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Le blog d'André Boyer

LE PREMIER CONCOURS CAMES

26 Janvier 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

LE PREMIER CONCOURS CAMES DANS FRAT-MAT

LE PREMIER CONCOURS CAMES DANS FRAT-MAT

 

À l’automne 1983 se déroula le premier concours CAMES à Abidjan, que je ne voulais pas rater. 

 

Le concours CAMES est un concours d’agrégation organisé tous les deux ans par les dix-neuf pays du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), afin de recruter des professeurs pour les Universités Africaines en Droit, Sciences Économiques et Sciences de Gestion.

J’avais de bonnes raisons de ne pas vouloir le rater. La raison principale provenait du fait que j’avais participé à sa conception, notamment afin qu’il intègre les Sciences de Gestion à côté du Droit et des Sciences Économiques. 

La seconde raison était que j’aimais beaucoup Abidjan et la perspective d’y séjourner le temps du concours, en étant logé dans le meilleur hôtel d’Abidjan, l’hôtel Ivoire, n’était pas pour me déplaire. 

Pour participer à ce concours, j’avais dû prolonger ma mission d’enseignement au Sénégal de trois mois, jusqu’au 30 novembre 1983, mais la naissance prévue de ma fille en février 1984 faisait qu’il ne pouvait être question de « durer » plus longtemps au Sénégal. Ce fut donc une période où l’on ne me vit que passer au Sénégal, les mauvaises langues prétendant que cela avait toujours été le cas. 

Les jurys étaient au nombre de quatre, l’Histoire du Droit, le Droit Public, le Droit Privé auquel s’ajoutaient les Sciences Économiques et de Gestion, vingt professeurs rassemblés auxquels s’ajoutait le secrétariat du Jury. Cela coûtait fort cher, si bien que le Président Houphouët Boigny avait dû financer le CAMES pour permettre l'organisation du concours, ce qui expliquait sans doute sa convocation à Abidjan. 

Je ne me souviens malheureusement plus du nom de mes collègues, mais je sais que nous étions trois professeurs français, un professeur enseignant en France et deux relevant d’Universités Africaines, Lomé (une collègue féminine) et Dakar (moi-même), un professeur belge et un professeur camerounais. Ce dernier fut choisi pour présider le Jury, alors que la situation du Cameroun était paradoxale au sein du Cames puisque le pays se refusait à y envoyer des candidats, par amour-propre.

Le 7 novembre 1983 s’ouvrit donc à Abidjan le tout premier Concours de Droit et de Sciences Èconomiques et de Gestion avec vingt-neuf candidats dont vingt et un Ivoiriens, pour quatre jurys. Depuis, le nombre des candidats a fortement augmenté dans les jurys ultérieurs

Si douze candidats sur vingt-neuf furent déclarés admissibles, le jury du concours éleva finalement sept postulants au rang de Maître de Conférences Agrégé. Il s’agit du Sénégalais Dominique Sarr (Histoire des institutions), de l’Ivoirienne Anne Jacqueline Oble (Droit privé), de l’Ivoirien René Degni-Ségui et du Sénégalais Moustapha Sourang (Droit public et Sciences politiques), des Ivoiriens Achi Atsain et Ahmed Hobkhoo ainsi que du Sénégalais Moustapha Kassé (Sciences économiques et de gestion).

L’audition des candidats suivi des questions et des délibérations ne furent pas toujours faciles. Certains candidats nous paraissaient dangereux pour les économies de leurs pays lorsqu’ils prônaient, par exemple, la généralisation de l’industrie industrialisante, chère à mon collègue Destanne de Bernis. En retour, nous ne manquâmes pas de nous faire accuser de partialité teintée de colonialisme. 

Inversement, lorsque je revins à Dakar, je me retrouvais en butte aux critiques de certains de mes collègues qui n’étaient pas satisfaits de nos choix, trop favorables selon eux à certains candidats, dont l’un, une fois reçu, devint plus tard, en partie grâce à son succès au concours, le conseiller économique du Président Abdoulaye Wade. 

Reste à ajouter à mes commentaires académiques quelques mots de l’ambiance à Abidjan. L’insécurité restait modérée ce qui nous permettait de faire le soir des incursions à Treichville, la partie la plus animée d’Abidjan. Je me souviens de ma confusion lors d'un retour fort tardif d’une soirée en croisant des collègues d’un jury d'Histoire du Droit, impeccablements sanglés dans leurs costumes foncés et quitant, leur jury achevé l'hôtel pour l'aeroport, alors que ma propre tenue était nettement plus décontractée que la leur. 

Je me souviens d’une autre soirée chez des amis (n’allez tout de même pas croire que toute les soirées à Abidjan étaient aussi animées) au cours de laquelle je rencontrais un coopérant qui se trouvait en total accord avec moi, aussi farfelues mes opinions étaient-elles. J’en étais naturellement ravi, tout en étant fort surpris d’une aussi grande convergence de vue. La soirée achevée, il me proposa de me raccompagner à l’hôtel avec sa voiture et c’est en arrivant à l’Ivoire que la nature réelle de ses intentions se révélèrent vraiment, à nouveau à mon grand étonnement.

 

Enfin il fallut revenir à Dakar à la fin novembre 2013, pour se préparer aussitôt à mettre fin à ma période de coopération et rejoindre la France. 

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