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Le blog d'André Boyer

L'APOCALYPSE MONGOLE SUR L'IRAN

15 Décembre 2019 , Rédigé par André Boyer

L'APOCALYPSE MONGOLE SUR L'IRAN

L'invasion mongole de l'Empire khorezmien est une catastrophe pour l’Iran tant les massacres et les destructions perpétrés par la Horde sont profonds, presque inimaginables en trois ans de campagne militaire, entre 1219 à 1221. 

  

Alors qu’il était au sommet de sa puissance, l’empire khorezmien est détruit en moins de trois années. Le Shah, Ala ad-Din Muhammad, était occupé à régler un différend avec Al-Nasir, le calife de Bagdad, lorsque les Mongols apparurent sur sa frontière nord-est. 

Le Shah connaissait leur sauvagerie par les rapports de son ambassadeur à Pékin. C’est pourquoi il avait accepté avec réticence le traité de paix proposé par Genghis Khan, mais il se sentait fort, par le nombre d’habitants et par la puissance de son armée, qui était environ trois fois plus nombreuse que l’armée mongole.

Mais Gengis Khan détenait la supériorité des nomades sur les sédentaires, puisqu’il pouvait concentrer ses forces, créer la surprise, générer la peur du fait de sa propre férocité et de celle de ses troupes. 

Après de fortes escarmouches, la principale armée mongole dirigée par Genghis Khan, atteignit la ville d’Otrar à l’automne 1219, où avait eu lieu l’arrestation des envoyés mongols. 

Après un siège de cinq mois, ces forces réussirent à prendre d'assaut la ville, sauf la citadelle qui résista encore pendant un mois. Inalchuq, le gouverneur de la ville, se battit jusqu’au bout, finissant par grimper au sommet de la citadelle pour jeter des tuiles sur les Mongols qui le cernaient. Genghis Khan fit tuer de nombreux habitants, réduisit les survivants en esclavage et  fit exécuter Inalchuq.  

Il envoya ensuite Jebe, l’un de ses meilleurs généraux vers le Sud, avec  une petite armée destinée à empêcher toute retraite au Shah. Puis Genghis Khan et son fils Tolui, à la tête d’une armée d’environ 50 000 hommes, évitant Samarcande où se trouvait le Shah à la tête d’une forte troupe, allèrent assiéger Boukhara. Pour ce faire, ils traversèrent le désert du Kyzylkoum jugé infranchissable, en progressant d'une oasis à l'autre, grâce à des nomades capturés qui leur servaient de guides et arrivèrent pratiquement inaperçus aux portes de Boukhara. 

La ville de Boukhara n’était pas lourdement fortifiée. Après une tentative de sortie catastrophique, le gouverneur décida d’ouvrir les portes de la cité aux Mongols, tandis que la garnison turque résistait encore dans la citadelle pendant douze jours. Une fois la ville totalement entre ses mains, Genghis Khan fit exécuter les survivants de la citadelle, envoyer les artisans en Mongolie, enrôler dans l'armée les hommes qui n’avaient pas combattu et réduisit en esclavage le reste de la population. 

Après la chute de Boukhara, Genghis Khan se retourna vers Samarcande où il arriva en mars 1220. La ville possédait d’importantes fortifications et était défendue par 100 000 hommes. Genghis Khan rassembla ses troupes avec celles en provenance d’Otrar commandées par deux de ses fils, Djaghataï et Ögödei, puis ils attaquèrent en utilisant les prisonniers civils comme boucliers humains. Comme à Boukhara, la garnison de Samarcande lança des  contre-attaques qui échouèrent à trois reprises. La garnison finit par se rendre, sauf 2 000 soldats qui s'enfermèrent dans la citadelle et le Shah qui parvint à s’enfuir avec quelques fidèles. Genghis Khan revint alors sur ses engagements relatifs à la capitulation et fit exécuter tous les soldats. Puis il fit évacuer les habitants de Samarcande pour les rassembler dans une plaine où il les fit tous décapiter. Il acheva son œuvre (sic) en faisant également tuer tous les animaux.

