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Le blog d'André Boyer

UN COMMERCE EXTÉRIEUR EN BERNE

20 Février 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

L'ÉQUILIBRE DU COMMERCE EXTÉRIEUR FRANÇAIS DE 1960 à 2011

L'ÉQUILIBRE DU COMMERCE EXTÉRIEUR FRANÇAIS DE 1960 à 2011

 

Bien qu'un peu meilleures qu'en 2011, les statistiques du commerce extérieur de la France ont été franchement mauvaises en 2018, avec 59,9 milliards d’Euros de déficit. 

 

Ce mauvais chiffre n’est pas accidentel, il succède à plusieurs années de déficit du même ordre, depuis qu’il est devenu négatif en 2004. En même temps, la France a vu sa part de marché dans les échanges mondiaux passer de 5% à 3% et l’industrie française littéralement s’effondrer, passant de 25% du PIB en 1975 à 10% en 2018, tandis que les effectifs du personnel employé dans ce secteur dépérissaient, diminuant de 6,2 millions à 2,7 millions de personnes. 
Nous en sommes rendus au point où la France n’est plus que le troisième partenaire de l’Allemagne avec 103,2 milliards d’euros d’importations et seulement 63 milliards d’exportations, générant un énorme déficit de 40,2 milliards d’Euros.
il n’y a donc aucun doute quant à l’affaissement de l’industrie française et quant aux conséquences catastrophiques qu’elle a entrainé : 
  • La désindustrialisation a fait baisser notre revenu par habitant, provoquant un niveau élevé de notre taux de chômage qui s’est traduit par un faible pourcentage de population active dans la population totale (44% contre 52% pour l’Allemagne). 
  • Elle est aussi à l’origine du  montant élevé de notre déficit commercial et de l’accroissement des dépenses publiques (de 34.6% du PIB en 1980 à 56.4% du PIB en 2018), en raison de la nécessité politique de soutenir les populations et les territoires touchés par la désindustrialisation.
Cet accroissement des dépenses publiques a engendré une augmentation des prélèvements obligatoires, impôts et charges. Mais comme les impôts ne sont jamais parvenus à suivre l’accroissement des dépenses publiques, dans la mesure où il est plus facile de voter une dépense nouvelle qu’un impôt nouveau, il en résulte un déficit permanent du budget de l’État depuis 44 ans, avec comme résultat une dette qui atteint aujourd’hui quasiment le montant annuel du PIB en 2018, avec des prélèvements obligatoires qui atteignent 47,6% contre 56.4% du PIB pour les dépenses obligatoires.

Ainsi, la France se trouve installée dans un cercle vicieux, où des prélèvements fiscaux et sociaux plus élevés qu’ailleurs provoquent une réduction de la valeur ajoutée des entreprises françaises et donc de leur compétitivité par rapport à leur concurrents. À son tour l’affaiblissement de la compétitivité entraine celui des entreprises françaises, d’où l’amenuisement du secteur industriel, d’où la diminution du nombre des emplois industriels et des emplois induits, ce qui nécessite, au plan politique, un accroissement des dépenses sociales qui provoquent une augmentation des impôts et de la dette : la boucle est  bouclée.   

 

Mais si l’on est aisément d’accord sur les effets de la désindustrialisation, on peut en revanche tout aussi facilement gloser sur les causes de cette dégradation. 

 

On peut invoquer des impôts trop élevés sur les entreprises industrielles qui affaiblissent leur compétitivité (selon la doxa libérale), la réduction du temps de travail à 35 heures (selon la doxa conservatrice), le niveau trop élevé de l’euro (selon la doxa nationaliste), mais aucun des « remèdes » envisagés n’est facilement applicable du point de vue politique. On peut même penser que c’est une fatalité liée à la mondialisation et au rattrapage des pays autrefois sous industrialisés, et dans ce cas, c’est encore plus simple, il n’y a qu’à regarder passer les trains. 

Cependant, s’il s’agit d’une fatalité, comment expliquer qu’elle touche spécifiquement la France tandis que d’autres pays européens industrialisés, comme l’Allemagne ou l’Italie, sans même mentionner la Suisse ou la Suède, n’ont pas subi la même désindustrialisation ? 

Dans ce billet et les suivants sur ce sujet, je vous dispenserai des jérémiades sur la mentalité française qui constituent une sorte de Ligne Maginot argumentaire : les Français n’aiment pas les riches, ils veulent trop d’égalité, ils veulent trop d’État, bref ils sont inadaptés au monde tel qu’il avance. 

Il faut choisir, nous explique t-on doctement, entre un monde libéral et un monde dirigiste et comme le premier domine le monde, la réponse est toute trouvée : que la France rentre dans le rang, avec plus d’inégalités, moins de protection sociale, moins de dépenses de santé et avec des salaires plus bas : le modèle espagnol au mieux, le modèle grec au pire. 

Mais ces « modèles » n’en sont pas et toutes ces solutions ne sont que verbiages inutiles, tant elles ne s’appuient que sur de fausses évidences, qui révèlent autant les a priori idéologiques de leurs auteurs que la faiblesse de leurs analyses. 

 

Car il faut commencer par regarder de face et de près ce que signifie  précisément la « désindustrialisation de la France ». De quelles entreprises s’agit-il ? Comment s’est passée la disparition de telle ou telle entreprise industrielle française ? Quels étaient les acteurs et quels étaient les enjeux ? Nous allons alors découvrir un monde effrayant ou se joue notre destinée collective, avant de suggérer des « solutions »…

 

À suivre

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M
Article très utile. Et la suite encore plus, je suis sûr.
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A
Je l'espère<br /> Amitiés, <br /> André
J
Discussion passionnante ! Pour ne parler que du domaine que je connais : radiologue depuis plus de 40 ans , je n’ai jamais pu travailler sur du matériel français car il n’existe pas . Les spécialistes en physique et programmes( Ultra sons RX, TDM IRM etc ) formés en France travaillent pour des sociétés étrangères. Mais les appareils sont achetés et financés ici grâce à des actes médicaux remboursés par l’argent public . Cherchons l’erreur.
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A
Oui, passionnante et révélatrice, car la manière dont notre industrie a disparue a de quoi surprendre. Et en effet, on n'a jamais fait l'effort de développer une production industrielle dans un domain eoù on avait à la fois les ingenieurs et les clients<br /> Amitiés, <br /> André