Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

CARLOS GHOSN, LE SAUVEUR

1 Février 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

CARLOS GHOSN, LE SAUVEUR

Depuis son embauche chez Michelin en 1978, Carlos Ghosn a été successivement le sauveur d’immenses entreprises en difficulté, le gêneur dont il conviendrait de se débarrasser, l'empereur que personne n'ose critiquer et le paria qui refuse de disparaître. 

 

« Ghosn » en arabe signifie branche, une branche maronite qui est partie du Mont Liban dans les années 1900 pour s’établir au Brésil, avec le grand-père de Carlos, Bichara Ghosn, qui parviendra à s’enrichir dans le commerce du caoutchouc. La génération suivante a une destinée plus sombre. Le père de Carlos, agent de change, soupçonné de trafic de diamant, condamné à mort en 1962 au Liban pour assassinat, est, semble t-il, libéré dans des circonstances floues au cours des années 1970. 

Auparavant, Carlos est né à Porto Velho le 9 mars 1954, mais il tombe malade à 2 ans, contraignant sa mère à déménager avec lui à Rio de Janeiro, puis à Beyrouth. Au Liban, il est scolarisé jusqu’au Baccalauréat au collège jésuite de Notre-Dame de Jamhour. Puis il rejoint Paris autour de ses 18 ans, s’inscrit au collège Stanislas où il prépare le concours de l’École Polytechnique qu’il intègre brillamment en 1974 avant de rejoindre l’École des Mines de Paris en 1977. 

Carlos Ghosn est donc clairement le produit de la formation de l’élite technique, industrielle et managériale française. Par la suite, il ne travaillera que dans deux des plus grandes entreprises françaises et refusera les postes qu’on lui propose à l’étranger. Il est donc beaucoup plus français que libanais ou à fortiori que brésilien. 

En 1978, il est donc embauché par Michelin où il restera durant dix-huit ans, gravissant les échelons de directeur d’usine, de directeur de recherche et de responsable des opérations Michelin en Amérique du Sud. De retour au Brésil, il réduit les effectifs des usines Michelin du pays, mais il met surtout en place des équipes transversales pluriculturelles, préfigurant ainsi les bases de son style de gestion multiculturel, l'ensemble  de ses recettes permettant à Michelin de retrouver rapidement une organisation rentable.

En 1989,  Ghosn est nommé président et responsable des opérations de Michelin en Amérique du Nord où il organise l'absorption d'Uniroyal Goodrich par Michelin et le retour à la compétitivité du groupe français, très endetté par cette opération de fusion. Ghosn procéde à une réduction sévère des effectifs, mais grâce cette restructuration, il contribue à faire de Michelin le plus grand manufacturier de pneus du monde. 

En 1996, Ghosn intègre Renault en tant que directeur général adjoint. Il joue alors un rôle clé dans le redressement économique du groupe, qui perdait des parts de marché et accusait un déficit  de 6 milliards de francs en 1993. Pour cela, il met en place un programme draconien de réduction des coûts, une augmentation de la gamme des véhicules offerts et prend des mesures d’adaptation des effectifs qui permettent à Renault d'annoncer, début 1998, deux ans après l’arrivée de Ghosn, un bénéfice de 5,7 milliards de francs. 

Puis, à partir de mars 1999, Carlos Ghosn se consacre à la prise de participation de Renault dans Nissan (36,8 %) qui donne naissance à l'Alliance Renault Nissan. Tout en gardant son poste au sein de Renault, il rejoint Nissan en tant que chef des opérations en juin 1999, avant d’être nommé au poste de président (2000) puis de PDG (2001).

Nissan Motors est alors littéralement au bord de la faillite avec une dette de plus de vingt milliards de dollars et d’importantes pertes de parts de marché ; aussi, les investisseurs sont-ils fort sceptiques quant aux possibilités de son redressement, d’autant plus que les tentatives de rapprochement de Nissan avec Ford et Daimler Chrysler ont échoué. 

Ghosn annonce son plan de redressement de Nissan en octobre 1999. Il vise un retour à la rentabilité dès l'année fiscale 2000, ainsi qu'une marge opérationnelle de plus de 4,5 % du chiffre d'affaires et la réduction de la dette courante de 50 % dès la fin de l'année fiscale 2002. Il s'engage même à démissionner si ces objectifs ne sont pas atteints.

Pour réaliser ce plan, Ghosn prend des mesures révolutionnaires dans le monde de l'entreprise japonaise: il exige l'implication des employés à tous les niveaux, en les plaçant dans des groupes de travail chargés de trouver des solutions en interne en un temps record, trois mois. En outre, le plan met fin aux postes à vie et met en place une politique de la performance. 

Le plan de Ghosn prévoit aussi une réduction des effectifs de 21000 postes de travail, la plupart situés au Japon, la fermeture de cinq usines japonaises et la cession d’actifs importants, tels que la division aérospatiale de Nissan. 

Enfin, pour réduire les coûts, il rationalise les réseaux des équipementiers en mettant fin au système traditionnel de partenariats croisés entre constructeur et équipementiers, le keiretsu

Le plan de redressement imposé par Ghosn réussit malgré une conjoncture internationale défavorable. Il sera même suivi d’un deuxième plan triennal qui réussira au-delà des prévisions, faisant de Nissan un des groupes automobile les plus rentables du monde.

 

Du fait de ces résultats remarquables, voire extraordinaires, Carlos Ghosn a été nommé PDG de Nissan en 2001, puis de Renault en 2005, après le départ de Louis Schweitzer.  

 

À SUIVRE

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
Bravo André pour cette belle analyse bien étayée, comme d'habitude !
Répondre
A
Merci Christine