Genghis Khan chargea alors Subutai et Jebe de traquer le Shah, qui parvint à leur échapper, entouré de son fils, Jalal al-Din, et de ses plus fidèles soldats en se réfugiant sur une petite ile située dans la mer Caspienne, non loin d'Abaskun où il mourut en décembre 1220, victime d’une pneumonie. 

Il restait la riche ville commerciale d'Ourguentch qui était encore entre les mains des forces iraniennes. Si la mère du Shah, qui commandait la ville, fut capturée, l’un des généraux du Shah reprit le flambeau en se proclamant Sultan d’Ourguentch. La ville fut alors attaquée à la fois depuis le nord par Djötchi et le sud par Genghis Khan, Djaghataï et Ögödei.  Cet assaut fut le plus difficile que livrèrent les Mongols, les Iraniens résistant maison par maison et occasionnant de lourdes pertes chez les assaillants. 

Le siège d’Ourguentch provoqua aussi une fracture profonde entre le fils ainé de Gengis Khan, Djötchi, d’une part, son père* et ses autres frères d’autre part. Djötchi était destiné à recevoir la ville comme récompense de sa bravoure et il voulait négocier avec les défenseurs  afin de la récupérer plus ou moins intacte. Ses frères s’opposèrent à la négociation et son père trancha en faveur de ses autres enfants, dont Ogodeï, à qui il confia le commandement. La ville que Djötchi voulait préserver fut réduite en cendres, les artisans envoyés en Mongolie, les enfants et les jeunes femmes donnés aux soldats mongols comme esclaves et le reste de la population massacré. Djuwani, un témoin de l’époque, affirme que 50 000 soldats mongols avaient reçu mission d’exécuter chacun vingt-quatre citoyens d'Ourguentch, mais les soldats ne purent sans doute pas remplir leurs quotas, faute d’habitants en nombre suffisant.  

Après Ourguentch, Genghis Khan donna le commandement d'une armée à Tolui, son plus jeune fils légitime, pour attaquer la province du Khorassan, dans la partie ouest de l'Empire khorezmien.

Les villes de Termez et Balkh tombèrent, mais la grande ville de Merv résista, quoique submergée par les réfugiés venus de l’Est. Au bout de huit jours, le gouverneur de la ville se rendit, sur la promesse de Tolui que la vie des citoyens serait épargnée, mais dès qu'il fut le maitre de la ville, Tolui organisa encore un massacre qui rivalisa avec celui d'Ourgentch. 

Après la prise de Merv, Tolui se dirigea vers l’Ouest pour attaquer les villes de Nishapur et Herat. La première tomba après trois jours, mais Tokuchar, le gendre de Genghis Khan, fut tué durant la bataille, prétexte que Tolui utilisa pour massacrer tous les habitants de la ville. Du coup Herat se rendit sans combattre, contrairement à la ville de Bamian qui  ne se rendit qu'après une résistance farouche, entrainant la mort du petit-fils de Genghis Khan. On imagine quel fut le sort de ses habitants. Enfin, les villes de Toos et Mashad furent prises, ce qui assura aux Mongols le contrôle complet de la province de Khorassan durant le printemps 1221.

 

En ce printemps 1221 en effet, toute résistance organisée avait cessé, ou presque. L’Iran était à terre, ses villes détruites, ses habitants massacrés. Une profonde terreur régnait chez les survivants. 

Allait venir le temps de la résistance. 

 

* Les Mongols savent que la paternité de Djötchi est douteuse, car sa mère, Börte, l’amour de Genghis Khan, a été violée et a donné naissance à Djötchi neuf mois plus tard.  Genghis Khan l’a néanmoins reconnu au même titre que les autres fils qu’il a eus avec Börte, alors qu’il n’a reconnu aucun des enfants qu'il a eus avec les cinq cent femmes qu’on lui attribue. 

 

À SUIVRE

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