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Le blog d'André Boyer

LA BATAILLE NAVALE DE LAGOS

20 Juillet 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LA BATAILLE NAVALE DE LAGOS

Nous sommes au printemps 1760. Dans la neige et la boue, Levis assiège Murray, retranché dans Québec. Il n’a pas les moyens de prendre Québec de vive force, mais il rêve d’un retour en force de la Marine Royale.

 

Isolé au sein de l’hiver canadien, qui fige les êtres et les messages, il ne sait pas que la Marine Royale a subi une double défaite, à Lagos et aux Cardinaux, qui l’a gravement affaiblie. 

La bataille navale de Lagos (Portugal) s’est déroulée les 18 et 19 août 1759, tandis que la perspective de la perte de Québec était peu probable. Cette bataille a opposé une flotte anglaise commandée par l'amiral Edward Boscawen à une partie de la flotte française venue de Toulon, commandée par le chef d'escadre La Clue-Sabran. 

Alors que la France combat à la fois contre la Prusse et la Grande-Bretagne, elle cherche à protéger ses colonies en portant la guerre sur le sol britannique. Il faut pour cela que la flotte de Brest escorte deux flottes de navires de transport vers la Grande-Bretagne. Pour soulager la flotte de Brest face à la redoutable Royal Navy, l’escadre de Toulon est appelée en renfort.

Le 5 août 1759, profitant de ce que l'escadre britannique qui bloque Toulon, a dûregagner Gibraltar pour se ravitailler et effectuer des travaux nécessaires à la remise en état des navires, le chef d'escadre La Clue appareille de Toulon avec 12 vaisseaux et 3 frégates. Le 17 août, il passe en fin de journée le détroit de Gibraltar mais son escadre est repérée par la frégate HMS Gibraltar postéeau sud du détroit et cette dernière rallie Gibraltar pour alerter l'amiral Boscawen et ses officiers qui sont à̀ terre, invités à un dîner.

Les marins anglais réagissent très rapidement. Il ne faut que deux heures aux premiers vaisseaux anglais pour récupéreŕ officiers, marins et appareiller. Les navires qui avaient démonté́s leur voilure, voire une partie de leur mature, ne mettront qu'une heure de plus pour se mettre en route. Lancés à la poursuite de l'escadre française, ils forment deux groupes. En avant, Boscawen et huit vaisseaux, puis, à une heure derrière, Broderick et 5 vaisseaux.

L’escadre française est divisée en deux colonnes. À deux heures du matin, La Clue décide de ne pas rallier Cadix pour ne pas s’y faire bloquer, et de continuer vers le nord. Le signal qu’il envoie pour faire connaitre son changement de cap n’est pas vu, ou pas compris, par les navires de la colonne de droite qui continueront vers Cadix. 

Au matin du 19 août, La Clue n'a plus que sept vaisseaux avec lui. Il voit huit voiles à l'horizon derrière lui, et croyant que ce sont les huit vaisseaux français manquants, fait ralentir les siens, mais l'absence de réponse aux signaux de reconnaissance lui apprend qu'il s'agit des Anglais. L'escadre française force de voiles mais, pour rester unie, doit régler sa marche sur le navire le plus lent, Le Souverain 

La flotte anglaise se rapproche. L'amiral anglais envoie le pavillon blanc à croix rouge signifiant « chasse générale», et la flotte française se voit contrainte d’accepter le combat à un contre deux. Vers treize heures, les adversaires sont à portée de combat. Ils envoient leurs couleurs. Les Français se disposent en une ligne de bataille arrondie. En tête Le Téméraire, suivi, dans l'ordre, par Le ModesteLe RedoutableLe SouverainL'OcéanLe Guerrier et Le Centaure. Vingt minutes plus tard, Boscawen envoie le signal d'engager le combat.

Le dernier navire de la file française est Le Centaure, commandé par Sabrant-Gramont. Il va combattre les navires anglais qui le remontent sur les deux bords. Boscawen, de son côté, voudrait que ses navires ne s'attardent pas à détruire l'arrière-garde mais remontent la ligne française pour empêcher l'avant-garde de s'échapper, mais certains capitaines ne comprennent pas ses ordres, se retrouvent sous le vent des Français et ne peuvent donc pas se joindre au combat.

Vers seize heures, Boscawen réussi à se porter au niveau du navire amiral français qui lui abat en une demi-heure le mât d'artimon et les autres mâts de hune. Boscawen doit transférer son pavillon sur l’HMS Newark, un autre trois ponts de 90 canons, et abandonner l’HMS Namur, presque immobile.

Vers 19 h 30, Le Centaure, entouré de quatre vaisseaux anglais, n’a plus de mats et doit baisser pavillon. Les autres navires  français font route au nord-est, vers la côte. Parmi eux, deux navires, Le Guerrier et Le Souverain, parviennent à s’échapper pour rallier, l’un Rochefort, l’autre les Canaries. 

Le 20 août au matin, l'amiral français n'a plus que quatre vaisseaux avec lui. Il tente de se réfugier dans la baie d'Almadora, près de Lagos au Portugal, comptant bénéficier de la neutralité du pays pour réparer. Vers neuf heures du matin, L'Océan et Le Redoutable s’échouent près de deux batteries portugaises. Le Modeste et Le Téméraire jettent l'ancre près du rivage.

Boscawen n'hésite pas à violer la souveraineté portugaise pour attaquer les quatre navires français. Sur les deux batteries côtières portugaises, l'une reste silencieuse, l'autre tire quelques coups de semonce puis se tait. Les deux navires à l'ancre ont été évacués par leurs équipages. Le Modeste est incendié, Le Téméraire capturé. Les deux navires échoués sont incendiés à leur tour. Sur L'Océan, tout le monde n'a pas eu le temps de fuir et une centaine de marins sont faits prisonniers. L'amiral La Clue, blessé aux jambes dès le début du combat, a pu gagner le rivage.

Le Centaure et Le Téméraire sont ramenés à Gibraltar.

Le reste de la flotte de Toulon, huit navires, reste bloqué à Cadix. Le résultat est que l'escadre de Toulon n'a pas pu rallier la flotte de Conflans, qui, le 20 novembre 1759, perd la bataille des Cardinaux (voir mon billet du 18 avril 2019) au large de la Bretagne. 

Cette dernière défaite met la Marine royale dans l’incapacité de disputer la maîtrise des mers à la Royal Navy. Il en résulte, mais Lévis et Murray ne le savent pas encore, qu’il n’y a aucune chance de voir apparaître un navire de guerre français dans le Saint-Laurent en ce mois de mai 1760. 

 

Ce n’est pas que la France eut abandonné la Nouvelle-France pour la livrer aux Anglais, mais c’est qu’elle n’avait plus les moyens maritimes de la défendre, ce qui signifiait qu’elle n’en avait plus les moyens du tout. 

 

À SUIVRE    

 

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