DÉCOUVERTES À PÉKIN
16 Novembre 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE
J’ai beaucoup à raconter sur mon séjour en Chine, car j’ai copieusement appris pendant ces deux mois et les leçons que j’en ai tiré sont toujours présentes à mon esprit.
Ce n’était pas la première fois que le NMTC (National Management Training Center), un organisme fondé par la Chine pour moderniser le management de ses entreprises publiques, recevait des professeurs étrangers. Il avait passé un contrat pour un programme de formation de cadres avec l’Union Européenne, qui l’avait sous-traité à l’EFMD et c’est ce dernier qui m’avait recruté avec deux collègues, un français, Philippe Dumas et un professeur italien dont j’ai malheureusement oublié le nom.
La session d’enseignement était dédiée aux techniques quantitatives, l’informatique (Philippe Dumas), les mathématiques financières (le professeur italien) et les statistiques pour la gestion (moi-même). Rude session pour les étudiants chinois !
Nous étions logé dans un gigantesque établissement hotelier situé à quelques kilomètres des locaux du NMTC, le Friendship Hotel, dont la haute enceinte renfermait de nombreux bâtiments, hôtels, restaurants et établissements de service. On y trouvait évidemment des restaurants chinois, médiocres, mais aussi, oh curiosité et délice, un restaurant…bolivien ! On y trouvait même des tennis sommairement aménagés. L’ensemble avait été construit dans les années cinquante pour les besoins de la coopération soviétique de l’époque, d’où son nom, à la consonance militante. La chambre qui m’avait été attribuée, on peut même dire le petit appartement, était correcte, avec des meubles un peu rustiques, manifestement fabriqués localement dans un style communiste que je retrouverais plus tard à Prague.
Je me suis rapidement adapté à ce cadre nouveau, un peu étrange mais fonctionnel. J’ai découvert tout de suite que l’on trouvait sans difficultés à Pékin tous les produits de première nécessité, y compris des piles ou du thé (sic) et nettement moins cher qu’en France.
Je me suis rendu dés le lendemain de mon arrivée au NMTC, un bâtiment de dimension modeste, équipé à l’ancienne, comme dans le Friendship Hotel, de bureaux rustiques et de salles de classe fleurant bon les années cinquante, avec leur tableau noir et leurs pupitres alignés. Tout a radicalement changé depuis et les salles de cours chinoises n’ont désormais rien à envier aux nôtres, au contraire !
J’ai rapidement résolu la question du déplacement par l’entremise de Geneviève Barré, en achetant, pour une centaine d’euros, un vélo d’occasion qui avait appartenu à un professeur précédent. Ce vélo était de la marque Flying Pigeon, marque célèbre à l’époque en Chine. Avec ce vélo, je pouvais parcourir en une heure les 21 kilomètres qui séparaient le Friendship Hotel de la Place Tian an Men, autour de laquelle on pouvait trouver quelques lambeaux de vie européenne, comme cet hôtel restaurant suisse où l’on pouvait trouver les uniques pizzas de Pékin.
Faire du vélo à Pékin à l’époque (aujourd’hui c’est proprement impossible en raison des gigantesques embouteillages qui encombrent la ville) consistait à se glisser dans un flot, plus précisément dans le courant d’un fleuve de cyclistes. Le matin, quand j’allais au NMTC, je voyais souvent les mêmes, qui voyageaient de concert, qui se parlaient, qui se disputaient, certains dotés d’un porte-bagage fort chargé de légumes, de cages pleines de poules, de caisses, voire de réfrigérateurs.
Tout un monde circulait au sein de ce fleuve cycliste, forcément à la même vitesse. On pouvait s’y fondre et passer la journée à pédaler et à observer du haut de son vélo le quotidien chinois.
Lorsque, forcément, l’on s’arrêtait et posait son vélo le long d’un hutong*, surgissait aussitôt une sorte de dame patronnesse armée d’un petit ticket jaune qu’elle remettait à l’heureux possesseur du vélo contre quelques centimes de Renminbi**, lui permettant de laisser son véhicule en stationnement, je n’ai jamais su pour combien de temps.
Mais bien sûr, je ne faisais pas que du vélo, je donnais aussi des cours, qui se passaient dans des conditions fort différentes de l’IUT et l’IAE…
* Un hutong (en chinois 胡同) est un ensemble constitué de passages étroits et de ruelles, principalement à Pékin.
** Le renminbi (RMB) est le nom officiel de la monnaie chinoise qui signifie « la monnaie du peuple ». Le yuan est le nom désignant la monnaie chinoise en tant qu’unité de compte.
À SUIVRE