LES CHANTIERS DE L'ATLANTIQUE SAUVÉS?
3 Avril 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ
Je poursuis, à un rythme de publication plus espacé, l’examen des aventures qu'a subi l'industrie française depuis l'an 2000.
En 2008, les Chantiers de l’Atlantique, situés à Saint-Nazaire, fleurons du patrimoine maritime français, sont vendus au Coréen STX Offshore & Shipbuilders, après avoir brièvement appartenu au groupe norvégien Aker Yards, à la suite de leur cession par Alstom.
Les Chantiers de l’Atlantique ont notamment construit les célèbres paquebots Normandie, France, Queen Mary 2, Harmony of the Seas, sans mentionner des navires de guerre comme le porte-avions Foch.
STX Offshore & Shipbuilders qui achète les chantiers de l’Atlantique au travers de STX Europe qu’elle détient à 66%, est issu d’une fonderie de construction navale créée à Busan, en Corée, en janvier 1962.
Or, cinq ans plus tard, en 2013, la société se trouve fortement endettée en raison de la chute des commandes de nouveaux navires, provenant elle-même de la crise financière de 2008. En mai 2016, STX Offshore & Shipbuildersse trouve même menacée d’une procédure de liquidation judiciaire. C’est ce qui conduit l’entreprise coréenne à mettre en vente STX France, en d’autres termes les Chantiers de l’Atlantique le 19 octobre 2016, sous la forme d’un appel d'offres international.
Le ministère de l'industrie français essaie alors de constituer un tour de table français pour racheter la société STX France, mais en vain. Il se tourne alors vers l'italien Fincantieri, un des leaders mondiaux de la construction navale civile et militaire et un accord est conclu en 2016 pour la reprise des 66 % du capital de STX France, détenus par STX Offshore & Shipbuilders. Il faut noter que Fincantieri est d’une part détenu par l’État italien et qu’il possède déjà, au travers de STX Europe racheté en 2013, dix chantiers, en Norvège, en Roumanie, au Brésil et au Vietnam. De plus, Fincantieri a créé une filiale en Chine en commun avec China State Shipbuilding..
Cette liaison chinoise pousse Emmanuel Macron à remettre en cause l’accord signé avec Fincantieri et à nationaliser en juillet 2017 STX France pour « défendre les intérêts stratégiques de la France ». Enfin !
Cette nationalisation aboutit à un nouvel accord, le 27 septembre 2017, entre la France et l'Italie. Fincantieri devient propriétaire de 50 % des parts détenus par STX Europe dans STX France (Les Chantiers de l’Atlantique), tandis que l’Ètat français « prête » 1% des actions à Fincantieri pour 12 ans. En outre l’héritier des Arsenaux Français, Naval Group, un groupe industriel français spécialisé dans l’industrie navale de défense détenu à 62,49 % par l’État français et à 35 % par Thales, entre au capital de STX France avec l'objectif d'entamer les négociations pour une alliance avec Fincantieri.
Mais l’accord n’a pas encore été avalisé par la Commission Européenne, qui s’est saisi de l’accord au nom du risque qu’il ferait à la concurrence, mais il est curieux que ce soit la France et l’Allemagne qui aient été à l’origine de la saisine de la Commission, à la grande fureur de l’Italie.
Pour le moment, STX France a été nationalisé et est redevenu les Chantiers de l’Atlantique. Il est détenu à 84,3% par l’État Français et à 11,7% par Naval Group. Son carnet de commandes est rempli pour plusieurs années.
À ce jour, les Chantiers de l’Atlantique ont été sauvés. Il reste le plus grand chantier naval d’Europe et emploie 2600 personnes. Mais il n’a été sauvé que par les difficultés financières provisoires des coréens STX Offshore & Shipbuilders et grâce aux négociations entre l’État français et l’État italien.
Un modèle pour les autres groupes industriels stratégiques menacés ?
À SUIVRE