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Le blog d'André Boyer

MONTCALM LIVRE BATAILLE POUR LA PERDRE

15 Novembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

MONTCALM LIVRE BATAILLE POUR LA PERDRE

Au fur et à mesure que les troupes régulières arrivent, le lieutenant-colonel de Fontbonne les positionne en ligne de bataille face aux Anglais au pied du versant ouest des Buttes-à-Neveu, à environ cinq cents mètres de la ligne britannique, jusqu’à ce que Montcalm le rejoigne pour approuver ses ordres et prendre les commandes.

 

Montcalm envoie Magnan et Montreuil informer Vaudreuil pour accélérer l'arrivée des troupes et il ordonne à Bernetz de lui fournir cinq canons. Convaincu qu'il est impossible que Bougainville ne soit pas au fait de ce qui se passe, il ne prend pas la peine de lui envoyer un messager.

La ligne française qui se déploie face à la ligne britannique, sur le versant ouest des Buttes-à-Neveu, est composée, du nord au sud, des régiments de La Sarre, du Languedoc, de Béarn, de Guyenne et du Royal-Roussillon.

Des détachements des soldats réguliers des troupes de la Marine et de la milice canadienne sont postés aux extrémités nord et sud de la ligne. Sur le flanc nord, l'adjudant-général Jean-Daniel Dumas commande l'unité mixte de neuf cents hommes, composée de troupes de la Marine, de la milice de Québec et des guerriers amérindiens, alors que le capitaine Louis-Frédéric Herbin commande huit cents autres francs-tireurs au sud.

Au total, les troupes françaises qu’alignent Montcalm comprennent, selon les évaluations, entre trois mille et trois mille six cents hommes selon les évaluations, aussi les deux lignes de bataille qui se font face sont-elles comparables, de l’ordre de deux mille hommes.  

Lorsque la pluie cesse vers dix heures, Montcalm prend la décision d'attaquer avec les seules troupes immédiatement disponibles, contre l’avis de Vaudreuil et à l’opposé des conseils de Montreuil et de Montbeillard, ses principaux officiers à ses côtés sur le terrain. En effet, il est le seul à penser que le temps presse pour attaquer avant que les Britanniques aient eu le temps de se retrancher.

Or, dans les murs de Québec, deux mille cent soldats réguliers de la marine, miliciens et matelots s’y trouvent encore pour assurer la défense de la ville. De son côté, Bougainville, à la tête de deux mille cent soldats d'élite, miliciens et cavaliers, a quitté Cap-Rouge vers huit heures et avance à marches forcées vers le champ de bataille, tandis que Vaudreuil a quitté le camp de Beauport à la tête de mille cinq cents hommes de la milice de Montréal et marche aussi vers les plaines d’Abraham. Tous ces hommes n’auront pas le temps de se joindre à la bataille.

Or l’attaque est non seulement précipitée, mais elle est aussi désorganisée. Montcalm place ses meilleures troupes sur trois rangs, les médiocres sur six rangs et les troupes les plus faibles en colonne. Il se positionne à la tête des régiments de Guyenne et du Béarn, monte sur son cheval noir, tire son épée dans un geste martial et ordonne de battre la charge.

Mais, à peine l'armée a-t-elle fait vingt pas en avant que la gauche prend du retard et le centre prend les devants. Les soldats descendent un terrain couvert de longues herbes mouillées, de blé en pied, de ravins, de flaques d'eau et de clôtures à enjamber.

Rapidement, la ligne se défait en trois groupes. Un premier groupe d'environ mille hommes, troupes de la Marine, milice, régiments de La Sarre et de Languedoc, dérive vers la droite, face à l'extrémité nord de la ligne britannique. Au centre, un deuxième groupe avec Montcalm à sa tête, composé de quatre cents soldats des régiments du Béarn et de Guyenne ainsi que de miliciens, marche à peu près dans la même direction. Le troisième groupe au sud dérive sur sa gauche en se dirigeant vers l'extrémité sud de la ligne ennemie, si bien que personne finalement ne fait face au centre de la ligne britannique.

Progressivement, ces groupes de soldats qui avancent à des vitesses différentes voient leurs rangs se désagréger pour prendre la forme de colonnes incapables d'affronter le feu d’une armée rangée en ligne de bataille. Aussi la décision de livrer bataille dans ces conditions constitue l’erreur ultime de Montcalm, une erreur parfaitement prévisible compte tenu de son état d’esprit.

 

Pris de cours, Montcalm imagina d’improviser une bataille à l’européenne alors qu'il ne disposait pas d'une armée adaptée. Pire encore, il ne se donna même pas le temps de rassembler et d'organiser ses troupes. Le malheur fut que son incompétence et son manque de sang-froid conduisirent la Nouvelle-France à sa perte.

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