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Le blog d'André Boyer

LE PROFESSEUR KRISTIAN PALDA

13 Août 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #CULTURE

LE PROFESSEUR KRISTIAN PALDA (1928-2019)

LE PROFESSEUR KRISTIAN PALDA (1928-2019)

J’ai eu beaucoup de mal à écrire sur Kristian Palda, dont je me sens tout simplement orphelin.

 

Vous trouverez facilement une biographie de Kristian Palda, mais, tout de même, il me faut commencer par sa carrière, avant de présenter l’ami et l’homme profond qu’il était. 

Étudiant à Prague en 1949, Kristian est issu d’une famille d’industriels en cristallerie. Lorsqu’il est prévenu par ses camarades de son arrestation imminente en raison de sa filiation capitaliste par le régime communiste, il s’enfuit de la Tchécoslovaquie communiste et rejoint l’Italie où se trouve une partie de sa famille. Puis il se réfugie aux États-Unis et au Canada où il rencontre sa femme Isabelle, poursuit ses études tout en faisant de petits boulots. 

En 1956, c’est un étudiant brillant qui obtient un Bachelor en Commerce à Queen’s (Kingston, Ontario), puisqu’il peut poursuivre son cursus à l’Université de Chicago jusqu’à un MBA deux ans plus tard et un PhD. en 1963. 

Ce n’est pas n’importe quelle thèse qu’il soutient, Il a obtenu d’être encadré par George Stigler, futur Prix Nobel d’économie et la thèse qu’il soutient alors fait faire un bond remarquable à la recherche, en appliquant les outils de l’économétrie au marketing et à la publicité. 

Kristian Palda a été le premier chercheur à mesurer les effets de la publicité sur le chiffre d’affaires d’un produit, en l’occurrence pharmaceutique, fabriqué par l'entreprise Lydia Pinkham.

Le travail de Kristian Palda est devenu un classique, l’un des plus cités en marketing et le nombre des chercheurs qui ont utilisé les données qu’il a fournies est tel qu’il a donné lieu à un champ de recherche spécifique, les Lydiametrics. 

À la suite de ce succès remarquable, Kristian Palda a continué ses recherches sur la théorie de la hiérarchie des effets de la publicité. Il a alors enseigné à HEC Montréal et à SUNYB (Buffalo), est devenu full professor à Claremont Graduate University (Californie) jusqu’à ce qu’il retourne à Queen’s en 1970. 

Kristian était un économiste, le marketing ne l’intéressait que comme champ d’application. Fondamentalement, il était très méfiant vis-à-vis des interventions de l’État dans le domaine économique. Il faut dire que l’expérience tchécoslovaque et l’École des économistes de Chicago le poussaient dans cette attitude et le conduisaient à s’interroger sur la rationalité des choix publics. Dès 1975, il a étudié les effets de la publicité électorale sur les résultats électoraux, et avec sa capacité d’analyse, il a publié dans les meilleures revues pour devenir rapidement l’un des auteurs de référence sur le sujet.  

Puis il s’est lancé dans l’étude des relations entre la R&D et la performance économique d’un pays. En écrivant pour le Fraser Institute, il en a fait un sujet de réflexion pour l’ensemble du Canada, apparaissant pour la première fois dans les débats publics au sein des médias.

C’est alors qu’il obtenait le Queen’s Prize for Excellence in Research en 1987. C’était la période où il fut le plus actif au plan scientifique, alternant son travail au Canada, aux États-Unis, en France et en Belgique.

Après vingt-quatre années d’activité, il prit sa retraite en 1995 tout en continuant ses activités scientifiques. C’est ainsi qu’il présida l’European Public Choice Society, dont il organisa la conférence annuelle à Prague en 1997, en présence du Président du gouvernement tchèque, Vaclav Klaus. 

En 1998, il publia dans la revue Public Choice un article magnifique, souvent cité, co-écrit avec son fils Filip, également docteur de l’Université de Chicago, intitulé The impact of campaign expenditures on political competition in the French legislative elections of 1993.

Ensuite Kristian laissa son fils Filip (1962-2017), auquel j’ai consacré un billet (http://andreboyer.over-blog.com/2017/09/filip-palda-mon-ami-envole.html), continuer, étendre et faire connaitre la démarche qu’il avait initiée dans le domaine du Public Choice, si bien que l’on peut les associer tous les deux dans leur apport scientifique remarquable qui a permis d’éclairer des choix publics souvent nébuleux.  

 

Je ne m’avance pas beaucoup en prédisant une longue postérité à leurs travaux, mais je n’irai pas plus loin dans ce bref rappel de l’activité scientifique de Kristian Palda, pour consacrer un prochain billet à l’homme que j’ai connu. 

 

À SUIVRE

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