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Le blog d'André Boyer

APRÉS LA CAPITULATION DE MONTRÉAL, LA BATAILLE DE SIGNAL HILL

17 Janvier 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

SIGNAL HILL ET SAINT JOHN AUJOURD'HUI

SIGNAL HILL ET SAINT JOHN AUJOURD'HUI

Je vous ai infligé le texte intégral de l’acte de capitulation de Montréal, car il m’a semblé utile de le connaitre, avant de le commenter ci-dessous. 

 

On constate, par exemple, que de nombreux articles précisent les conditions dans lesquelles les responsables de l’administration française renteront en France, car il s’agit d’une question diplomatique majeure à l’époque. Un article prévoit aussi ce qui se passera si, lorsque la paix sera signée entre la France et la Grande-Bretagne, la Nouvelle-France en tout ou partie retournerait sous la souveraineté française. C’était déjà arrivé, pour Québec longtemps auparavant et pour Louisbourg en 1748. A l’issue du conflit, il fut envisagé en effet de rendre à la France sa souveraineté sur la Nouvelle-France. Je reviendrais sur cette question ultérieurement. 

On a beaucoup glosé sur le refus d’Amherst, le général en chef anglais, de rendre les honneurs aux troupes françaises, provoquant le geste de mauvaise humeur de Levis, brûlant les drapeaux des régiments. Mais d’une part, la garnison française ne s’est pas battue et d’autre part il s’agissait d’une question d’honneur qui avait des effets sur la carrière future des militaires français. Un problème corporatiste, en somme. 

Par contre, on a peu insisté sur le refus anglais de reconnaitre le moindre droit aux Acadiens, comme s’ils étaient considérés par les Anglais comme des traitres à leur patrie, territoire britannique depuis 1713. On trouvera d’autres articles révélateurs dans cet acte de capitulation, comme le libre exercice de la religion catholique (Article 27), le maintien de la coutume de Paris comme principe de droit (Article 42) ou le maintien des Amérindiens alliés aux Français sur les terres qu'ils habitent (Article 40).

Quoiqu’il en soit, Montréal et avec cette ville, la Nouvelle France toute entière, passent sous la souveraineté anglaise. Le 9 septembre 1760, le général en chef Jeffrey Amherst en tire les conséquences, au travers des ordres qu’il adresse à ses troupes : les Canadiens sont devenus, par le fait de leur soumission, des sujets britanniques et ont par conséquent droit à la protection du souverain anglais. 

Le général Amherst imposa ensuite la loi martiale aux habitants du pays entre 1759 à 1763, le temps que la guerre se termine en Europe. Cependant, dans la région des Grands Lacs, Pontiac, le chef des Outaouais, comptait encore sur l'aide du roi de France et poursuivait le combat. Il obtint plusieurs victoires spectaculaires, subit l’horrible traitrise des couvertures contaminées par la variole offertes en guise de « gage de bonne volonté » par les Anglais et finira par signer le Traité de Paris.  Cette révolte amérindienne assez dangereuse incita le roi Georges III à signer une proclamation royale en 1763, qui donnait le droit aux Amérindiens de continuer à occuper leurs terres et qui est largement à l’origine de la révolte des treize colonies contre la souveraineté anglaise. 

Pendant que les Indiens de Pontiac bataillaient à l’ouest, la guerre se poursuivait à Terre-Neuve, jusqu’à la bataille de Signal Hill, le 15 septembre 1762, qui se révèlera être le dernier affrontement entre les troupes régulières françaises et anglaises sur le théâtre nord américain pendant la guerre de Sept Ans. 

Sur l’île de Terre-Neuve, les Français conduits par le colonel comte Joseph-Louis-Bernard d'Haussonville, se sont emparés de Saint-Jean le 27 juin 1762. Cette prise succède à une opération secrète organisée par le duc de Choiseul qui a chargé le Chevalier Charles-Henri-Louis d’Arsac de Ternay (dit le chevalier de Ternay) de « ravager » les côtes de Terre-Neuve, de prendre Saint-Jean et d’affaiblir la flotte britannique stationnant dans la région, afin de réaffirmer la présence française en Amérique du Nord et à terme d'attaquer le Canada.

Le Chevalier de Ternay commande à une flotte de cinq navires, avec à bord 750 militaires dont 161 Irlandais recrutés à Terre-Neuve. Il part de Brest le 8 mai 1762 avec deux vaisseaux de ligne, une frégate et deux flûtes. Il rejoint la ville de Saint-Jean en juin, qui est capturée par les troupes d'infanterie du colonel d'Haussonville. Il en fait sa base arrière, à partir de laquelle il mène à bien sa mission, détruisant systématiquement tous les établissements de pêche ennemis et capturant ou coulant 460 bateaux de toutes tailles.

Tandis que le colonel d’Haussonville consolide sa position à Terre-Neuve, en installant quelques postes avancés munis d'artillerie sur le pourtour de la colline du Signal (Signal Hill aujourd'hui), James Murray, toujours gouverneur de Québec, est averti de la prise de Terre-Neuve et décide d’envoyer une flotte et des troupes pour la reprendre. 

Le 13 septembre 1762, Ternay et Haussonville ne peuvent s'opposer au débarquement ennemi, à Torbay, quelques kilomètres au nord de Saint-Jean. Ils envoient alors un détachement garder le sommet dénudé de Signal Hill qui contrôle les environs, afin de gêner l'avance des Britanniques. Mais le 15 septembre 1762, au lever du jour, les Britanniques gravissent par surprise la colline tenue par les Français : les Anglais sont aujourd’hui encore les spécialistes de l’attaque surprise (la campagne des Malouines en 1982) et de la guerre psychologique (les Casques Blancs en Syrie, 2018-2019). Ayant avancé dans une zone non visible des Français, la surprise est totale sur la colline, l'engagement bref et meurtrier. Le commandant du détachement français, Guillaume Léonard de Bellecombe, est grièvement blessé et du côté́ britannique, le commandant MacDonell a sa jambe fracassée par une balle. 

Les Français se replient sur le fort de Saint-Jean que les Anglais dominent désormais depuis Signal Hill d’où ils commencent à bombarder Saint-Jean, ce qui force sa garnison à capituler trois jours plus tard, d’autant plus que Ternay, qui se retrouve face à̀ une flotte britannique supérieure en nombre, décide de quitter Terre-Neuve pour rallier l'Europe avec ses vaisseaux.

 

Poursuivi dans l'Atlantique par deux navires britanniques, il ne rejoint Brest que le 28 janvier 1763, après s'être refugié́ dans le port de La Corogne en Espagne. Il ne sera pas sanctionné, ayant sauvé sa flotte. 

 

À SUIVRE

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M
Un très bon article, bonne continuité :)<br /> https://www.medespoir.ch
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A
Merci