency, mais l’échec de Wolfe reste néanmoins patent.
À SUIVRE