LES TROUPES DE WOLFE SE METTENT EN PLACE
29 Octobre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
Nous avons quitté les troupes françaises en train de réagir à l’installation en ordre de bataille des troupes de Wolfe, tandis que Montcalm prenait enfin conscience de la situation, à 7 heures du matin ce 13 septembre 1759.
Qu’avaient fait les Anglais depuis leur débarquement et la prise de la position de Vergor au sommet de la falaise ?
Wolfe avait fait débarquer quatre mille quatre cent hommes au total. Dans un premier temps, l’armée de Wolfe formait une ligne plus ou moins continue qui s’allongeait depuis l’Anse-au-Foulon. Une fois le terrain reconnu, Il avait constitué une ligne de bataille principale comprenant deux mille cent soldats. Les deux mille trois cent hommes restants étaient positionnés pour défendre ses flancs sud et nord, en réserve ou pour garder l’Anse-aux-Foulons.
Sur la ligne de bataille se positionnent les 58e, 78e, 47e, 28e régiments et les grenadiers de Louisbourg faisaient directement face à la ligne française sur une longueur de huit à neuf cent mètres. Les unités étaient disposées sur deux rangs, sauf le 78e régiment qui avait pu être disposé sur trois rangs.
L'aile nord et l'aile sud disposaient chacune d’un canon de six livres. Le flanc nord était défendu par le 15e régiment et le bataillon des Royal Americans alors que le flanc sud l'était par le 35e régiment. Le 48e régiment était positionné en réserve, avec des soldats de l'infanterie légère qui protègaient. L’aile droite s'appuyait sur les sommets escarpés qui dominent le Saint Laurent et l’aile gauche était accrochée aux falaises et à un bois au-dessus de la Rivière Saint-Charles.
Alors que les troupes régulières françaises commençaient à s’approcher depuis Beauport et Québec, les troupes canadiennes et les tireurs d’élite indiens attaquèrent le flanc gauche britannique, depuis les arbres et les broussailles. Ils s’y maintinrent tout au long de la bataille et y restèrent même pendant la retraite générale des troupes de Montcalm pour tenir finalement le pont sur la rivière Saint-Charles. Les Canadiens avaient commencé par chasser les Britanniques des habitations, puis repoussés à leur tour, avaient mis le feu à plusieurs maisons pour maintenir les Anglais à distance. La fumée de ces incendies a fini par masquer la partie gauche du front britannique et a peut être trompé Montcalm quant à l’étendue du déploiement des troupes anglaises.
Face à ces quatre mille quatre cent hommes en ordre de bataille, Montcalm disposait dans la forteresse, sur le flanc et à l’arrière de l’ennemi d’une masse de treize mille quatre cent hommes, composée de troupes régulières, de Troupes de la Marine et de Canadiens auxquelles s'ajoutaient deux cent cavaliers, de deux cent artilleurs, cent quarante volontaires acadiens et trois cent Indiens. Il était donc loin d'être en position de faiblesse, même si une partie des ses troupes était trop inexpérimentée pour participer à une bataille rangée.
Montcalm, en découvrant les troupes de Wolfe alignées sur la plaine d’Abraham, constata de visu l’échec complet de ses hypothèses sur l’impossibilité des Anglais à débarquer et celui de sa stratégie du refus du combat frontal. Il était brutalement contraint de livrer bataille et là où il avait exclu de le faire.
Aussitôt, et c’est pourquoi on peut lui imputer un manque de sang-froid, sans consulter son état major et sans attendre les nombreux renforts dont il disposait, comme les troupes de Bougainville qui s’approchent à marche forcée, il décide de livrer bataille sur le champ comme s’il fallait effacer aussitôt cet affront fait à son autorité.
Il se contenta d’expliquer à Montbelliard, un officier artilleur : « Nous sommes contraints à l’action. L’ennemi est en train de se retrancher. Il dispose déjà de deux pièces de canon. Si nous lui laissons le temps de s’installer solidement, nous ne serons jamais capable de l’attaquer avec les troupes dont nous disposons »
À cet instant crucial, Montcalm continuait donc à sous-estimer la qualité de ses propres troupes, ou, ce qui revient au même, à se refuser de les utiliser en fonction de leurs capacités propres…