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Le blog d'André Boyer

LE CENTENAIRE DE LA GRIPPE ESPAGNOLE

2 Mars 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE CENTENAIRE DE LA GRIPPE ESPAGNOLE

En 1918-1919, la grippe dite « grippe espagnole », due à une souche de grippe (H1N1) virulente et contagieuse vient de Chine, avant de muter aux Etats-Unis. Elle a pris le nom de « grippe espagnole » parce que l’Espagne, non impliquée dans la guerre de 1914-1918, fut le seul pays à publier librement les informations relatives à l’épidémie.

Le virus de la première grippe, qui n'était pas encore appelée  "grippe espagnole" n'était pas mortel dans ses débuts. Il provenait sans doute de la région de Canton en Chine, pays où sévit une forte interaction entre les populations humaines, aviaires et porcines. 

Le virus aurait ensuite atteint les États-Unis par le biais d'un bataillon américain revenant de cette région chinoise vers une base de Boston, où il fit ses premiers morts recensés. Cette épidémie se répandit rapidement en Europe, par le biais des mouvements de troupes alliées. Si elle touche un grand nombre d’individus, elle est peu mortelle et quasiment éteinte en juillet 1918.   

Mais à partir de la mi-septembre 1918, les premiers cas mortels de ce qui va devenir « la grippe espagnole » sont signalés autour de Boston. Cette vague virale se caractérise par une mortalité 30 fois plus élevée que les épidémies grippales habituelles, soit un taux de mortalité moyen de 3 % des grippés. Du fait de sa grande contagiosité, elle se répand en quinze jours sur l’ensemble du territoire américain et atteint l’Europe par le biais des renforts américains venus aider les armées alliées. 

Une fois disséminée, le nombre de contaminés explosa, puisque 30 à 40% de la population étasunienne fut atteint, avec un taux de mortalité proche de 5%. Une infirmière sur quatre mourut. Bon nombre de villes américaines furent paralysées par le grand nombre de malades et le refus d’aller travailler.  

Suivant la même évolution qu'aux États-Unis, la maladie part du Nord-Est de la France vers le 15 octobre, conquiert rapidement le territoire français, atteint la Grande-Bretagne par les mouvements de troupes britanniques, puis, avec une à deux semaines de décalage, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne et l'ensemble des pays limitrophes. D’Europe, des bateaux, avec à leur bord des marins grippés, partent vers l'Afrique, l'Amérique du Sud, les Indes, la Chine et l'Océanie. 

L’épidémie devint alors pandémie. Les populations européennes, affaiblies par quatre ans de guerre et de pénuries, subirent des pertes plus grandes encore que celles des États-Unis. Les villes furent paralysées, autant par la maladie que par sa crainte. Mais aux États-Unis, après deux mois d’activité, l'épidémie perdit de sa force. Il en fut de même en Europe qui supporta un mois de propagation suivi d’un mois de morts, perdant de sa force en  décembre 1918. 

La censure de guerre limita l'information sur la pandémie, les journaux se contentant d'annoncer qu'une nouvelle épidémie touchait surtout l'Espagne, le seul pays neutre qui publiait librement les informations relatives à cette épidémie, alors que celle-ci faisait déjà des ravages en France.

À partir de début novembre 1918, le virus se répandit dans toute l'Afrique, l'Amérique Latine, les Indes, la Chine ainsi qu’en Océanie, le pourcentage de grippés oscillant entre 30 et 80 % de contaminés, parmi lesquels il y eut de 1 à 20 % de cas mortels, jusqu’à ce que les épidémies perdent de leurs forces en janvier 2019. L'Inde, à elle seule, aurait eu 6 millions de morts et la Chine autant. Puis,  durant l’année 1919, arriva une nouvelle vague de grippe espagnole dont les effets furent limités parce que l'ensemble des individus déjà atteints lors de la seconde vague de grippe étaient immunisés et ne pouvaient plus colporter le virus. 

À la fin, on estime qu'un tiers des 1,83 milliards d’êtres humains de l’époque, avaient été contaminés par la grippe espagnole et qu’elle avait provoqué 20,5 millions à 21,5 millions de morts qui s’ajoutaient aux 30 millions de victimes emportées par la guerre de 1914-1918. Régionalement, on compta  549 000 morts aux Etats-Unis, 408 000 en France et 220 000 au Royaume-Uni. Pour l’ensemble de l’Europe, il y eut 2 à 3 millions de morts,  6 millions de morts en Inde et autant en Chine. 

Ce virus de la grippe espagnole était de type H1N1. On a pu  en retrouver les caractéristiques génétiques, qui semblent être d’origine aviaire, grâce à la conservation de cadavres de malades inuits et norvégiens conservés dans le pergélisol. C'est en mutant aux États-Unis que sa virulence fut multipliée par trente. 

Les malades propageaient le virus durant les deux premiers jours de leur infection sans présenter de symptômes, qui se manifestaient ensuite pendant 3 à 5 jours par de la fièvre et l’affaiblissement des défenses immunitaires ; enfin apparaissaient des complications mortelles dans 3 % des cas, dues à une surinfection bronchique bactérienne contre laquelle on ne disposait pas d’antibiotiques, mais aussi à une pneumonie provoquée par le virus. 

 

Toutes les grippes actuelles proviennent du virus de 1918 à partir de combinaisons, mutations ou réassortiments, mais le COVID-19 fait partie d'une autre famille de virus souvent inoffensifs, comme l’était la grippe espagnole par rapport à la grippe ordinaire…

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P
L histoire est un éternel recommencement.
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A
En tout cas, ça y ressemble. On peut en tirer deux leçons, une bonne et une mauvaise. La bonne, c'est que notre épidémie, comme toutes les autres sera finie en deux mois tout compris. La mauvaise, c'est que, pressé par l'économie et l'impatience de tous, on va réouvrir vite et provoquer une seconde vague. <br /> Amitiés, <br /> André
M
Et donc, si les amerloques, encore une fois, ne s'étaient occupés que de leur pays au lieu de s'ingérer dans celui des Chinois, il n'y aurait pas 20 millions de morts à minima...
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A
Exactement, mais ils trouvent tout à fait acceptable de tuer les gens par ce qu'ils appellent "des dommages collatéraux! <br /> Amicalement<br /> AB
M
Tout cela n est pas tres rejouissant et laisse presager des jours bien difficiles. A bientôt
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A
La situation n’est pas comparable du point de vue sanitaire <br /> À bientôt
M
L'actualité est pour le moins troublante. La France est touchée mais jusqu'où se développera l'épidémie dans notre pays ?<br /> Quant aux conséquences sur l'économie mondiale et la nôtre en particulier, c'est également trop tôt pour le dire.
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A
On peut, avec optimisme, avancer que la crise ne durera pas plus de deux mois, sous sa forme aigue. La France ne sera pas touchée profondément, grâce à son système de soin universel. Au plan économique, les secteurs du tourisme, partout dans le monde, et des transports est fortement mais provisoirement impacté. Le ralentissement économique sera sensible mais provisoire. À long terme, sont soulevées les questions de la dépendance à la production chinoise en particulier. Un freinage durable peut affecter les voyages touristiques et professionnels.